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    "Le ministre Jacquinot déclarait à la tribune des Nations Unies que l'indépendance, c'est l'indépendance.
    Nous nous apercevons aujourd'hui que ce n'est pas vrai.
    C'est un piège à cons qu'il nous a tendu."

    Daniel Kemajou - 29 octobre 1959. (1)

     

    Le "niveau de vie" de ce pays devrait être supérieur à celui de la Norvège, avec ses 5,5 millions d'habitants...

     

    Producteur de pétrole comme le scandinave, le Gabon atteint, à peine, les 2 millions d'habitants pour une superficie représentant la moitié de celle de la France. (2) De plus, gratifié de fantastiques ressources naturelles que la Norvège, pour rester dans la comparaison, ne détient pas.

    Gabon : Jusqu’à Quand le Pillage ?...

    "Main Invisible" du Marché ou de la Prédation ?...

     

    Richesses dont on a du mal à cerner les contours de leurs colossales amplitudes. Statistiques "incontestables", aux chiffres vérifiés et validés sur fondement de plusieurs sources elles-mêmes "fiables", étant impossibles à obtenir pour ce qui est du commerce extérieur des pays africains dès qu'ils sont vendeurs d'hydrocarbures et de productions minières. Pratique similaire, ne l'oublions pas, dans d'autres pays d'Amérique latine ou d'Asie (Birmanie-Myanmar, Philippines ou Thaïlande, par exemple).

     

    Comme pour les statistiques "officielles" du chômage, ou de l'inflation, sous nos latitudes tempérées ; systématiquement "bidonnées", minorées, dans tous les cas "taillées sur mesure" à la demande des gouvernements.

     

    C'est ainsi qu'on arrive, sans rire, à affirmer que l'inflation est "voisine de zéro". La chorale de nos "experts en économie" l'affirmant à longueur d'année, la main sur le cœur. En contradiction flagrante avec les constatations, et expérimentations, quotidiennes du porte-monnaie de n'importe quel consommateur, même le plus analphabète en économie... Jusqu'à la baguette de pain, ou le pot de yaourt, dont on diminue le poids pour ne pas augmenter le prix unitaire !...

     

    Le Gabon, n'échappe donc pas au "régime statistique" des autres pays africains : une grande partie des produits de son sous-sol  étant "cédée" hors comptabilisations douanières, et autres organismes censés en contrôler les "flux" ; dans le bourdonnement continu, mais discret, des domiciliations bancaires des paradis fiscaux...

     

    Tout comme la majeure partie du continent africain, le Gabon est immensément riche de ses ressources naturelles. En tête de liste : les hydrocarbures. Depuis des décennies, le Gabon est considéré comme un des principaux producteurs de pétrole du continent. Mais, les Gabonais, pas plus que les autres non "initiés" aux modes de pompage et circuits spoliateurs, ne connaîtront jamais la somme, ou le détail, de l'exploitation des richesses pétrolières de leur nation...

     

    Pas davantage pour ce qui est des autres productions de son sous-sol, minières plus particulièrement. (3) Citons le manganèse dont il est le troisième exportateur mondial après l'Australie et l'Afrique du sud, d'après les "statistiques officielles" !... (4)

     

    Ajoutons dans le panier : l'uranium, dont on nous dit que l'exploitation est arrêtée depuis le début des années 2000. La première tonne d'uranium a été extraite en 1961. La COMUF, filiale d'AREVA, exploitant la mine ne faisait bénéficer ses salariés "d’aucune des mesures de protections reconnues nécessaires par la filière nucléaire"... (5) Des centaines meurent, actuellement, de maladies du travail dans l'indifférence... L'exploitation devrait reprendre, sur d'autres sites, d'après les rumeurs...

     

    Sans oublier l'or de Bakoumba. Ou encore, le fer des mines de Bélinga dont les réserves sont évaluées à un milliard de tonnes... Et tous ces minerais rares, d'autant plus recherchés par les nouvelles technologies industrielles : le niobium de Lambaréné, le molybdène de Mouila, aux réserves estimées à 100 millions de tonnes. Richesses à ne plus savoir qu'en faire !...

     

    Et, il n'y a pas que le sous-sol...

     

    Le premier employeur du Gabon est la filière d'exploitation du bois. La forêt recouvre 85% de la superficie du pays, avec des essences de bois précieux très demandées telles que l'okoumé. Le Gabon est un des premiers exploitants forestiers et exportateurs de bois dans le monde. Additionnons à la liste : caoutchouc, café, cacao... Pays aux multiples fleuves, rivières et cours d'eau ; gigantesque château d'eau douce, au potentiel agricole faramineux...

     

    Mentionnons une richesse sous-exploitée, car pillée dans le silence complice de ses gouvernants. Cas de beaucoup de pays africains dotés d'une zone côtière : la ressource halieutique.

     

    Leurs eaux territoriales sont riches, très riches, en poissons, du fait des courants marins longeant leurs côtes ; qu'ils sont pour le moment incapables de faire respecter par les flottes de pêche européennes et asiatiques (Japon et Corée, surtout), ne serait-ce qu'en exigeant droits de pêche et respect de quotas (imposant le "repos biologique" pour assurer le renouvellement de la ressource). Ou, d'investir dans une flotte de pêche avec la valorisation industrielle et commerciale du produit : conserveries, unités de congélation, etc. Le Gabon, gros consommateur de poissons, n'assure qu'un tiers de sa consommation...

     

    "Pauvre Norvège", se dit-on, en comparaison de cet amas de ressources naturelles.

     

    Le rapprochement s'effondre brutalement, toutefois, dès que l'on compare les niveaux de vie des deux pays.

     

    Même pas 2 millions d'habitants... Et, la majorité de la population du Gabon vit dans la pauvreté... Des études "indépendantes" font état de 83 %...

     

    Dans un pays aux insfrastructures et services quasi illusoires, hors exploitation des ressources destinées à l'exportation : routes et voies de communication délabrées ou inexistantes, accès à l'eau potable limité à une partie de la population, services de santé et d'éducation déficients, services sociaux défaillants pour des catégories sociales précarisées (personnes âgées, handicapées, notamment), chômage exponentiel sans protection sociale (1/3 de la population), diplômés sans emploi ni perspective d'avenir (la majorité des postes d'encadrement étant squattée par des "expatriés" européens aux salaires et avantages exorbitants), etc.

     

    Pourtant nous sommes au royaume du "Libéralisme Economique Absolu", tant célébré et invoqué par nos "charlots-économistes" qui ne cessent d'en prêcher les mérites : "pas de dépenses publiques", pas d'impôts sur les fortunes et hauts revenus, pas d'impôts sur les grandes entreprises exportatrices, pas de droits de douane, privatisation de tous les services publics (entièrement aux mains de groupes privés français) !...  Le rêve pour ces adorateurs de La Main Invisible du Marché dont ils souhaitent l'instauration en France, sous l'appellation de "réformes structurelles". (6)

     

    Q'importe désastres et ravages, économiques et sociaux, qu'on peut recenser partout, en appliquant les mesures préconisées par les dévots du "Libéralisme Débridé" ; le Gabon, par sa catastrophique situation sociale, constituant un aveuglant exemple !...

     

    Attention ! Il est, de plus en plus, interdit d'en faire le constat, de le mentionner, de vouloir en discuter, pire : de prétendre le remettre en cause, sous peine de délit de "blasphème" !...  Les économistes de nos nomenklaturas viennent récemment d'en énoncer le principe canonique, de droit divin, dans un livre : "Le négationnisme économique, et comment s'en débarrasser".  (7)

     

    Nous voilà sommés par l'Inquisition, contrôlant la circulation des idées et des opinions, de nous taire pour ne pas être déclarés : "hérétiques" !... (8)

     

    En fait, le Gabon est la parfaite incarnation de ce que nos oligarchies rêvent d'imposer sur la planète : "tout pour le 1%" ! L'immense richesse nationale du pays spoliée par une infime poignée de clans familiaux de l'ancienne puissance coloniale, adossés aux politiciens maffieux, en cheville avec leurs richissimes "fondés de pouvoir" locaux dissimulés dans les mascarades électorales, n'est que la concrétisation d'un modèle économique ardemment souhaité.

    Gabon : Jusqu’à Quand le Pillage ?...

    Elections nationales familiales…

     

    En ce début du mois de septembre, excédés par cette situation sociale d'une violence extrême par son injustice, les Gabonais viennent de se révolter à l'occasion des résultats des élections présidentielles du samedi 27 août 2016.

     

    Toutes les villes du pays ont été touchées par cette flambée de rage ; vite contenue et réprimée par des forces de police, soigneusement entraînées et généreusement équipées par la caste au pouvoir (9). La réélection d'Ali Bongo, fils du précédent président Omar Bongo, la famille Bongo "régnant" sans discontinuer depuis 1967 (un demi siècle...), étant contestée par son "adversaire".

     

    Les élections auraient été grossièrement "truquées", au préjudice de son opposant nous enfument nos médias. Mais, s'arrêter à ce niveau d'analyse serait accréditer une possibilité, ou un contexte, d'alternance politique, tout à fait illusoire. Le dit "opposant" d'Ali Bongo, Jean Pïng, n'est autre que son beau-frère ; marié à une des filles d'Omar Bongo, dont il a eu deux filles, et dont il fut un des ministres pendant 18 ans. Ce ne sont pas des élections "nationales", mais bien des élections "familiales".

     

    Les Gabonais en ont ras-le-bol de cette farce. Pas de libertés publiques  - d'expression, d'opinion, de réunion, etc. -  à la limite ; ils s'accomoderaient de la dictature de ce "régime familial". Car, ils se fichent de cette mascarade démocratique, souhaitant avant tout, non pas des isoloirs avec des bulletins de vote "bidons", mais des emplois, des services publics, des écoles, des dispensaires et centres de soins, des routes, des logements, de l'eau potable dans les habitations, par une équitable redistribution de la richesse nationale.

     

    "Changement de régime" ?... Ils n'y croient pas : les gouvernements de la France ou des pays européens tiennent dans la plus haute considération des "régimes moyenâgeux", et sanguinaires, tels que ceux de l'Arabie Saoudite ou des pays du Golfe. Alors, la famille Bongo et sa sympathique corruption ... (10)

     

    "Néocolonialisme" ?... Tout a été dit sur ce fléau qui accable l'Afrique, tout particulièrement. Les anciennes puissances coloniales continuent de gérer les pays dont elles pillent les ressources, via des "marionnettes élues"... Les gouvernements britanniques - j'ai eu l'occasion d'évoquer le cas tragique du Kenya - avec autant de férocité que les gouvernements français. Au Gabon, comme ailleurs. (11)

     

    En France, nombreux sont ceux qui se sont élevés contre ces systèmes de corruption et de gabegie institutionnalisés. Sources d'enrichissements personnels scandaleux. Via les caisses de nos partis politiques ; ou directement, dans les poches de nos "capitaines d'industrie" et nos responsables politiques, sous les paradis fiscaux. Et, même militaires : nos forces armées se comportant en milices au service d'intérêts, groupes privés en symbiose avec des dictatures, qui ne sont pas ceux de notre pays.

     

    Car, la France aurait tout intérêt, au lieu de piller l'Afrique, à voir se développer dans un partenariat solidaire un espace de prospérité. Aux deux avantages essentiels :

    - créer des emplois en fixant les "populations actives" dans ces pays, "l'émigration" n'étant plus la seule opportunité d'avenir ou d'espoir ;

    - accroître, par le pouvoir d'achat ainsi généré, de fructueux échanges avec nos entreprises industrielles, commerciales ou de services, non liées aux circuits maffieux de la corruption tels que : ventes d'armes, privatisations/spoliations, monopoles de la distribution (supermarchés) et des concessions (automobiles), gestion des services publics (réseaux d'électricité, d'eau et d'assainissement, de transport maritime et aérien, etc.).

     

    Rappelons le travail de René Dumont, dont le célèbre ouvrage "L'Afrique Noire est mal partie", publié en 1962, prévenait déjà des dangers du développement des grandes cultures intensives à l'exportation (café, cacao, coton, thé, etc.), sur les terres accaparées dans la violence et la corruption par les grands groupes internationaux ou les grandes fortunes locales ; au détriment des cultures vivrières, donc du "marché domestique", et des paysans plongés dans les ravages du déracinement et de l'exode rural. (12)

     

    Surtout l'oeuvre exceptionnelle de François-Xavier Verschave qui a dénoncé avec tant de force, de talent, et d'abnégation, tous les excès du néocolonialisme en forgeant le fameux concept de "Françafrique". Il est l'auteur, entre autres publications, de deux ouvrages incontournables pour comprendre les rouages de la prédation en Afrique : "La Françafrique - Le plus long scandale de la République" (13) et "Noir Silence" (14). Son action se poursuit grâce à l'association Survie, dont il fut un des membres fondateurs.

     

    Jusqu'à quand le pillage ?... Le Gabon, pourra-t-il se défaire de l'emprise de l'oligarchie de l'ancienne puissance coloniale ?...

     

    "Avec le temps", comme le chante le poète...

     

    Restons lucides : la France, dans un rigoureux système féodal, est elle-même vassalisée aux USA, sa propre caste au pouvoir aux ordres de son suzerain...

     

    Cet empilement de contraintes, de verrouillages, ne pourrait se dénouer, ou s'écrouler, qu'à la faveur d'un séisme majeur, d'un choc techtonique comme il en existe en géopolitique. Des "pays-continents" tels que l'Inde ou la Chine n'ont pu éjecter définitivement les puissances coloniales, qui les vampirisaient, qu'à la faveur de leur épuisement dans la dernière guerre mondiale.

     

    La libération irréversible de l'Afrique, qui sera le continent-phare du XXII° siècle, aura pour probable déclencheur l'onde de choc d'un embrasement en Mer de Chine ou au Moyen-Orient.

     

    Si ce n'est dans les deux...

     

    1.  Député du Cameroun.
    Cité (p. 323) dans un ouvrage collectif, dont je recommande vivement la lecture à tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique - à travers les luttes d'indépendance du voisin du Gabon, le Cameroun - son présent, son avenir, sa problématique du développement, ou du pillage imposé par l'ancienne puissance coloniale.
    Rigoureusement référencé, documenté, illustré, avec des analyses d'un niveau rare qui n'empêchent pas l'émotion ; ou la colère, quand on pense aux horreurs et aux crimes (toute la palette des "crimes de guerre", entre autres) que la France - des Lumières, de la Démocratie, des Droits de l'Homme, et blabla - a perpétrés, et entretient, sur ce continent. Pour le bénéfice exclusif, dans une hallucinante prédation, d'une poignée de nos oligarques et de leur domesticité, médiatique notamment.
    J'aurai l'occasion de revenir sur cet ouvrage fondamental pour déconstruire la colossale désinformation dont nous sommes asphyxiés et les mécanismes de la spoliation coloniale qui ronge l'Afrique.

    Publié aux éditions La Découverte en janvier 2016 (742 pages) :

    Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa
    KAMERUN - Une Guerre Cachée aux Origines de la Françafrique - 1948 -1971

    2.   https://www.populationdata.net/pays/gabon/

    3.   Ressources naturelles : l'opacité gabonaise - Le Gabon a été exclu de 'l'Initiative Pour la Transparence des Industries Extractives", Survie.org, 10 avril 2013,
    http://survie.org/billets-d-afrique/2013/223-avril-2013/article/ressources-naturelles-l-opacite-4439

    4.  https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Gabon#Mangan.C3.A8se

    5.   Triste Anniversaire, Survie.org, 17 février 2016,
    http://survie.org/billets-d-afrique/2016/254-fevrier-2016/article/triste-anniversaire-5080

    6.  Exemple récent de la logorrhée incantatoire sur le "trop de dépenses publiques" ou les "réformes structurelles" :
    http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-marc-touati-22-banques-centrales-que-faudrait-il-reellement-faire-pour-relancer-la-croissance-1209-856915.html

    7.   Pierre Cahuc et Daniel Zylberberg, "Le négationnisme économique et comment s'en débarrasser", Flammarion, Septembre 2016.

    8.   Henri Sterdyniak, "Négationnisme économique" : ce pamphlet est ignoble. C'est un appel direct à l'épuration, L'Obs, 10 septembre 2016,
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1558440-negationnisme-economique-ce-pamphlet-est-ignoble-c-est-un-appel-direct-a-l-epuration.html

    9.  Gabon : Retour sur le chaos post-électoral dans une ville de province (Lambaréné), France 24, 8 septembre 2016,
    http://observers.france24.com/fr/20160908-gabon-lambarene-retour-chaos-post-electoral-province-ali-bongo-jean-ping?ref=tw_i

    10.  Thomas Bart, Ali Bongo sur la sellette, Survie.org, 7 janvier 2015,
    http://survie.org/billets-d-afrique/2015/242-janvier-2015/article/gabon-ali-bongo-sur-la-sellette-4852

    11.  Mawuna Koutonin, France Forces Africa to Pay for Colonialism, BS News, 23 novembre 2015,
    http://bsnews.info/france-forces-africa-to-pay-for-colonialism/

    12.  René Dumont, L'Afrique Noire est mal partie, première parution 1962, réédité en 2012 aux éditions du Seuil, collection Esprit.

    13.  François-Xavier Verschave, Françafrique - Le plus long scandale de la République, éditions Stock, 1998.

    14.  François-Xavier Verschave, Noir Silence, éditions Les Arènes, 2000.


    2 commentaires
  • Du Paraguay au Brésil : l’impérialisme « new look » : les coups d’État « parlementaires »

    Du Paraguay au Brésil : l’impérialisme « new look » : les coups d’État « parlementaires »

    Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américain… Toujours un oeil vif sur l’Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien…

    arton30847-ec162Cachez ces objectifs d’hégémonie pour le pillage que l’on ne saurait voir !!
    Les hypocrites ! Ils ont trouvé en Amérique latine un artifice moins voyant que les Marines d’antan, les GI’s et les bérets verts d’autrefois, les troupes d’élite, la flotte et les porte-avions, les drôles de drones, les bombardements « chirurgicaux » sans anesthésie, l’artillerie lourde… l’impérialisme « hard » a troqué, pour l’heure, la canonnière et le « gros bâton », les centres de torture (ESMA, Villa Grimaldi…), les disparus, les « vols de la mort », pour « l’impérialisme soft » : les coups d’État « de velours », « pseudo-parlementaires », « pseudo-institutionnels », sur fond de travail de sape de la CIA, des fondations et agences subversives (NED, USAID), et de déstabilisation à vif des régimes progressistes d’Amérique latine, par la guerre médiatique, économique…

    Si le visage et les méthodes de « l’oncle Sam » ont (momentanément) changé, les objectifs restent les mêmes : dominer le monde pour le compte des multinationales, se goinfrer des richesses d’autrui et de profits sans fin, ramener au bercail les rebelles, les moutons noirs, anéantir les résistances…

    Le récent hold-up électoral (du siècle), la destitution anticonstitutionnelle de Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, sans chef d’accusation constitué, sans aucune preuve de corruption, de malversation, de conflit d’intérêts, de détournements, d’enrichissement personnel, de comptes en Suisse … par une poignée d’élus pour la plupart maffieux, en pétard avec la justice, s’appelle, quel qu’en soit le camouflage prétendument « démocratique », un coup d’État de la pire espèce. Un coup d’État et des journées de honte pour la droite brésilienne. Ces sénateurs jouant à « messieurs propres » ont tant de casseroles au cul qu’ils relèvent de la quincaillerie certes, mais celle du « monde libre », des saignées dites « ajustements structurels », du FMI, de l’OMC, de la BM….

    L’usurpateur Michel Temer, nouveau « président », marionnette illégitime, « Mister Washington », a une côte de popularité de 2% !!! Ce coup de force insupportable contre la démocratie, qui plus est en son nom, aurait dû indigner, faire gerber, hurler, tempêter, protester, s’emporter, nos « démocrates occidentaux », de vraie droite et de fausse gauche, frondeurs et deuxièmes couteaux, fines lames et grands chefs, néo et sociaux et ultras « libéraux »… Macache !! Ils ont l’indignation idéologique. Bien fait pour ces « crypto-marxistes », ces « ex-guérilleros » !! soit dit en passant : sans Rolex mais jadis torturés, comme Dilma Rousseff, lorsque Washington préférait les bonnes vieilles dictatures militaires, pures et dures ; de 1954 à 1989 au Paraguay, de 1964 à 1985 au Brésil.

    Face à la destitution de Dilma Rousseff (première présidente femme du pays), traînée dans la boue, face au viol du vote de près de 52% des votants, les gardiens du temple « occidental », les Merkel, Rajoy, Felipe Gonzalez, Obama, Valls, Cambadélis, BHL, Julien Dray, Cohn Bendit, Montebourg, Hollande, Sarko, Juppé… n’ont pas bronché, contents dans leur for intérieur que la liste des gouvernements anti-impérialistes, souverains, non alignés sur Washington, s’amenuise. L’indignation de ces faux-culs relève du tri sélectif ; ils ont horreur de la lutte des classes lorsque les opprimés deviennent « visibles », horreur de la promotion des pauvres, des politiques de redistribution qui ont permis au Brésil de sortir 40 millions de personnes de la misère des favelas… Ils préfèrent les satrapes de la Françafrique à la Bongo, les roitelets pétrodollarisés du Golfe, un monde pacifié par les Ricains, unipolaire, un « monde-tous Nord-Américains », à un monde multipolaire de pays souverains, moins inégalitaires.

    On n’oubliera pas de si tôt cette cynique symphonie brésilienne du silence coupable et complice des hypocrites démocratophyles, calquée sur le précédent du Honduras (2009) et du Paraguay (2012), sans oublier le coup d’État, bien réel et à balles réelles, contre Chavez en 2002.

    Le 22 juin 2012, le président du Paraguay, Fernando Lugo, homme de bonne volonté, à peine « de gauche », ancien dignitaire religieux, démocratiquement élu après une dictature féroce d’Alfredo Stroessner (1954-1989) et 60 ans de règne du parti « colorado »,( rouge de nom mais pilier ultra réac du régime cruel, sanglant), fut destitué par le parlement à la suite de l’instrumentalisation crapuleuse d’une tuerie provoquée par les grands propriétaires terriens. 400 familles possèdent 90% des terres. Un modèle de démocratie !

    Le fantoche Federico Franco, très catho conservateur, et « impresentable », auréolé de scandales, substitua le bon président Lugo, et s’en mit en quelques mois plein les fouilles, plaça ses amis, sa famille, ouvrit tout grand le pays au crime organisé et au trafic de drogues, tout comme son successeur, homme de paille « élu », Horacio Cartes.

    Quatre ans après le coup d’Etat « nouvelle formule », le pays est saccagé, exsangue, pillé, et sans doute, avec Haïti, le plus miséreux du continent (54% de pauvres, 43% d’enfants malnutris). Un petit groupe de militants radicalisés auraient même créé une guérilla, qui opère depuis 2008, suspecte pour les uns, authentique pour les autres : l’Armée du Peuple paraguayen. Contre les puissants et l’Etat maffieux.

    Les quelques mesures sociales du président Lugo ont été vite avalées par les « multinationales de la pauvreté ». CQFD. « Soft » ou « hard », l’impérialisme reste « le stade suprême du capitalisme », cynique fauteur de guerres, de pillages, de destructions multiples, et ne reculant devant rien lorsque ses intérêts sont un tant soit peu menacés.

    Jean ORTIZ.

    source:http://www.legrandsoir.info/du-paraguay-au-bresil-l-imperialisme-new-look-les-coups-d-etat-parlementaires.html

    http://reseauinternational.net/du-paraguay-au-bresil-limperialisme-new-look-les-coups-detat-parlementaires/

     

    Les coups d’État d’hier et d’aujourd’hui en Amérique Latine 

    Les coups d’État d’hier et d’aujourd’hui en Amérique Latine

     

    C’est certain, le cycle des coups d’État en Amérique Latine n’a jamais été enterré. Une illusion politique a voulu voir avec la fin de la guerre froide le début d’une nouvelle étape. On scrutait a l’horizon un avenir de paix, de stabilité politique et de croissance économique. Le communisme était tombé en disgrâce et le dispositif pour le combattre, les coups d’État, perdaient leur légitimité. À partir de ce moment-là, on pourrait utiliser des mécanismes de gant blanc sans la nécessité de recourir à la violence directe. Les pressions pour renverser un gouvernement démocratique entraient dans l’ère constitutionnelle.

    Le coup d’État sanglant et avec comme protagonistes les forces armées n’était plus une option viable. Faire tomber un gouvernement par d’autres voies, même s’il s’agissait encore un coup d’État, ne soulèverait pas autant de suspicion. D’autres institutions pourraient occuper le rôle principal, les militaires avaient accompli leur mission durant la guerre contre « la subversion communiste ». A court et moyen terme, les projets démocratiques, socialistes et anticapitalistes n’apparaissaient pas dans l’agenda. « L’ennemi interne » avait été neutralisé, quand il n’avait pas été réduit à son expression minimale, par la voie du génocide, de la torture et de la disparition forcée.

    Établir des systèmes politiques fondés sur l’économie de marché, promouvoir la doctrine néolibérale et ne pas manquer le train de la mondialisation est devenu un dogme de foi. Les votes se sont substitués aux bottes et les urnes aux mitraillettes. L’ajustement politique a refait le couple libéral-conservateur sous la « nouvelle droite » émergente. Pendant ce temps, la sociale-démocratie a occupé la niche de la gauche, en déplaçant des communistes et les socialistes marxistes. Le débat des alternatives a dérivé vers les pro et contras de l’économie de marché. Le capitalisme avec un visage humain ou sauvage : Keynes contre Hayek.

    Le cycle qui a débuté au Brésil, en 1964, où se situent les coups militaires de l’Argentine (1966), de la Bolivie (1973) et de l’Uruguay (1973), n’aurait pas de continuité au Chili. La même année, le 11 septembre, le renversement du gouvernement de Salvador Allende et de l’Unité Populaire a mis en scène un autre projet politique économique. Il a supposé de refonder l’ordre et d’établir les bases d’un nouveau modèle. Le général putschiste Augusto Pinochet affirmerait : « je n’ai pas de calendrier, mais des buts ». C’est seulement ainsi qu’on peut interpréter l’échec subi par la dictature lors du referendum de 1988. Le perdre, et accélérer la sortie de Pinochet, était une option contenue dans la Constitution promulguée par la dictature en 1980, vaisseau-amiral de l’actuel système politique chilien. Après le triomphe du « NON », il a gardé le poste de Commandant en Chef des Forces Armées, il a cédé le pouvoir formel, il s’est transformé en sénateur et a fait une déclaration aux médias : « mission accomplie ». Les forces armées pouvaient rentrer dans les casernes. Des lois d’amnistie et de négociations occultes, les blindaient.

    Si le Brésil a inauguré les coups d’État civiques-militaires, en 1964, avec les forces armées comme protagonistes, ses ministres de l’Économie n’ont pas cassé le projet de développement de base keynésienne. Nous trouvons la nouveauté dans l’alinéa répressif. Le Brésil a eu le déshonneur de pratiquer la torture de forme scientifique et systématique sous le parapluie de la doctrine de la Sécurité Nationale. La technique du Pau de arara (pendaison des pieds et des mains) est son apport. Dilma Rousseff, jusqu’à il y a une semaine présidente du Brésil, renversée par un nouveau type de coup d’État, a été l’une de ses victimes. Aujourd’hui, le Brésil devient un guide pour de nouveaux coups d’État. Ni celui du Honduras (2009), ni celui du Paraguay (2012) sont en bonne et due forme pour le considérer comme exemplaire.

    Les coups, jusqu’au Chili en 1973, ont été des récepteurs de l’État comme acteur, espace géopolitique, où la population civile était un objectif politique et militaire. Le subversif pouvait être toute personne. Il était camouflé dans la famille, l’école, le travail. C’étaient des femmes, des jeunes, des hommes, des mères, des sportifs, des étudiants, des paysans, des ouvriers, des cols blancs, des intellectuels, des artistes, etc. Les milliers d’assassinats présentent cette dimension de la guerre mondiale contre la subversion communiste. Les dictatures d’hier ont été connues comme des régimes bureaucratiques-autoritaires.

    Aujourd’hui en 2016, le coup d’État au Brésil, ne compte pas avec la présence des forces armées. Les chars blindés ne sortent pas, ni sont bombardés des palais de gouvernement. La nouvelle droite préfère recourir aux pouvoirs Législatifs et Judiciaires. C’est un vol plus propre, sans trop de dommages collatéraux. Mais ne nous trompons pas, ce fut toujours une option, simplement ils n’ont pas pu la pratiquer. Aujourd’hui oui, elle est viable.

    En Amérique Latine, la droite n’a jamais atteint les votes nécessaires pour contrôler le parlement avec une majorité suffisante et mettre en marche un procès politique. C’était le cas du Chili. En mars 1973 des élections législatives ont eu lieu ; l’Unité Populaire a obtenu 44 pour cent des votes, loin des 2/3 nécessaires pour renverser institutionnellement le président Salvador Allende. Tout au plus, ils ont réussi à émettre des appels au coup d’État auprès des forces armées, légitimant leur comportement. C’est arrivé au Brésil en 1964 et en Uruguay en 1973.

    L’entrée en scène des gouvernements populaires et des dits progressistes, à partir du triomphe de Hugo Chávez au Venezuela (1998), a lancé les alarmes. Ont suivi la Bolivie, l’Équateur, le Paraguay, Kirchner en Argentine, Lula au Brésil, le Frente Amplio en Uruguay, en ajoutant les sandinistes au Nicaragua, le Front Farabundo Martí au Salvador et Manuel Zelaya au Honduras. La carte néolibérale se fendillait. Certains ont prévu à la fin du XXe siècle l’émergence de projets anticapitalistes et contre le néolibéralisme. Le coup d’État manqué au Venezuela, en 2002, a supposé le retour du coup d’État comme dispositif politique.

    Le triomphe politique et économique du néolibéralisme, considéré irréversible, avait mis de coté les coups d’État. Pourquoi agiter son fantôme ? Tandis qu’il n’y a pas eu d’alternatives, la droite n’en a pas fait usage. Aujourd’hui ils se montrent indispensables pour récupérer l’espace perdu. Le Brésil marque le chemin, comme il l’a fait en 1964. En finir avec le gouvernement démocratique est son objectif, et inverser les politiques sociales, de là c’est un vrai coup d’État.

    Marcos Roitman Rosenmann pour La Jornada

    Marcos Roitman Rosenmann est un universitaire, sociologue, analyste politique et essayiste chilien né à Santiago du Chili, en 1955. Depuis 1974, il habite en Espagne. Docteur en sciences politiques et sociologie de l’Universidad Complutense de Madrid, il est professeur titulaire de Structure Sociale de l’Amérique Latine, Structure Sociale Contemporaine et Structure Sociale de l’ Espagne à Faculté de sciences poliltiques et sociologie de la Universidad Complutense de Madrid.

    Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

    Photo: Lors du coup d’État du général Pinochet contre le président Allende, le 11 septembre 1973, de nombreuses personnes ont été arrêtées par la junte, détenues et torturées. Près d’un millier ne sont jamais réapparus. Photo d’archives The New York Times

    source: http://www.elcorreo.eu.org/Les-coups-d-Etat-d-hier-et-d-aujourd-hui-en-Amerique-Latine

     


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  • Dilma Rousseff, le coup d’État parlementaire a bien lieu


    Dilma RousseffLes citoyens brésiliens ont à subir un nouvel épisode dans le feuilleton tragique qui pèse sur les esprits depuis le printemps. Il fragilise la démocratie de la septième puissance économique mondiale. La présidente Dilma Rousseff est sous le coup d’une procédure d’impeachment depuis le 12 avril 2016. C’est la date à laquelle le parlement avait voté à la majorité le démarrage de la destitution.

    Elle jouait sa dernière carte institutionnelle cette semaine. Confrontée à l’ensemble des parlementaires dont la plupart ont appuyé les conspirateurs de ce coup d’État programmé, cet espace sacré de la démocratie qu’est le Sénat fédéral, à Brasilia, ressemblait à une sorte de tribunal militaire. Le tout a été évidemment diffusé en direct à la télévision.

    Un véritable « show » et des discours plus enflammés les uns que les autres. Sans grande nouveauté sur le fond.

    Dilma Rousseff et ses soutiens dans l’arène

    Les avocats de l’accusation et de la défense ont ouvert les hostilités lundi 29 août. Ils ont plaidé tour à tour pour ou contre l’impeachment. Et comme toujours, sans preuves claires étayant les causes de son éviction. Postée au milieu de l’arène, Dilma Rousseff a ensuite prononcé un discours de 47 minutes d’une force rare. Dans une ambiance électrique, elle a nié le crime contre le budget. Crime dont elle est accusée mais qui n’a encore jamais été démontré au niveau pénal. Elle a aussi dénoncé le « coup d’État » dont le peuple brésilien est victime une fois de plus. Pendant 15 h d’affilée, la présidente châtiée du pouvoir est restée sous les projecteurs. Elle a répondu calmement mais fermement à chacune des interventions des 48 députés.

    Il y a eu quelques interventions limpides et courageuses comme ce député pro-démocratie Lindbergh Farias qui a lancé ce discours désormais historique Eu Acuso (J’accuse). Sans détour, il a nommément dénoncé les vrais initiateurs de ce coup d’État, selon lui. Il a ainsi accusé successivement Eduardo Cunha (ancien président du Congrès, mis en examen) et Michel Temer (ancien vice-président de Dilma Rousseff et président intérimaire). Mais aussi Globo, la chaîne quasi monopolistique qui a, selon lui, « martelé l’écran d’une campagne médiatique mensongère contre Dilma depuis 2 ans ». Les citoyens ont été endoctrinés par ces allégations et tous ces coups portés contre la présidente.

    La verve de ses défenseurs n’aura pas suffi

    Aujourd’hui, mercredi 31 août, les députés étaient sollicités pour se prononcer définitivement sur sa mise à l’écart du pouvoir. Pour ce faire, les  « pro-impeachment » avaient besoin de 54 votes « pour ». Et le vote des parlementaires a bel et bien été validé, par 61 voix « pour ». En plus de perdre son mandat elle sera destituée de ses droits politiques pendant 8 ans à partir de 2018 (1). Le président de la Bolivie voisine Evo Morales a d’ores et déjà confirmé qu’il retirait son ambassadeur du Brésil. Le principal sentiment autour de ce renversement de pouvoir est que l’affaire politique au Brésil est une mascarade abjecte. Le peuple vit, bien malgré lui, à des milliers de lieues des intérêts que son élite défend au Congrès.

    Demain, sans état d’âme, le président intérimaire Michel Temer s’envolera pour le sommet du G20, en Chine. Il y représentera le Brésil alors que sa légitimité est très largement contestée aux quatre coins du pays.

    La démocratie recule pour mieux sauter ?

    De son coté, au sortir du siège du gouvernement et entourée de son équipe de collaborateurs, Dilma Rousseff a déclaré ce matin : « L’histoire sera implacable avec eux » dans un discours incisif défendant la continuité de la lutte pour construire « Un Brésil meilleur ». « Rien ne nous fera reculer. Je ne vous dirai pas adieu aujourd’hui, je suis même sûr que je peux vous dire à très bientôt » a-t-elle déclarée. « Nous reviendrons. Nous reviendrons pour continuer ce chemin au service du Brésil, pays dans lequel le peuple est souverain » a-t-elle rajouté. « Il y aura contre eux l’opposition la plus déterminée qui peut exister lorsqu’un gouvernement est né d’un coup d’état ».

    Si le Brésil est aujourd’hui en deuil. Il semble que la lame de fond pro-démocratique née de ce trauma s’ancre bel et bien dans la société civile. Peut-être se révélera-t-elle décisive quand les citoyens devront se prononcer cette fois-ci légitimement à la prochaine élection présidentielle, fin 2018. D’ici là, tout peut se passer dans ce pays jeune en quête de maturité.

    Jean-François Daniel, correspondant pour le CdV au Brésil


    (1) date officielle de la fin de son mandat

     

    http://www.cercledesvolontaires.fr/2016/09/01/dilma-rousseff-coup-etat-parlementaire/

     

     


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  • Etat d’urgence en France : une compulsion de répétition.

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    Etat d’urgence en France : une compulsion de répétition.

    L’installation d’un Etat policier

    Les prolongations de l’état d’urgence se succèdent à la suite d’une série d’attentats. Le nouvel état d’exception, justifié par un massacre précédent, est pourtant incapable de faire face aux nouvelles tueries. C’est pourtant son efficacité présupposée qui justifie chaque prolongation, installant, à chaque fois, de nouvelles mesures attentatoires aux libertés. Dans les faits, les dispositifs liberticides ne suivent pas les massacres, mais anticipent largement ceux-ci. Les premières mutations du code pénal et de procédure pénale, permettant de soumettre les citoyens français à dispositions relevant du contre-espionnage, c’est-à-dire à des mesures qui autrefois étaient réservées aux ennemis du pays, datent du début des années 2000.

    Une compulsion de répétition.

    La Loi d’Orientation et de Programmation de la Sécurité Intérieure (LOPSI 1) de 2002 donne déjà à la police l’accès, à distance, aux données conservées par les opérateurs et les fournisseurs d’accès Internet, et annulent le contrôle judiciaire. Vont se succéder un ensemble de législations, réactivant les mesures précédentes déjà prises et allant toujours plus loin dans la possibilité de traiter les citoyens français comme des ennemis. La LOPSI 2 de 2011, comme la loi sur le Renseignement de 2015, témoignent de ce processus qui consiste à répéter inlassablement aux Français qu’ils n’ont plus la propriété d’eux-mêmes et que les attributs de leur personne sont à la disposition de l’Etat. S’installe ainsi une nouvelle manière de gouverner qui signifie aux citoyens que les prérogatives du pouvoir deviennent absolues et que l’Etat de droit n’est plus à l’ordre du jour.

    Les lois de prolongation de l’état d’urgence sont également des législations qui transforment le droit pénal. Dans les faits, elles légalisent des dispositifs d’espionnage déjà en place, lesquels sont maintenant justifiés par l’objectif affirmé d’éviter des attentats. Ces derniers ne sont pas le moteur de la mutation de la forme d’Etat, mais apparaissent plutôt comme sa résultante. Elles ajoutent la peur comme moyen de rompre tout lien social et, ainsi, d’organiser l’omnipotence du pouvoir. Ce n’est plus seulement le renoncement à leurs libertés et aux attributs de la propriété de soi, comme celle des données personnelles, qui est demandée aux citoyens, mais bien l’abandon de leur propre vie, en cédant leurs Habeas Corpus, le droit de disposer de leur propre corps. Chaque nouvel attentat et son corollaire, un nouveau prolongement de l’état d’urgence, fonctionne comme une compulsion de répétition, comme « l’éternel retour » des attentats précédents et du rappel des signifiants associés, islamisme, jihad, guerre des civilisations. Comme rien dans les attentats précédents n’a été collectivement confronté, quelque chose se répète, à travers chaque nouvelle tuerie. Ce qui a été forclos du langage et de la raison réapparaît dans le réel comme élément d’une compulsion de répétition. La violence et le signifié associé de la guerre des civilisations, ne doivent pas être oubliés. Ce qui anéantit le lien social, ne doit pas être refoulé, mais répété infiniment, afin de coloniser notre vie.

    Une nouvelle prolongation de l’état d’urgence.

    Lors de son allocution du 14 juillet, le Président de la République avait annoncé la fin de l’état d’urgence à la date du 26 juillet 2016. Le chef de l’Etat concluait en ces termes : « On ne peut pas prolonger l’état d’urgence éternellement, cela n’aurait aucun sens. Cela veut dire que nous ne serions plus une République avec un droit qui pourrait s’appliquer en toutes circonstances[1] ». Cependant, suite au massacre du 14 juillet à Nice, le président Hollande a de nouveau prolongé l’état d’urgence pour six mois.  Rappelons qu’un premier état d’urgence de 12 jours avait été proclamé, au lendemain des attentats de Paris du 13 novembre 2015, et avait déjà été prolongé de trois mois par la loi n° 2015-1501 du 20 novembre 2015. Une nouvelle période de trois mois s’est ensuite ajoutée, grâce à la loi 2016-162 du 19 février 2016 et venait à échéance le 26 mai. Elle a été prolongée de deux mois supplémentaires par la loi n° 2016-629 du 20 mai 2016. Malgré l’évidente inefficacité de cette mesure qui n’a pu empêcher le massacre du 14 juillet, elle vient encore d’être prorogée de six mois, par la loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016.

    L’état d’urgence comme outil de transformation du code pénal.

    Ainsi, le gouvernement s’installe dans l’état d’urgence permanent, malgré l’adoption d’une législation, présentée comme un moyen de sortir de cette situation d’exception, la loi de réforme pénale « renforçant la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, [2]» promulguée le 3 juin 2016. Cette loi permet de faire fonctionner différentes mesures relevant de l’état d’urgence, sans que ce dernier soit déclaré.

    Parmi les quatre législations prolongeant l’état d’urgence, deux sont importantes, la loi du 20 novembre 2015 [3] et celle du 21 juillet 2016[4]. La première modifie profondément différentes dispositions de la loi de 1955, en ce qui concerne les conditions de l’assignation à résidence et les modalités des perquisitions, en donnant, à la police et au Parquet, une marge d’interprétation quasi illimitée, car elle permet de poursuivre non seulement des actes, mais aussi des intentions. La seconde loi apporte une nouvelle fois quelques modifications en matière de perquisition. Elle durcit l’arsenal pénal, puisque plusieurs de ses dispositions d’allongement des peines a vocation de s’appliquer en dehors de l’état d’urgence et, surtout, elle installe une surveillance numérique de masse.

    Officiellement, le texte du 21 juillet 2016 s’intitule « Loi prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence et portant mesures de renforcement de la lutte antiterroriste ». Classiquement, la loi  prévoit, en état d’urgence, la possibilité d’interdire les cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique.[5] Elle apporte également des précisions et met en place de nouvelles dispositions concernant les perquisitions. Ainsi que son intitulé l’indique, elle ne se cantonne pas à la prorogation de l’état d’urgence, mais est devenue une nouvelle loi antiterroriste ayant pour objet  de modifier le code pénal et de procédure pénale. Elle procède par l’ajout de nombreuses dispositions qui intègrent, de manière permanente, l’arsenal pénal et administratif antiterroriste, hors état d’urgence.

    Le retour des perquisitions informatiques administratives.

    Le texte autorise à nouveau les perquisitions administratives et permet l’exploitation des données trouvées dans tout système informatique ou de communication saisies dans ce cadre. Déjà contenue dans la loi de prolongation de l’état d’urgence du 20 novembre 2015, cette mesure permettait à la police de copier entièrement les données d’un terminal informatique, ordinateur, serveur ou téléphone mobile, lors d’une perquisition, sans obligation de faire une saisie du matériel, d’obtenir l’assentiment de la personne perquisitionnée, ni de constater préalablement une infraction[6]. Elle a été suspendue, suite à une décision du Conseil constitutionnel en février dernier,[7]

    Le Conseil constitutionnel avait estimé que cette disposition porte une atteinte disproportionnée à la vie privée, et s’inquiétait du fait que la copie de données puisse porter sur des éléments sans lien direct avec la personne visée, de par le fait que la copie englobe les échanges entre la personne perquisitionnée et ses contacts, et que la loi prévoit également de pouvoir saisir les données accessibles depuis l’équipement perquisitionné. Il estimait que ce type de disposition ne peut se faire que dans le cadre légal d’une saisie, et non d’une simple perquisition.

    Grâce à loi du 21 juillet, les perquisitions informatiques pourront reprendre.  La disposition en question, l’article 11 de la loi de 1955 sur l’état d’urgence, ainsi modifié, stipule que « Si la perquisition révèle l’existence d’éléments, notamment informatiques, relatifs à la menace que constitue… le comportement de la personne concernée, les données, contenues dans tout système informatique ou équipement terminal présent sur les lieux de la perquisition, peuvent être saisies, soit par leur copie, soit par la saisie de leur support.. ».

    Des perquisitions à la recherche de masse.

    Cet article étend considérablement le champ des perquisitions à l’entourage et même aux simples contacts de la personne suspectée, alors que le motif invoqué « être en lien avec une menace » autorise des perquisitions pour quasiment n’importe quel motif. L’extension incontrôlable de cette recherche est encore accentuée par la possibilité de faire des perquisitions en cascade. L’article 5 qui modifie l’article 11 de la loi de 1955 sur l’état d’urgence prévoit que si une perquisition révèle l’existence d’un autre lieu fréquenté par la personne visée, un droit de suite permettra de le perquisitionner dans la foulée. Ainsi, « Lorsqu’une perquisition révèle qu’un autre lieu répond aux conditions, fixées au premier alinéa du présent I, l’autorité administrative peut en autoriser par tout moyen la perquisition. Cette autorisation est régularisée en la forme dans les meilleurs délais…. »  

    Ce n’est pas uniquement le champ des perquisitions numériques qui est élargi, au point de devenir des intrusions incontrôlables et massifiées, la loi permet aussi la capture des données personnelles pour des motifs vagues, relevant d’une simple éventualité. L’article 15 de la loi, établissant l’article L. 851-2 du code pénal, autorise le recueil en temps réel, sur les réseaux des opérateurs et des personnes, des informations ou documents « relatifs à une personne préalablement identifiée susceptible d’être en lien avec une menace » terroriste. Jusqu’ici, cette forme de surveillance ne portait que sur les personnes « identifiée[s] comme une menace ». Grâce à cette loi, le code de la sécurité intérieure dispose désormais que, pour voir ses données de connexion analysées en temps réel, durant quatre mois par les services de renseignement, il suffit d’être identifié comme « susceptible d’être en lien avec une menace », ou simplement de faire partie de « l’entourage » de la personne perquisitionnée « lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser » que l’on est « susceptible(s) de fournir des informations. »

    Des garanties en trompe l’œil.

    La loi veut donner des apparences de respect des normes de l’Etat de droit. Le Président Hollande avait d’ailleurs affirmé que « Ce texte a été complété par tout ce qui peut accroître l’efficacité, sans rompre avec l’Etat de droit. Le risque serait de céder sur nos libertés, sans rien gagner sur notre sécurité. Jamais jusqu’au terme de mon mandat je ne considérerai l’Etat de droit comme un obstacle, car ce serait la fin de l’Etat[8]. »

    Afin de donner une légitimation relevant d’une société démocratiquet à des mesures qui détruisent celle-ci, l’article 5 prévoit que : « La copie des données ou la saisie des systèmes informatiques ou des équipements terminaux est réalisée en présence de l’officier de police judiciaire. L’agent sous la responsabilité duquel est conduite la perquisition rédige un procès-verbal de saisie qui en indique les motifs et dresse l’inventaire des matériels saisis ». Cependant, cette garantie risque de rester purement formelle pour la personne perquisitionnée, puisque les policiers viennent d’obtenir l’anonymat pour les mesures de l’état d’urgence. Dans un télégramme diffusé le 29 juillet, la Direction générale de la police nationale a annoncé que «les agents sont autorisés à s’identifier dans tous les actes administratifs qu’ils sont amenés à établir sous leur numéro de RIO [Référent d’identité opérationnel], en lieu et place de leur nom et prénom». L’autorisation vaut uniquement «dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de l’état d’urgence et notamment des assignations à résidence et des perquisitions administratives», précise le télégramme, adressé aux chefs des services centraux[9].

    Dans le cadre des perquisitions autorisées par cette loi sur l’état d’urgence, le texte précise bien qu’au moins l’un d’entre eux doit être présent lors d’une perquisition administrative. Le recours au matricule pose alors problème pour les officiers de police judiciaire, si on ne peut ni vérifier sa présence, ni l’identifier directement à la seule lecture du PV de police en question.

    Transformation de la norme pénale.

    Enfin, cette nouvelle loi, autorisant la prolongation de l’état d’urgence, durcit l’arsenal pénal applicable hors état d’urgence. Parmi les mesures adoptées, elle prévoit notamment une peine pouvant aller, non plus jusqu’à 20 ans, mais jusqu’à 30 ans d’emprisonnement, pour les organisateurs ou les dirigeants d’un groupement formé en vue de la préparation d’un acte de terrorisme[10]. Aussi, les personnes condamnées, à une peine d’emprisonnement pour des faits en lien avec le terrorisme, ne peuvent plus bénéficier d’une réduction de peine[11].  La loi prévoit aussi l’allongement de la durée, de la détention provisoire des mineurs, à deux et trois années en matière de terrorisme, ainsi que  le prononcé automatique d’une interdiction du territoire français.

    Les députés ont en revanche refusé l’application du régime de la rétention de sûreté et de la surveillance de sûreté, aux personnes condamnées pour un crime terroriste, voulue par les sénateurs. Ces derniers ont également renoncé à la création d’un délit de séjour sur un théâtre d’opérations terroristes extérieures, au profit d’un renforcement de la dernière loi de réforme de la procédure pénale de juin 2016.[12]Celle-ci permet déjà un contrôle administratif, avec assignation à résidence, des personnes revenant de Syrie et d’Irak, lorsqu’il n’existe pas d’éléments suffisants pour les mettre immédiatement en examen pour terrorisme. Ce contrôle, jusque-là limité à un mois, pourra dorénavant être porté à trois mois.

    La légalisation d’un système déjà existant.

    La dernière loi de prolongation de l’état d’urgence nécessite, pour la mise en pratique de l’élargissement des écoutes administratives, un système généralisé de sondes numériques. Or, celui-ci existe déjà grâce au programme d’écoutes administrative, classé secret-défense et nommé IOL, Interceptions Obligatoires Légales. Ce programme de “sondes d’écoute numériques” a été imaginé en 2005, le cahier des charges terminé en 2006 et le pilote lancé en 2007. La généralisation à tous les grands opérateurs s’est déroulée en 2009[13] et serait pleinement opérationnel depuis 2012, en permettant de couvrir 99% de l’ADSL résidentiel (les accès Internet par câbles téléphoniques) [14].Ce programme permettait de collecter « en temps réel »les métadonnées, pratique non autorisée à l’époque.[15] Cette pêche auprès des opérateurs n’a été rendue légale que par la Loi de Programmation militaire de 2013 et par un décret publié en décembre 2014[16]. Dans le cadre de l’IOL, des « boites noires » avant l’heure, étaient installées sur les réseaux des opérateurs, mais ceux-ci n’y avaient pas accès. Il s’agissait d’écoutes administratives commandées par le Premier ministre, permettant d’écouter les personnes connectées au réseau français[17]et aboutissant au GIC, au Groupement interministériel de contrôle, un organisme dépendant du Premier ministre et procédant à des écoutes.

    Le pouvoir a d’ailleurs partiellement reconnu l’existence d’un tel système d’écoutes. Selon le quotidien Le Monde, la décision fut prise, à l’issue d’un Conseil national du renseignement à l’Élysée en janvier 2016, de « mettre sous surveillance l’ensemble des données de communication de ces 11 700 personnes ‘’fichées S’’ pour lien avec l’islamisme radical [18]». Si cette pratique est déjà effective, il apparait que l’objectif de la loi du 21 juillet 2016 n’est pas de mettre en place, mais de légaliser un système déjà existant. Le texte autorise également une extension d’un dispositif qui pourrait ne pas porter sur les seules 11 700 personnes déjà « fichées S », mais qui concerne potentiellement plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers de personnes. Le texte légalise un système pouvant porter arbitrairement sur  de larges strates de la population française, des populations considérées comme ennemis potentiels par l’exécutif.

    La légalisation d’un système d’écoutes, déjà existant, s’accompagne de la reconnaissance du caractère  illégal, mais justifié de son installation préalable, bien que le dispositif soit inopérant en matière d’attentats. Ce n’est donc pas seulement une nécessité actuelle qui est affirmée, mais le droit de l’Etat de violer sa propre légalité. L’affirmation d’un pouvoir sans limite prépare ainsi une extension incontrôlable des dispositions d’espionnage des ressortissants français.

    Jean-Claude Paye 

    Source de l’image : amnesty.fr © Sergio Aquindo

    Première partie : France: installation d’un Etat policier. Procédure d’exception sans état d’urgence. 24 mars 2016.

    Deuxième partie : France : État d’exception avec état d’urgence. 19 mai 2016.

    Troisième partie : Constitutionnaliser l’état d’urgence : quel enjeu? 30 juin 2016.


    [1]Jean-Baptiste Jacquin, « L’état d’urgence prolongé de trois mois, les perquisitions administratives de retour », Le Monde, le 15/7/2016, http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/07/15/l-etat-d-urgence-prolonge-de-trois-mois_4969918_1653578.html

    [2]Lire : Jean-Claude Paye,  France: installation d’un Etat policier. Procédure d’exception sans état d’urgence»,  Mondialisation.ca, le 24 mars 2016, http://www.mondialisation.ca/france-installation-dun-etat-policier-procedure-dexception-sans-etat-durgence/5516393

    [3]Loi n°2015-1501 du 20 novembre 2015 prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence et renforçant l’efficacité de ses dispositions, Légifrance,https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031500831&categorieLien=id

    [4]Loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016 prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence et portant mesures de renforcement de la lutte antiterroriste, Légifrance, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032921910&categorieLien=id

    [5]Article 3 de la loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016

    [7]« Le Conseil constitutionnel censure la copie de données lors de perquisitions informatiques », La quadrature du Net, le 19 février 2016, https://www.laquadrature.net/fr/conseil-constitutionnel-censure-perquisitions-informatiques

    [8]«  La prolongation de l’état d’urgence jusqu’en janvier 2017 définitivement adoptée par le Parlement, Le Monde.fr avec AFP et Reuters, http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/07/20/la-prolongation-de-l-etat-d-urgence-debattue-au-senat_4972466_823448.html#wSwF3VCpVg2jvdBx.99

    [9]Pierre Alonso, « Les policiers obtiennent l’anonymat pour les mesures de l’état d’urgence », Libération.fr, le 1ier août 2016, http://www.liberation.fr/france/2016/08/01/les-policiers-obtiennent-l-anonymat-pour-les-mesures-de-l-etat-d-urgence_1469762

    [10] Article 13 de la loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016

    [11] Article 8 de la loi n° 2016-987 du 21 juillet 2016

    [12]« La prolongation de l’état d’urgence jusqu’en janvier 2017 définitivement adoptée par le Parlement », Le Monde.fr avec AFP et Reuters, le 20 juillet 2016, http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/07/20/la-prolongation-de-l-etat-d-urgence-debattue-au-senat_4972466_823448.html

    [14]Pascal Hérard, « Etat d’urgence : la surveillance numérique de masse a été votée le 21 juillet », TV5monde, le 29 juillet 2016, http://information.tv5monde.com/info/etat-d-urgence-la-surveillance-numerique-de-masse-ete-votee-le-21-juillet-120538

    [15]Jérôme Hourdeau, « La surveillance du Net  a été généralisée dès 2009 », Médiapart, le 6 juin 2016, https://www.mediapart.fr/journal/france/060616/la-surveillance-du-net-ete-generalisee-des-2009

    [16]Décret n° 2014-1576 du 24 décembre 2014 relatif à l’accès administratif aux données de connexion, Légifrance,https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029958091&dateTexte=&categorieLien=id 

    [18]Jacques Follorou, « Les 11700 fiches « S » pour islamisme mises sous surveillance », Le Monde, le 2 février 2016, http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/02/04/les-11-700-fiches-s-pour-islamisme-mises-sous-surveillance_4859318_1653578.html

     Jean-Claude Paye, sociologue, auteur de L’Emprise de l’image, de   Guantanamo à Tarnac, éditons Yves Michel 2012.

    source: http://www.mondialisation.ca/etat-durgence-en-france-une-compulsion-de-repetition/5543103 

    http://reseauinternational.net/etat-durgence-en-france-une-compulsion-de-repetition/

     

     


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    Photo de François Asselineau - Union Populaire Républicaine.

     

    === UNE PAGE D'HISTOIRE À NE PAS OUBLIER === QUI SE CACHAIT DERRIÈRE LES ATTENTATS TERRORISTES EN ITALIE PENDANT LES "ANNÉES DE PLOMB" ?
     
    Alors que plusieurs pays d'Europe occidentale sont victimes d'attentats terroristes revendiqués par "Daesh", de nombreux responsables politiques y trouvent des raisons :

    - de restreindre encore plus les libertés publiques (prolongation de l'état d'urgence par François Hollande),

    - d'apprendre aux jeunes de "s'apprêter à vivre avec le terrorisme" (Manuel Valls : http://www.lefigaro.fr/…/01002-20150123ARTFIG00199-valls-au…)

    - de créer des "camps de rétention préventifs" ( c'est à dire des "camps de concentration" selon le vocabulaire des années 30) (Laurent Wauquiez : http://www.bfmtv.com/…/a-droite-haro-sur-l-etat-de-droit-10…)

    - "d'armer les soldats de lance-roquettes" (Henri Guaino : http://www.liberation.fr/…/lance-roquettes-etat-de-siege-ap…)

    - "d'instaurer l'état de siège" ( Frédéric Lefebvre - même référence)

    - de "faire sauter l'Etat de droit" (Jacques Bompard et Eric Ciotti : http://www.bfmtv.com/…/a-droite-haro-sur-l-etat-de-droit-10…)

    - de passer outre la Constitution de la Vème République (David Douillet : même référence).

    - de considérer l'état de droit comme "des arguties juridiques" dont il faut s'affranchir (Nicolas Sarkozy : http://www.marianne.net/terrorisme-sarkozy-reduit-etat-droi… )

    - et de renchérir dans le "choc des civilisations" théorisée par les "think-tanks" américains.

     

    ------------------------

     

    Bien entendu, tous les attentats commis sont des crimes absolus et doivent être châtiés par la justice avec la plus grande fermeté.

    De même que tous les réseaux de trafic d'armes et de financements occultes doivent être démantelés.

    De même que la France doit interdire immédiatement toute ingérence étrangère dans certains endroits de son territoire, comme le font ouvertement :

    - les États-Unis : http://www.legrandsoir.info/l-offensive-americaine-sur-les-…

    - ou le Qatar : http://www.marianne.net/Le-Qatar-a-l-assaut-de-la-France-et… )

    De même que la France doit retirer tous ses soldats des théâtres de guerre où elle se rend co-responsable de la mort de milliers de civils (Libye, Syrie,...)

    ----------------------------

    Au-delà de ces propositions de mesures d'urgence qu'elle formule, et conformément à son éthique, l'UPR appelle toutes celles et tous ceux qui lui font confiance à ne pas se laisser aller aux réactions irréfléchies et émotionnelles (même si les attentats commis sont plus abominables les uns que les autres) mais à garder leur sang-froid et à s'interroger sur deux points essentiels :

    1°)- à qui tous ces crimes profitent-ils, au bout du compte ?

    2°)- qu'est-ce que l'histoire nous enseigne sur les vagues d'attentats ayant eu lieu en Europe depuis les années 50 ?

    ----------------------------------------

    Il ne faut jamais oublier, en effet, ce que nous enseigne l'Histoire.

    À cet égard, nous conseillons à nos lecteurs :

    => Une vidéo à voir : https://www.youtube.com/watch?v=quqPLYWxCm4&feature=share

    => Un article et un ouvrage à lire : L’étude scientifique de l’historien Daniele Ganser intitulée « Les armées secrètes de l’OTAN – Réseaux Stay Behind, Gladio et terrorisme en Europe de l’Ouest » est parue en 2007 en français.

    Dans cet ouvrage brillamment rédigé, Ganser montre que de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1990 existaient dans les pays membres de l’OTAN, à côté des troupes ordinaires de l’Alliance, des armées secrètes de l’OTAN (nommées aussi Stay-Behind ou Gladio) qui avaient été mises en place par la CIA et le MI6 britannique.

    Ces armées secrètes de l’OTAN étaient commandées et coordonnées par un bureau de la sécurité secret au sein du quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Selon l’ex-président américain Richard Nixon, L’OTAN elle-même était soumise au Pentagone.

    Ces armées secrètes pilotées par l'OTAN et la CIA n'ont pas hésité à faire commettre des attentats terriblement meurtriers pour terroriser les populations, dans le cadre de la "stratégie de la tension"
    Suite sur le site du Comité Valmy : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article408

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    Commentaires
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    L'Histoire nous enseigne, comme pour l'attentat de la gare de Bologne (1980) que les revendications et les coupables, trop rapidement annoncés dans les grands médias, n’étaient pas les bons.

    Dans ce type d’enquête, toutes les hypothèses doivent être envisagées y compris celle dite de la « stratégie de la tension ». Dans l’exemple italien, il s’agissait pour une partie de l’appareil d’État, soutenue par l’OTAN et la CIA, de dresser la population contre le « péril rouge », les communistes.

    Il ne s'agit pas de « complotisme » mais d'une vérité historique.

    Aujourd’hui, on ne parle plus de « péril rouge », mais de « danger islamique ». Et l'on profite de l'émotion légitime provoquée par les attentats pour saper les libertés publiques, entretenir les populations dans une atmosphère d'angoisse, et empêcher tout débat sur les centaines de milliers de morts civils commis par l'OTAN et les forces armées américaines, françaises, britanniques, etc. au Moyen-Orient.

    Comme je l'ai indiqué dans ma dernière vidéo d'actualité, les sources les plus fiables révèlent pourtant que la prétendue "lutte contre le terrorisme" a provoqué plus de 1,3 MILLION DE MORTS CIVILS au Moyen-Orient depuis 10 ans.

    [ Sources (entre autres) :

    http://www.lesoir.be/…/13-million-morts-vrai-bilan-guerre-c…
    et
    http://www.itele.fr/…/13-million-de-civils-seraient-morts-d… ]

    Les Français doivent méditer le fait que les peuples d'Irak, de Libye, de Syrie, ne nous avaient strictement rien fait avant que les pays de l'OTAN commencent à aller les bombarder - prétendument en rétorsion des attentats du 11 septembre aux États-Unis -, mais bien plus fondamentalement pour permettre aux grandes compagnies pétrolières et financières occidentales de s'approprier leurs richesses.

    ---------------------------------
    Conclusion
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    L'Histoire doit donc nous inviter à une grande prudence face aux événements dramatiques que traversent la France et plusieurs autres pays d'Europe.

    Avant de tirer des conclusions hâtives, les Français doivent s'interroger sur qui est derrière les terroristes.

    Qui les finance ? Qui les arme ? Qui les manipule ?
    Qui les conditionne et les drogue ?
    Ne sont-ils pas des "idiots utiles" qui servent des intérêts supérieurs qui les dépassent ?

    FA
    26 juillet 2016

    https://www.facebook.com/upr.francoisasselineau/posts/10154421378347612:0

     

    La "stratégie de la tension"
    Suite sur le site du Comité Valmy : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article408

     

     Et aujourd'hui ?

    https://www.upr.fr/entretiens-actualite-upr/attentat-de-nice-responsables-coupables-lanalyse-de-francois-asselineau

     

     

    Les masques tombent: Le chef du

    Renseignement militaire israélien

    affirme qu’Israël S'OPPOSE à la

    défaite de Daesh

     

    http://reseauinternational.net/les-masques-tombent-le-chef-du-renseignement-militaire-israelien-affirme-quisrael-soppose-a-la-defaite-de-daesh/

     

     

    .

     

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