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    Le modèle de la révolution de couleur: le cœur du mécanisme

    30.5.2017

    Le modèle de la révolution de couleur: le cœur du mécanisme

    Objectif

    Les révolutions de couleur sont l’un des plus récents modèles de déstabilisation des États. Elles permettent aux acteurs externes d’avancer un déni plausible lorsqu’ils sont accusés d’interférer illégalement dans les affaires intérieures d’un État souverain et leur mobilisation massive du « pouvoir populaire » les rend très efficaces aux yeux des médias mondialistes. En outre, l’agglomération d’un grand nombre de civils protestant contre le gouvernement augmente également la pression exercée sur ce gouvernement et limite ses choix pour faire face efficacement à la déstabilisation en cours. Toutes les révolutions de couleur suivent de près le même modèle, et la compréhension de la nature de cette tactique appliquée de déstabilisation permettra aux États d’élaborer des contre-mesures appropriées contre elle.

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    Les révolutions de couleur sont formées par une interaction complexe de nombreux facteurs, qui peuvent peuvent être répartis en plusieurs catégories d’infrastructure primaires :

    • Idéologie
    • Finance
    • Social
    • Entraînement
    • Information
    • Médias

    Ces facteurs interagissent les uns avec les autres d’une manière spécifique dans une hiérarchie à cinq niveaux :

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    L’interaction des facteurs ci-dessus crée un mouvement (m) qui se combine avec deux autres variables afin de produire une révolution de couleur :

    • Un Événement (e)
    • Une infrastructure physique (p)

    La formule résultante pour une révolution de couleur (R) est la suivante:

    m + e + p = R

    Les chapitres suivants vont définir précisément toutes ces variables et expliquer leur interaction.

    Description des variables

    Cette section détaille les facteurs contributifs spécifiques qui définissent chacune des variables.

    L’idéologie

    L’idéologie est l’axe central de tout changement dans le monde, et c’est l’idée directrice qui motive tous les autres facteurs affectant une Révolution de couleur. Sans idéologie, tout ce qui suit est vide et dépourvu de sens et de but. L’idéologie traditionnelle qui motive toutes les révolutions de couleur est la démocratie libérale, et elle cherche à « libérer » les États ciblés de leurs gouvernements perçus comme des démocrates anti-libéraux (non occidentaux).

    La démocratie libérale, dans sa manifestation post-moderne actuelle, est expansionniste et agressive. Elle ne se contente pas de systèmes idéologiques et de valeurs alternatives. Elle doit se propager dans la poursuite de la domination mondiale. En plus de la guerre directe contre les sociétés qui résistent à son avancement (Serbie, Libye), les États libéraux démocrates (l’Occident) ont appris à rechercher d’autres méthodes pour vaincre les États ciblés. Ces méthodes sont moins directes que la guerre pure, mais n’en sont pas moins efficaces. La pénétration idéologique d’une société s’intensifie finalement dans une explosion physique à l’intérieur de l’État lui-même, guidée par un segment des propres citoyens de l’État. L’État (et la société dans son ensemble) doit combattre une partie d’elle même qui « se dresse » contre le statu quo, entraînant un conflit d’intérêts et une guerre civile sociale. Selon le niveau de provocation lancé par les manifestants pro-libéraux démocrates, ainsi qu’en cas de mauvaise gestion de l’État face à cette révolte sociale, la guerre civile sociale peut éventuellement devenir violente et ressembler brièvement à une véritable guerre civile. C’est particulièrement le cas si les manifestants ont été armés par des forces en dehors du pays et s’ils décident d’attaquer les services de sécurité chargés de disperser les manifestations physiques de la révolution de couleur.

    L’idéologie est donc l’initiatrice de toutes les révolutions de couleur. Elle propose une forme de développement opposé a celle en place, et motive des groupes de sympathisants dans la population à lancer des manifestations concrètes pour exiger des changements. On verra plus tard que la grande majorité de ces manifestants actifs ne savent même pas que leurs activités sont orchestrées par un pouvoir supérieur (ONG, gouvernement étranger). Au contraire, la plupart d’entre eux, à la suite d’une campagne d’information lourde visant à promouvoir l’idéologie déstabilisante, ont vraiment été amenés à croire que leurs actions sont spontanées et « naturelles » et qu’elles représentent le « progrès » inévitable que tous les pays du monde seront tenus de vivre tôt ou tard. L’idéologie de l’individu au-dessus du collectif (l’aspect social de la démocratie libérale) permet à chaque manifestant de constater qu’il a une influence unique et significative dans la réalisation de ce changement.

    La finance

    Toute idéologie doit disposer d’une infrastructure financière afin de faciliter sa pénétration dans une société. L’argent lubrifie la société et fournit des moyens supplémentaires pour répandre l’influence. À moins qu’il n’y ait un niveau élevé de soutien préexistant pour l’idéologie pénétrant dans le pays ciblé, le capital initial viendra probablement de l’étranger (l’État hôte encourageant l’idéologie). Ce fut le cas avec la première vague de Révolutions de couleur et de Printemps arabes. Les bailleurs de fonds étrangers ont fourni le capital nécessaire pour que les mouvements naissants grandissent rapidement à leurs débuts. Cependant si l’influence idéologique extérieure construit ses propres infrastructures sociales sans recourir à des moyens financiers, la variable sociale sera sévèrement limitée dans sa portée et son efficacité si elle ne dispose pas d’une base financière solide soutenant ses activités promotionnelles et sa formation.

    Les finances seront l’épine dorsale de toute la Révolution de couleur. Elles transforment les idées du Mouvement social en actions tangibles (infrastructure physique), et fournit un « nid » pour l’éducation idéologique. Ces nids sont diverses institutions et organisations pro-démocratiques et autour des droits de l’homme (tels que définis par l’Occident). Le plus souvent, on peut les considérer comme des ONG, même si elles ont un lien direct avec un gouvernement étranger ou des éléments de l’opposition politique institutionnelle. De telles institutions et centres ont besoin d’argent pour fonctionner, ce qui crée l’importance cruciale d’une infrastructure financière en place.

    L’infrastructure financière doit continuellement pomper de l’argent pour alimenter ses efforts, car toute interruption (aussi brève soit-elle) affectera directement l’efficacité de ses opérations sur le terrain et sur Intenet. Les subventions des institutions établies et des gouvernements étrangers peuvent fournir le capital de démarrage initial pour créer une institution / organisation pénétrante au sein de l’État ciblé, mais par la suite, une formation appropriée enseignera aux activistes comment collecter des fonds par eux-mêmes. La collecte de fonds vise à fournir un certain niveau d’autosuffisance financière qui atteint trois objectifs :

    1. Limiter l’impact négatif que toute interruption du financement étranger créerait
    2. Créer un réseau financier domestique qui peut échapper au regard attentif du gouvernement sur les transferts internationaux d’argent et la contrebande illégale d’espèces entre les frontières
    3. Créer une institution / organisation encore mieux implantée dans la société domestique grâce à des activités de sensibilisation

    La finance permet à la Révolution de couleur de s’établir fermement dans la société, ainsi que de diffuser ses idées dans la durée. Plus il y a de finances, plus grand est le nombre d’institutions / d’organisations et de personnes qu’elles emploient. Combinée à l’infrastructure sociale, elle est directement soutenue par l’idéologie.

    Le social

    Ce type d’infrastructure traite des personnes réelles impliquées dans la Révolution de couleur et il est défini par des institutions / organisations. C’est le moteur direct de l’engagement de la révolution. Avant l’« Évènement », il peut être divisé en trois niveaux:

    1. Le cœur (avant-garde)
    2. Les cohortes (travailleurs)
    3. Les civils (sympathisants)

    L’« Évènement » permet à ces trois niveaux de fusionner en une unité singulière, donnant ainsi à la Révolution de couleur l’impression d’être une initiative unifiée venant du terrain. On prétend que l’infrastructure sociale est très hiérarchique et qu’une petite cabale d’individus d’avant-garde contrôle l’ensemble du mouvement. Ce fait est généralement invisible non seulement pour un observateur extérieur, mais aussi parmi les sympathisants civils, mais il est extrêmement important de le reconnaître et de le comprendre pour comprendre l’organisation de l’infrastructure sociale.

    Le Cœur

    Ces individus sont l’avant-garde de la Révolution de couleur. Ce sont les gens qui contrôlent les institutions / organisations se préparant à apporter les changements libéraux-démocrates. Ils sont hautement qualifiés et conservent un contact direct avec le client externe (idéologique et / ou financier). Le noyau constitue une petite quantité de militants qui se consacrent à la cause, en ce sens qu’ils sont totalement opposés au statu quo existant et cherchent activement à le perturber. Ils peuvent être définis comme des « extrémistes idéologiques ». Ils sont les personnes les plus puissantes du Mouvement au sein du pays ciblé et, lorsque la décision est prise de lancer la Révolution de couleur, ils peuvent porter des discours motivants le public en faveur de leur cause ou continuer à jouer leur rôle dans l’ombre dans l’organisation du Mouvement. La capture ou la compromission d’un individu de base réduit sévèrement l’efficacité organisationnelle de la révolution de couleur.

    Les Cohortes

    Ces personnes comprennent les travailleurs qui se situent au-dessous du noyau. Ils exercent des tâches administratives ou de recrutement employées par l’institution / organisation. Les cohortes sont le « visage » de l’organisation avec lequel la plupart des civils entreront au contact. Ils réalisent également la plupart des travaux pour l’institution / organisation, ce qui en fait l’épine dorsale laborieuse. Les cohortes sont dévouées à la cause, mais elles doivent encore prouver leur fidélité absolue pour intégrer l’élite, le cœur. Toutes les cohortes aspirent à entrer dans le noyau, d’où leur activisme forcené et leurs démonstrations publiques en faveur de leur idéologie. Si un membre de la cohorte ne fait pas partie intégrante du mouvement en tant que membre cœur, il est facilement jetable et remplaçable par l’organisation si nécessaire (c’est-à-dire qu’ils sont lancés dans des actions publicitaires provocatrices et, par la suite, arrêtés). Un grand nombre de ces membres des cohortes devient une force puissante et précieuse pour l’institution / organisation, un membre seul de cette cohorte n’est qu’un pion.

    Les Civils

    Les civils sont les citoyens ordinaires avec lesquels les cohortes sont en contact. Ils entrent dans l’infrastructure sociale uniquement lorsqu’ils deviennent des sympathisants de la cause. Les civils peuvent ou pas entrer dans l’infrastructure physique (c’est-à-dire participer à des marches de solidarité avec la Révolution de couleur), mais lorsqu’ils le font, ils offrent un précieux avantage en terme de soft power. Les images médiatiques de milliers de civils participant à un rassemblement de la Révolution de couleur peuvent influencer d’autres civils à participer à de telles activités. Comme pour les cohortes, un seul civil est un pion, mais en nombre, cela devient une « arme ».

    En termes d’influence, le motif donne :

    Cœur > Cohortes > Civils

    En termes de nombres, le motif est inversé :

    Civils > Cohortes > Cœur

    À mesure que l’infrastructure sociale se construit et ajoute de nouveaux membres, elle augmentera également les fonds disponibles pour l’institution / l’organisation dans le cadre des activités de collecte de fonds des cohortes.

    L’entraînement

    La formation est indispensable à toute révolution de couleur, car elle forme la troisième partie du triangle inavouable (expliqué plus loin). Ce niveau d’infrastructure améliore les capacités de ses homologues financiers, sociaux et de l’information :

    Finance : Les cohortes apprennent des techniques de collecte de fonds.

    Social: Les cohortes apprennent à mener à bien des activités de sensibilisation pour augmenter leurs rangs et rassembler davantage de sympathisants civils.

    Information : Les cohortes apprennent à créer de meilleurs sites Web, à fabriquer du matériel promotionnel plus efficace et à exploiter les médias sociaux.

    La formation peut avoir lieu dans le pays ou à l’extérieur. Le cœur peut être formé à l’extérieur, alors que les cohortes seront probablement formées à l’intérieur du pays par le cœur. Il est important pour l’institution / organisation de fournir une dénégation plausible en termes de participation étrangère sinon les opérations domestiques seraient discréditées. Cela rend plus probable que l’élite puisse faire des voyages, tandis que les nombreuses cohortes resteront dans le pays pour leur formation.

    La formation peut être dispensée en personne ou être virtuelle. Dans le cas où il est dangereux ou suspect pour les membres du cœur de quitter le pays pour cette formation, elle se déroulera via Internet. Cependant, la formation la plus efficace se fait en personne, et les « tutoriels » en ligne ne remplacent pas l’interaction en face-à-face entre le cœur et leurs sponsors. Il se peut que les commanditaires envoient un représentant dans le pays cible pour mener une formation dans de telles conditions, bien qu’un tel déplacement soit risqué pour le promoteur. S’il est pris en flagrant délit, le promoteur et l’institution / organisation perdront leur crédibilité auprès du public local, ce qui réduira bon nombre de leurs gains antérieurs.

    Une institution / organisation sans formation effective est incomplète, handicapée et incapable d’atteindre son plein potentiel.

    L’information

    Ce niveau d’infrastructure traite de la diffusion idéologique et il est extrêmement important d’aider au recrutement d’infrastructures sociales (cohortes et civils). Il a deux éléments principaux :

    • Les médias sociaux
    • Le matériel de propagande

    Ces éléments sont expliqués ci-dessous.

    Les Médias sociaux

    Les médias sociaux sont exploités pour diffuser l’idéologie et créer un réseau social qui, à son tour, se transformera en cohortes de sympathisants civils. La diffusion efficace des médias sociaux par l’institution / organisation renforcera la Révolution de couleur, sans limites. Les civils utiliseront les médias sociaux pour rester en contact avec les nouvelles et les développements du Mouvement, et cela constituera un défi pour les médias officiels qui soutiennent l’establishment gouvernemental. De cette façon, les compétences accumulées avec succès en matière de médias sociaux ont pour but final de créer un autre point d’information.

    Les Matériaux de propagande

    Les matériaux de propagande sont essentiels à la propagation de la cause du Mouvement et à grandir son apparence. Les graffiti, les tracts éparpillés dans les rues et affichés sur les bâtiments, les slogans accrocheurs, les logos et les couleurs peuvent propager le Mouvement sans interruption dans la psyché publique. Cela rappelle même aux civils qui ne sont pas sympathisants du Mouvement que les fondements d’une future Révolution de couleur existent et sont présents dans leur société. En fait, ces civils pensent alors qu’un tel mouvement est inévitable et qu’il reçoit un soutien plus important qu’il ne le devrait vraiment, ce qui les oblige à adopter une mentalité de « prendre le train en marche » pour s’accrocher à ce qu’ils pensent être le « côté gagnant ». La propagande simplifie également le message du Mouvement, propose une approche globale pour chaque classe sociale (de préférence) et crée des images et des concepts faciles à digérer pour les publics étrangers et locaux.

    L’infrastructure d’information est également responsable de ce qui suit :

    • Création de logiciels et de stratégies pour planifier les manifestations à venir
    • Relier l’institution / organisation avec d’autres personnes similaires dans le pays ou à l’étranger
    • Choisir les symboles / chansons nationaux les plus symboliques, les monuments historiquement significatifs, les squares, les parcs à associer au Mouvement

    Ainsi, ce type d’infrastructure relie le Mouvement au monde extérieur et améliore l’efficacité de son message.

    Les médias

    Ce niveau d’infrastructure est le point culminant de l’ensemble de l’infrastructure du Mouvement. Les médias peuvent être soit nouveaux (blogs, sites d’actualités alternatifs), soit traditionnels (TV, journaux). Les infrastructures financières, sociales, de formation et d’information se réunissent pour créer ce cinquième et dernier niveau, et ce niveau mène à une diffusion de masse dans toute la société. Il légitime l’idéologie du Mouvement, augmente sa réputation et solidifie la perception d’une forte présence dans la société. Plus important encore, il a aussi un objectif primordial qui est d’atteindre le public à l’étranger. Cela crée une légitimité internationale (occidentale) et déclenche des déclarations de personnalités politiques de premier plan, tant dans le pays qu’à l’étranger. Les politiciens domestiques qui soutiennent le Mouvement auront alors le soutien explicite de leurs sponsors étrangers, contribuant ainsi à propulser leur carrière politique si la Révolution de couleur réussit.

    Les deux plateformes médiatiques (nouvelles et traditionnelles) servent à recruter davantage de civils qui ont peut-être hésité à se joindre au Mouvement, le considérant d’abord comme marginal ou peu susceptible de réussir. Les nouveaux médias peuvent même faire pression sur les médias traditionnels pour commenter les développements concernant le Mouvement, surtout si les médias traditionnels sont réticents à le faire pour des raisons politiques. Il se peut même qu’une fracture se développe entre les médias nouveaux et traditionnels, avec les nouveaux médias du côté du Mouvement et les médias traditionnels du côté de l’establishment. Les blogueurs et les « nouveaux journalistes » sont à l’avant-garde de ces nouveaux médias, et leurs articles contribuent à élargir l’influence de ces nouveaux média pro-Mouvement.

    Si les médias traditionnels se mettent à communiquer sur le Mouvement (soit à la suite de la pression des nouveaux médias, soit par des points de contact compatibles avec le Mouvement), cela rend les civils inconscients perméables à la guerre civile sociale qui se déroule devant eux et cela peut provoquer une contre-déclaration gouvernementale via une réponse médiatique. Le gouvernement, bien sûr, ne sera pas en faveur d’un Mouvement visant à le renverser, de sorte qu’il sera contraint de proclamer publiquement son opposition. Cela permet au Mouvement d’encadrer les événements de manière à ce que le gouvernement semble « réprimer » l’opposition politique. De telles accusations portent beaucoup de poids dans l’arène occidentale de l’opinion publique et peuvent nuire au soutien du gouvernement parmi les civils sur le terrain.

    Le Triangle inavouable

    C’est le terme utilisé pour décrire l’interaction entre les infrastructures financières, sociales et de formation. Chacune complète l’autre, et prises ensemble, elles forment le centre du pouvoir et de l’influence du Mouvement. Le triangle inavouable est l’interaction la plus importante qui se déroule dans le Mouvement. Plus les trois unités sont fortes, plus le Mouvement devient fort. À l’inverse, si un pilier du triangle inavouable est affaibli, le reste du Mouvement deviendra également faible. Cette faiblesse aura des conséquences sur les infrastructures de l’information et des médias (le génome du triangle inavouable), ce qui va compromettre l’opération entière de Révolution de couleur. Sans information et médias efficaces, le Mouvement va s’affaiblir et éventuellement s’effondrer.

    L’infrastructure sociale est la partie la plus importante du triangle inavouable, car elle affecte directement les niveaux 2 à 5. Par conséquent, tous les développements négatifs du côté financier et de la formation (dont dépend le social) vont se répercuter sur l’ensemble du Mouvement. Bien que l’information affecte également le social, elle augmente seulement le recrutement. Un recrutement sans qualité est inefficace et les institutions / organisations sans financement ne fonctionnent pas.

    Explication des facteurs d’interactions « m »

    Niveau 1

    • Idéologie vers Finance : justification pour l’ensemble du projet
    • Idéologie vers Social : motivation pour les individus à se joindre au mouvement

    Niveau 2

    • Finance vers Social : finance plus d’institutions / organisations
    • Social vers Finance : davantage de cohortes peuvent conduire à la participation de plus de militants à la collecte de fonds
    • Finance vers Formation : paye plus de formation
    • Social vers Formation : davantage de personnes à former permet d’organiser des formations plus régulièrement

    Niveau 3

    • Formation vers Finance : enseigne les activités de collecte de fonds aux cohortes
    • Formation vers Social : augmente l’efficacité des activités de sensibilisation, améliore la qualité du personnel

    Niveau 4

    • Finance vers Information : paie de meilleures campagnes et ressources d’information
    • Social vers Information : fournit plus de cohortes pour mener des campagnes d’information
    • Formation vers Information : améliore l’efficacité des campagnes d’information
    • Information vers Social : aide au recrutement de cohortes et de sympathisants civils

    Niveau 5

    • Finance vers Media : paie la couverture médiatique
    • Social vers Media : les institutions / organisations fournissent un sujet concret et légitime pour les articles
    • Information vers Media : les médias utilisent les informations créées par des institutions / organisations

    L’Événement

    Une révolution de couleur ne peut être officiellement lancée qu’après un « Événement ». Cet événement doit être controversé et polarisant (ou présenté comme tel), et doit libérer toute l’énergie accumulée du Mouvement. Le Mouvement se manifeste physiquement de la manière la plus publique possible, et toutes ses parties fonctionnent à leur capacité maximale possible. L’Événement est la « sortie du bois » pour le mouvement, et c’est le déclencheur de la Révolution de couleur.

    Les Événements sont exploités de manière sélectifs, et le Mouvement peut ignorer un certain Événement s’il ne pense pas que l’infrastructure nécessaire pour réussir la Révolution de couleur est adéquate. Par conséquent, il attendra qu’un autre événement se produise, ou il peut être utile de fabriquer ou de provoquer un Événement. Le Mouvement capitalise sur un Événement seulement après avoir lancé une campagne d’information réussie. L’infrastructure des médias peut ou non être entièrement intégrée au moment où la décision est prise pour exploiter l’Événement, car ce niveau est étroitement lié à l’Événement lui-même. Il se peut que l’infrastructure des médias ne soit utilisée qu’après l’Événement lui-même, afin d’ouvrir la voie et préparer la psyché publique pour la Révolution de couleur. Tout dépend de la situation elle-même et de la décision du Mouvement et de ses sponsors.

    Les exemples d’Événement sont les suivants :

    • Une élection frauduleuse
    • L’emprisonnement d’un chef de l’opposition
    • La signature (ou l’omission de signer) d’une loi controversée
    • Une répression du gouvernement contre l’opposition ou l’imposition de la loi martiale
    • Déclarer ou être impliqué dans une guerre impopulaire

    Ce qui précède ne sont que quelques exemples de ce qui peut constituer l’Événement. Il n’est pas important que ces Événements se produisent effectivement ou non. Ce qui est essentiel, c’est la façon dont ils sont perçus, encadrés et racontés au grand public. Les allégations, et non la preuve, de ce qui précède sont ce qui est le plus important pour créer le catalyseur d’un Événement. Il faut toujours se rappeler que le Mouvement peut provoquer l’un de ces Événements (ou sa perception dans le public).

    L’infrastructure physique

    L’Événement et le déploiement de l’infrastructure physique vont de pair. Il existe deux parties de l’infrastructure physique :

    1. Les personnes et leur engagement physique actif à l’appui de la Révolution de couleur
    2. Les objets physiques, les lieux et leur emplacement / utilisation stratégique

    Ces deux aspects sont expliqués plus en détail ci-dessous.

    Infrastructure physique 1

    La première partie est déployée lorsque le cœur donne l’ordre aux cohortes et aux sympathisants civils de se rendre dans les rues pour démontrer physiquement et publiquement leur soutien à la Révolution de couleur. Voici les exemples suivants:

    • Activités d’« Occupation »
    • Construire une foule
    • Marches et protestations

    Les exemples les plus avancés doivent être explorés plus complètement:

    Activités d’« Occupation »

    Le Mouvement doit « occuper » un lieu symbolique afin d’avoir un QG bien identifiable. Dans de nombreux cas, c’est la place centrale de la capitale dont l’occupation peut être contraire au droit municipal. Si elle est illégale, cela crée déjà un prétexte provocateur pour le gouvernement pour démanteler les espaces occupées et expulser les manifestants. Une telle action, si elle est enregistrée et diffusée (par le biais des médias nouveaux ou traditionnels), pourrait être transformée en propagande anti-gouvernementale et pourrait encore encourager le Mouvement. L’occupation est faite pour apparaître spontanée et même si une occupation spontanée préexistante ou une protestation (qui soutient les idées de la Révolution de couleur) est présente dans l’emplacement ciblé, le Mouvement l’exploitera en la faisant sienne et en utilisant cette occupation / protestation précédente pour mettre en évidence la spontanéité de l’opposition anti-gouvernementale.

    Les villes de tentes et des podiums sont généralement déployés dans la zone occupée, et les manifestants s’installent pour un séjour prolongé. Il est important que la zone sélectionnée soit occupée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et qu’un petit groupe de membres du cœur soit toujours présent sur le terrain pour diriger les activités. Si le gouvernement s’oppose à la zone occupée par les manifestants, l’arrestation des membres du cœur présents pourrait également déclencher une augmentation de la protestation et de la déstabilisation, surtout si les membres du cœur sont les gestionnaires officiels d’une institution / organisation « pro-démocratie ». Les membres du cœur et les cohortes se livrent également à une sensibilisation directe des participants, dont certains peuvent être simplement des personnes curieuses des événements se déroulant sur ce lieu symbolique. Cela permet au Mouvement d’étendre son infrastructure physique et sociale et d’agréger des sympathisants civils.

    Le QG dans la zone occupée servira généralement de la nourriture et des boissons aux sympathisants civils. C’est fait dans un double objectif. Tout d’abord, il maintient une présence 24/7 dans l’emplacement, et deuxièmement, cela attire plus facilement le plus de sympathisants civils possibles. En montrant qu’il s’occupe des sympathisants civils, le mouvement augmente sa puissance et son attrait parmi la population. Le fait de donner de la nourriture et des boissons contribue également à créer une foule pour assister à l’occupation des lieux et à d’autres manifestations de protestation.

    Construire une foule

    Une Révolution de couleur n’est rien sans une grande foule de partisans. Par conséquent, les techniques pour construire une telle foule sont d’une importance primordiale pour la survie du Mouvement. Voici les deux principales méthodes utilisées :

    1. Faire de la pub sur les médias nouveaux ou traditionnels
    2. Appel à la génération plus jeune (soyez « fun »)

    Le Mouvement annoncera les événements d’occupation afin de sensibiliser la population. Le cœur demandera à ses contacts dans l’infrastructure médiatique (dans les médias nouveaux et traditionnels) d’obtenir une exposition initiale, mais avec la construction de la foule et / ou des actions provocatrices, ils attireront une belle exposition par des communiqués de presse internes et internationaux supplémentaires. La création d’un système d’information alternatif (Infrastructure de l’information) contribue grandement à la publicité.

    L’appel à la génération plus jeune est extrêmement important pour les Révolutions de couleur, car la présence de nombreux jeunes individus offre au Mouvement une apparence jeune et énergique contre un système stagnant et en décomposition (la plupart des dirigeants gouvernementaux ne sont pas des collégiens, loin s’en faut). Ce contexte générateur est très fort et efficace pour souligner la « fraîcheur » des idées de la Révolution de couleur contre les vues perçues à contrario comme périmées (et tout est fait pour) de l’establishment dominant. La génération plus jeune n’est généralement pas engagée dans une lutte économique à la vie ou à la mort, qui l’oblige absolument à aller travailler au cours de la journée. Ils ont leurs familles et d’autres partisans qui peuvent les soutenir, leur donnant ainsi le temps libre nécessaire pour interagir et soutenir eux-même constamment le Mouvement et ses manifestations physiques. Comme expliqué précédemment, la zone occupée doit maintenir une présence constante, et il est plus probable que les personnes plus jeunes, de type étudiant, restent avec le Mouvement tout au long de la nuit que les retraités ou des parents d’âge moyen.

    La jeune génération est attirée par le « plaisir » émanant de l’occupation par ces gens qui protestent sur un emplacement symbolique. L’expression « Fun » peut être mise en avant à l’aide de certaines des méthodes suivantes:

    • Concerts
    • Chants
    • Apparition de célébrités
    • Sports et autres jeux

    Les exemples ci-dessus ne doivent même pas être explicitement politiques. L’important est d’attirer de plus en plus de jeunes. Qu’ils soient là pour des raisons politiques ou de divertissement, les médias vont les dépeindre en tant que partisans du Mouvement. La publicité de l’attrait jeune de l’occupation par ces méthodes, ainsi que l’affichage de la présence de manifestants jeunes via les médias nouveaux et traditionnels, attireront plus de personnes de ce groupe d’âge. Il est important de noter que la génération plus jeune n’a même pas à être de la capitale ou de la région ciblée par l’occupation et les protestations de masse. Au lieu de cela, ils peuvent (et sont généralement) embarqués de partout dans le pays pour assister aux manifestations.

    Marches et protestations

    Ces deux manifestations physiques sont coordonnées et destinées à montrer aux observateurs l’étendue du soutien de la Révolution de couleur. Ils servent également à dynamiser les sympathisants civils. Un certain niveau d’infrastructure organisationnelle doit déjà être en place avant le lancement de la Révolution de couleur afin de profiter efficacement des marches et des manifestations. Voici des exemples de ce qui doit être considéré et organisé avant les marches et les protestations :

    • Les lieux de rencontre et les chemins (y compris leur symbolisme [aide pour encadrer les événements])
    • L’heure et le(s) jour(s)
    • Possibilité de blocus contre la police
    • Drapeaux / banderoles / véhicules battant la musique nationaliste (Infrastructure physique 2)
    • Là où les marches / manifestations culmineront (habituellement la zone occupée ou les bâtiments gouvernementaux)

    Contrôler des marches et des protestations simultanées de grands groupes de personnes rend difficile l’action de la police pour faire face à la situation. À tout le moins, un ou deux des groupes de protestation atteindront l’endroit culminant même si la police tente de les arrêter. Les marches et les protestations font que le mouvement semble plus grand qu’il ne l’est réellement, et il attire également plus de partisans et de spectateurs. L’attention significative des médias est centrée sur de tels événements, et cela aide donc à lancer le message du Mouvement à travers le pays et peut-être le monde. Le cœur, les cohortes et les sympathisants civils sont dynamisés, et ils ont l’impression qu’ils font partie de quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Poussés par une activité marketing toute la journée, de tels événements peuvent même attirer des familles. Plus les enfants sont impliqués, mieux cela vaut pour l’image du Mouvement.

    La participation de personnages politiques favorables aux opposants entraîne une diminution du risque de rupture des événements par la police. C’est parce que la police peut hésiter à arrêter des personnes connues, de peur d’être accusée de « réprimer l’opposition », même si ces gens provoquent une réponse de la police. De telles accusations pourraient conduire à un tollé international et nuire à la légitimité du gouvernement. Les grèves de la faim hautement mise en valeur, en particulier parmi les personnes éminentes dans la société, peuvent également faire croire que le gouvernement est responsable de la souffrance auto-infligée des militants. Une fois de plus, le lecteur doit se rappeler que ce qui est le plus important est la façon dont les événements sont présentés par les médias nouveaux et traditionnels, et non ce qui se passe réellement. Si l’infrastructure médiatique est assez forte pour convaincre le public que le gouvernement agit en fait de manière tyrannique et oppressive par ses actions, c’est l’impression que le public gardera.

    Rôle des médias sociaux dans l’infrastructure physique 1

    Les médias sociaux fournissent à la fois la sécurité et la promotion de la Révolution de couleur, et chaque élément sera discuté ultérieurement.

    Les médias sociaux en tant que sécurité

    Les individus ont maintenant accès à Internet et enregistrent des scènes sur des téléphones portables grâce aux progrès récents de la technologie cellulaire. En enregistrant les événements de protestation, les participants s’efforcent de protéger leur propre sécurité contre les contre-offensives du gouvernement. La police et l’action officielle du gouvernement sont dissuadées, car les représentants du gouvernement qui s’engagent dans la violence (perçue) contre les manifestants réduiront gravement la légitimité et le soutien des autorités au pouvoir tant dans le pays qu’à l’étranger. Même si la violence officielle est provoquée, l’image d’un manifestant non armé attaqué par un policier résonne puissamment parmi le public qu’elle atteint.

    Les médias sociaux pour la promotion

    Les séquences vidéo non-stop des Événements de protestation (y compris les activités « amusantes ») permettent au cœur et / ou aux nouveaux médias traditionnels de s’engager dans des techniques d’édition pour encadrer la situation dans une lumière pro-opposition positive. La création de hashtags Twitter et de groupes Facebook aide à organiser des images et des commentaires sur l’Événement sur les médias sociaux, ce qui le rend plus accessible aux sympathisants et aux personnes intéressées. Une personne partageant des images ou des statuts ou des tweets positifs pro-opposition sur son réseau social peut amener d’autres à les partager avec leurs amis, et ainsi de suite. Cela conduit à une réaction en chaîne des réseaux sociaux qui se traduit par une « explosion » de l’intérêt et du soutien par la base. L’objectif final est de « devenir viral ».

    Les manifestants comme boucliers humains du mouvement

    Les manifestants, en particulier les sympathisants civils, servent de boucliers humains inconscients pour le Mouvement. La présence de grands groupes de civils non armés protège le cœur et les cohortes de l’action directe de la police. Bien que le gouvernement puisse prendre la décision de saisir les organisateurs et les militants qui campent dans la zone occupée, il faudra traverser une mer de civils pour atteindre les cibles, surtout si une occupation d’un emplacement central se produit. Par conséquent, le risque de pertes involontaires et de dégâts collatéraux infligés à des civils (en particulier si le mouvement incite à la violence contre lui) est particulièrement accentué. De cette façon, le cœur et les cohortes se cachent en toute sécurité derrière les sympathisants civils et les utilisent comme des boucliers humains inconscients, ce qui place le gouvernement dans une situation précaire pour agir ou non contre les organisateurs.

    Infrastructure physique 2

    La deuxième forme de l’infrastructure physique est plus traditionnelle, car elle implique des podiums, des mégaphones, des banderoles, etc. Ce sont les objets physiques employés lors des manifestations concrètes de la Révolution de couleur et des campagnes publicitaires médiatiques, et certaines d’entre elles sont étroitement liées à l’infrastructure de l’information. Tout cela doit être préparé bien à l’avance, et rien de tout cela n’est spontané. Par exemple, les podiums qui sont déployés dans les zones de protestation et occupés doivent être obtenus avant le début de la Révolution de couleur, ainsi que les tentes et les fournitures alimentaires et les boissons adéquates pour les sympathisants civils. Les podiums sont mis en place avant les événements de protestation, et les tentes peuvent être installées avant ou pendant les événements. Il n’est pas possible de se procurer sur place ou instantanément tout ce qui est nécessaire pour réussir une Révolution de couleur. Par conséquent, les réseaux de contacts et les arrangements antérieurs doivent être créés à l’avance.

    Cet aspect logistique souvent négligé des Révolutions de couleur, trahit leurs revendications de « spontanéité ». Des photographes et des cameramen soigneusement positionnés aident à encadrer les événements de la façon la plus positive possible pour le Mouvement, de même que le placement d’affiches et de posters de l’opposition et / ou nationalistes. Les matériaux imprimés à utiliser lors des événements de protestation doivent également être stockés avant que la décision ne soit prise pour déclencher la Révolution de couleur, car des fournitures de propagande suffisantes doivent être disponibles pour une utilisation immédiate. Des drapeaux, des bannières, des t-shirts et d’autres outils pro-Révolution de couleur bien visibles doivent être produits en série pour être utilisés dans les événements publiés. Une foule de personnes indescriptibles sans concentration visuellement unifiée n’est pas aussi puissante que celle qui manifeste une solidarité avec le Mouvement sous une apparence choisie.

    Conclusion

    Une révolution colorée est un jeu complexe avec de nombreuses pièces fonctionnant simultanément. Le Mouvement doit construire correctement ses six infrastructures avant le début de la déstabilisation publique, et il a besoin d’un événement pour galvaniser son soutien et justifier ses actions auprès des publics ciblés. Les infrastructures physiques aident le Mouvement à attirer l’attention et font en sorte que la Révolution de couleur soit populaire et spontanée. Une bonne compréhension de toutes les parties opérationnelles d’une Révolution de couleur peut permettre de mieux comprendre cette nouvelle tactique de guerre menée contre les gouvernements nationaux, ainsi que d’identifier les vulnérabilités qui peuvent être exploitées dans l’élaboration d’une stratégie contre-révolutionnaire efficace.

    Andrew Korybko

    Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides: l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

    Note de syncreticstudies.com

     La Révolution de couleur et le phénomène des printemps arabes est celui qui reçoit une attention particulière du blog, car c’est l’une des principales tactiques utilisées dans la géopolitique et la géostratégie qui repose aussi sur un modèle syncrétique ou interdisciplinaire. Cela implique la psychologie de masse, le marketing et la publicité, la sociologie, l’idéologie et d’autres domaines.

     Cet article doit être compris comme un schéma avec des annotations explicatives et la dissection de mécanismes particuliers. Nous recommandons vivement de le lire parallèlement à plusieurs articles précédents qui explorent l’histoire, les figures impliquées dans le développement de la théorie et l’application au monde réel dans les deux textes qui vont suivre.

     Liens

    1. Gene Sharp: du mur de Berlin au printemps arabe ou la politique de la révolution

    2. Gene Sharp: un tacticien en chef de la période des États-Unis après la guerre froide – J.V Capone, éditeur

    Autres liens

    lesakerfrancophone.fr : Neuf thèses sur la guerre dans laquelle nous sommes engagés

    conscience-sociale.fr : La clé de l’histoire moderne

    Traduit par Hervé, relu par Nadine pour le Saker Francophone

    Source syncreticstudies.com

    via: http://lesakerfrancophone.fr/le-modele-de-la-revolution-de-couleur-expose-du-coeur-du-mecanisme

     

    http://reseauinternational.net/le-modele-de-la-revolution-de-couleur-le-coeur-du-mecanisme/

     


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  • ,Qu’est-ce qui ne va pas avec l’Europe ?

    Qu’est-ce qui ne va pas avec l’Europe ?

    Alexandre Douguine
     
    Géopolitiquement, l’Europe d’aujourd’hui est une entité atlantiste.

    Pour comprendre correctement la nature de la crise actuelle, nous devons brièvement analyser la situation dans son ensemble. Je suggère trois niveaux pour cette analyse :

    · l‘idéologique

    · l‘économique

    · le géopolitique

     L’idéologie libérale est la source du problème

    Idéologiquement, le problème est le libéralisme qui est imposé à l’Europe et au reste de  l’humanité par le monde anglo-saxon en tant que seule idéologie unique et officielle. Le libéralisme affirme seulement l’identité individuelle et prohibe toutes les identités collectives ou organiques. Ainsi, étape par étape, le libéralisme refuse la religion, la nation, le genre, et l’appartenance en général, afin de libérer complètement l’individu de toute sorte de holisme. Une manifestation politique essentielle de ce problème est le genre, puisque les libéraux insistent sur la « nature optionnelle » du genre et le présentent comme un choix individuel. Auparavant, le combat libéral était centré sur le choix individuel de la religion ou de la nationalité, mais maintenant il a atteint le domaine du genre. Cependant un autre problème crucial est l’immigration. Refusant de reconnaître les identités religieuses ou culturelles, ou même l’identité basée sur le genre, le libéralisme ne considère pas un immigrant comme un porteur d’une identité différente. Au contraire, il le considère seulement comme un individu isolé. Ainsi, le libéralisme détruit tout sens de l’identité collective et, logiquement, le libéralisme détruit l’identité européenne (avec sa soi-disant tolérance et ses théories des droits humains). Avec la destruction intensive de l’identité sexuelle, cela accélère la fin de la société en tant que telle. Le fait même d’accepter le libéralisme comme idéologie dominante garantit la fin de l’Europe elle-même.

    L’étape finale du développement du libéralisme sera la négation de l’identité humaine en tant qu’identité collective. Ainsi, le transhumanisme sera accueilli comme faisant partie du programme libéral de demain.

    Le libéralisme est une idéologie nihiliste. Il insiste sur la liberté vis-à-vis de toute sorte d’identité collective, mais ne suggère jamais quelque chose de positif. Lorsqu’il était en compétition avec les idéologies totalitaires du passé, le communisme et le fascisme, le libéralisme semblait concret et attractif parce qu’il niait ce genre de totalitarisme tout en se positionnant comme une alternative réelle. Mais quand les rivaux totalitaires furent vaincus, la nature nihiliste du libéralisme commença à se révéler. Le libéralisme ne peut que nier les choses, et ne peut rien affirmer de constructif. Ce n’est pas l’idéologie de la liberté positive, mais de la liberté négative. Bien qu’hier cela pouvait ne pas être aussi explicite, aujourd’hui c’est tout à fait clair.

    Le libéralisme est devenu totalitaire. On n’a pas la liberté de devenir libéral. On est obligé d’être libéral. Vous pouvez choisir d’être un libéral de gauche, un libéral de droite, ou un libéral du centre, et dans le cas extrême vous pouvez être un libéral d’extrême-gauche ou un libéral d’extrême-droite, mais vous êtes obligé d’être un libéral. Si vous êtes jugé non-libéral par les libéraux, alors vous êtes fini, stigmatisé comme extrémiste, terroriste, et ainsi de suite. Les libéraux ne peuvent tolérer que les gens tolérants au sens libéral. Si vous n’êtes pas tolérant au sens libéral, vous êtes intolérable.

    Que pouvons-nous opposer au libéralisme ? Au XXe siècle, il y avait deux options : le communisme (le socialisme) et le fascisme. Tous deux ont échoué historiquement, c’est-à-dire politiquement, philosophiquement, militairement, et économiquement. Ils n’existent aujourd’hui qu’en tant que simulacres. Ils sont soit hyper-marginaux, soit manipulés par le libéralisme. C’est pourquoi l’utilisation par les libéraux du libéral-communisme, de l’anarchisme, du trotskisme, et du fascisme libéral pour servir la promotion de leur cause est exactement l’équivalent du fondamentalisme islamique utilisé comme une arme par les USA. Ainsi, mon idée est d’opposer au libéralisme (la première théorie politique) non pas la seconde théorie politique (le marxisme) ou la troisième (le fascisme), mais une quatrième. J’ai développé cette idée dans mon livre La Quatrième Théorie Politique qui a été traduit en de nombreuses langues, y compris en allemand. Nous devons combattre le libéralisme, le refuser, et le déconstruire complètement. En même temps, nous devons faire cela non pas au nom d’une classe (comme dans le marxisme) ou au nom de la nation ou de la race (comme dans le fascisme), mais au nom de l’unité organique du peuple, de la justice sociale, et de la démocratie véritable. Les libéraux interprètent la démocratie comme le règne des minorités. Nous devons restaurer le sens originel du terme où la démocratie est le règne de la majorité, la majorité organique, la majorité partageant une identité commune, c’est-à-dire le règne du peuple uni historiquement et culturellement.

    Le capitalisme financier est une catastrophe

    Economiquement, le problème est que le capitalisme financier prétend avoir triomphé du secteur de l’industrie productive en faveur de la technologie du marché boursier. Un tel capitalisme est monopolistique et crée des bulles au lieu de développer l’infrastructure économique. Une telle économie est basée sur la spéculation financière (de type George Soros) et s’accroche à l’illusion de la croissance illimitée. Cela est en contradiction avec la réalité. La classe moyenne ne se développe plus, et la croissance des marchés financiers ne correspond pas à la croissance du secteur productif réel. Se concentrer sur les institutions financières et promouvoir la délocalisation du secteur productif vers des pays du tiers-monde au cours de la globalisation, c’est la voie vers l’abîme. Les premières vagues de la crise sont déjà passées, mais de nouvelles vagues vont bientôt arriver. L’effondrement économique de pays d’Europe du Sud comme la Grèce, et dans le futur proche de l’Italie et de l’Espagne, est seulement la pointe de l’iceberg d’une immense catastrophe. L’unité européenne est basée sur la pleine acceptation de cette logique du capitalisme financier. Pourtant aujourd’hui seule l’Allemagne lutte pour garder l’économie en contact avec les réalités industrielles, refusant de monter dans le train menant au néant. C’est la raison de l’hystérie antiallemande en Europe et aux USA. L’économie allemande est peut-être la dernière économie productive, alors que les autres sont déjà des économies virtuelles.

    Nous devons donc reconstruire l’Europe sur une base économique alternative.

    La croissance illimitée n’est qu’une illusion libérale. La chute de la classe moyenne est la dure réalité qui est devant nous. Pour sortir de cette situation, il faut une révision complète des mythes du capitalisme financier.

    L’atlantisme est erroné

    Géopolitiquement, l’Europe d’aujourd’hui est une entité atlantiste. La géopolitique, telle qu’envisagée par l’Anglais Sir H. Mackinder, affirme qu’il existe deux types de civilisation : la civilisation de la Mer (puissance maritime) et la civilisation de la Terre (puissance terrestre). Elles sont construites sur des systèmes de valeurs opposés. Alors que la puissance maritime est purement mercantile, moderniste et matérialiste, la puissance terrestre est traditionnelle, spirituelle et héroïque. Ce dualisme correspond à la paire conceptuelle de Werner Sombart des marchands et des héros. La société européenne moderne est pleinement intégrée dans la civilisation de la Mer qui se manifeste par l’hégémonie stratégique de l’Amérique du Nord et de l’OTAN.

    Cette situation empêche l’Europe de devenir une entité géopolitique indépendante. A un niveau plus profond, elle pervertit la nature géopolitique réelle de l’Europe en tant qu’entité continentale : la puissance terrestre.

    Donc, cette situation doit être changée, et la stratégie de la puissance terrestre basée sur une véritable souveraineté européenne doit être restaurée. A la place de l’atlantisme, l’Europe doit devenir une puissance continentale stratégique.

    L’Europe et la Russie

    En résumant ces points, nous pouvons logiquement en déduire notre situation concernant les relations entre l’Europe et la Russie.

    La Russie contemporaine

    ·      est relativement hostile au libéralisme (elle est de tendance plus traditionaliste et conservatrice)

    ·      tente de se libérer économiquement de la dictature de la Banque Mondiale et du FMI

    ·      est géopolitiquement continentale et anti-atlantiste.

    C’est la raison pour laquelle la Russie est attaquée, en Ukraine, à Moscou, partout. Le récent meurtre du libéral Boris Nemtsov était une provocation qui sert à diaboliser encore plus la Russie aux yeux de l’Occident. Les libéraux, l’oligarchie financière globale, et les atlantistes (les USA et l’élite financière) tentent de provoquer l’hostilité envers la Russie et l’Europe, de même qu’ils tentent de sauver leur règne chancelant en promouvant des conflits ethniques. La guerre en Ukraine est la première étape d’une série de conflits ethniques sur le sol européen. L’élite libérale globale prépare des guerres ethniques non seulement en Ukraine et en Russie mais aussi en Allemagne, en France, en Europe de l’Est, et dans d’autres endroits. L’empire libéral tente de sauver son hégémonie en cours d’effondrement en nous divisant.

    Nous devons résister et construire une meilleure Europe, une Europe vraiment européenne. Dans une telle situation, la Russie est une amie et les USA sont l’ennemi. Nous devons travailler à une alliance russo-européenne, pas parce que les Européens aiment la Russie ou que les Russes aiment les Européens, mais parce que nous devons nous unir pour sauver chacun d’entre nous devant le danger qui nous menace tous.

    source: https://www.geopolitica.ru/fr/article/quest-ce-qui-ne-va-pas-avec-leurope

    http://reseauinternational.net/quest-ce-qui-ne-va-pas-avec-leurope/

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    Macron est le pion d'Attali, ambassadeur, en France, du Nouvel Ordre Mondial monstrueux. A ce titre, par ex, le nouveau Président fera tout pour éradiquer les villages, les petites communes, le petit commerce... au profit des mégapoles invivables, des centres commerciaux gigantesques. Macron est fasciné par l'Amérique... Pauvre France !

    eva R-sistons (chantal dupille)

    Baudelaire et la conspiration géographique

    Baudelaire et la conspiration géographique

    Lisons les Fleurs de Baudelaire moins bêtement qu’à l’école. Et cela donne :

    Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville

    Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel)…

    On est dans les années 1850, au début du remplacement haussmannien de Paris. Baudelaire comprend ici l’essence du pouvoir proto-fasciste bonapartiste si bien décrit par son contemporain Maurice Joly ou par Karl Marx dans le dix-huit brumaire. Et cette société expérimentale s’est étendue à la terre entière. C’est la société du spectacle de Guy Debord, celle ou l’Etat profond et les oligarques se mêlent de tout, en particulier de notre « environnement ». C’est ce que je nomme la conspiration géographique.

    La conspiration géographique est la plus grave de toutes. On n’y pense pas assez, mais elle est terrifiante. Je l’ai évoqué dans mon roman les territoires protocolaires. Elle a accompagné la sous-culture télévisuelle moderne et elle a créé dans l’ordre :

    • Les banlieues modernes et les villes nouvelles pour isoler les pauvres.
    • Les ghettos ethniques pour isoler les immigrés.
    • La prolifération cancéreuse de supermarchés puis des centres commerciaux. En France les responsabilités du gaullisme sont immenses.
    • La hideur extensive des banlieues recouvertes d’immondices commerciaux ou « grands ensembles » conçus mathématiquement.
    • La tyrannie américaine et nazie de la bagnole pour tous ; le monde des interstates copiés des autobahns nazies qui liquident et recouvrent l’espace millénaire et paysan du monde.
    • La séparation spatiale, qui met fin au trend révolutionnaire ou rebelle des hommes modernes depuis 1789.
    • La décrépitude et l’extermination de vieilles cités (voyez Auxerre) au profit des zones péri-urbaines, toujours plus monstrueuses.
    • La crétinisation du public et sa déformation physique (le docteur Plantey dans ses conférences parle d’un basculement morphologique) : ce néo-planton est en voiture la moitié de son temps à écouter la radio.
    • La fin de la conversation : Daniel Boorstyn explique dans les Américains que la circulation devient le sujet de conversation numéro un à Los Angeles dans les années cinquante.

    Dans Slate.fr, un expert inspiré, Franck Gintrand, dénonce l’horreur de l’aménagement urbain en France. Et il attaque courageusement la notion creuse et arnaqueuse de smart city, la destruction des centres villes et même des villes moyennes, les responsabilités criminelles de notre administration. Cela donne dans un de ses derniers textes (la France devient moche) :

    « En France, cela fait longtemps que la survie du commerce de proximité ne pèse pas lourd aux yeux du puissant ministère de l’Economie. Il faut dire qu’après avoir inventé les hypermarchés, notre pays est devenu champion d’Europe des centres commerciaux. Et des centres commerciaux, ça a quand même beaucoup plus de gueule que des petits boutiquiers… Le concept nous vient des États-Unis, le pays des «malls», ces gigantesques espaces dédiés au shopping et implantés en banlieue, hermétiquement clos et climatisé. »

    Il poursuit sur l’historique de cet univers totalitaire (pensez à Blade runner, aux décors de THX 1138) qui est alors reflété dans des films dystopiques prétendant décrire dans le futur ce qui se passait dans le présent.

    La France fut ainsi recouverte de ces hangars et autres déchetteries architecturales. Godard disait que la télé aussi recouvrait le monde. Gintrand poursuit à propos des années soixante :

    « Pas de centres commerciaux et multiples zones de périphérie dans «La France défigurée», célèbre émission des années 70. Et pour cause: notre pays ne connaissait à cette époque que le développement des hypermarchés (le premier Carrefour ouvre en 1963). On pouvait regretter l’absence totale d’esthétique de ces hangars de l’alimentaire. »

    Le mouvement est alors ouest-européen, lié à la domination des trusts US, à la soumission des administrations européennes, à la fascination pour une fausse croissance basée sur des leurres (bagnole/inflation immobilière/pseudo-vacances) et encensée par des sociologues crétins comme Fourastié (les Trente Glorieuses). Dans les années cinquante, le grand écrivain communiste Italo Calvino publie un premier roman nommé la Spéculation immobilière. Ici aussi la liquidation de l’Italie est en marche, avec l’exploitation touristique que dénonce peu après Pasolini, dans ses si clairvoyants écrits corsaires.

    En 1967, marqué par la lecture de Boorstyn et Mumford, Guy Debord écrit, dans le plus efficace chapitre de sa Société du Spectacle :

    « Le moment présent est déjà celui de l’autodestruction du milieu urbain. L’éclatement des villes sur les campagnes recouvertes de « masses informes de résidus urbains » (Lewis Mumford) est, d’une façon immédiate, présidé par les impératifs de la consommation. La dictature de l’automobile, produit-pilote de la première phase de l’abondance marchande, s’est inscrite dans le terrain avec la domination de l’autoroute, qui disloque les centres anciens et commande une dispersion toujours plus poussée ».

    Kunstler a très bien parlé de cette géographie du nulle part, et de cette liquidation physique des Américains rendus obèses et inertes par ce style de vie mortifère et mécanique. Les films américains récents (ceux du discret Alexander Payne notamment) donnent la sensation qu’il n’y a plus d’espace libre aux Etats-Unis. Tout a été recouvert de banlieues, de sprawlings, de centres commerciaux, de parkings (c’est la maladie de parking-son !), d’aéroports, de grands ensembles, de brico machins, de centrales thermiques, de parcs thématiques, de bitume et de bitume encore. Voyez Fast Food nation du très bon Richard Linklater.

    Je poursuis sur Debord car en parlant de fastfood :

    « Mais l’organisation technique de la consommation n’est qu’au premier plan de la dissolution générale qui a conduit ainsi la ville à se consommer elle-même. »

    On parle d’empire chez les antisystèmes, et on a raison. Ne dit-on pas empirer ?

    Je rappelle ceci dans mon livre noir de la décadence romaine.

    « Pétrone voit déjà les dégâts de cette mondialisation à l’antique qui a tout homogénéisé au premier siècle de notre ère de la Syrie à la Bretagne :

    « Vois, partout le luxe nourri par le pillage, la fortune s’acharnant à sa perte. C’est avec de l’or qu’ils bâtissent et ils élèvent leurs demeures jusqu’aux cieux. Ici les amas de pierre chassent les eaux, là naît la mer au milieu des champs. En changeant l’état normal des choses, ils se révoltent contre la nature. »

    Plus loin j’ajoute :

    Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque :

    « On entreprend des voyages sans but; on parcourt les rivages; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »

    Extraordinaire, cette allusion au délire immobilier (déjà vu chez Suétone ou Pétrone) qui a détruit le monde et son épargne :

    « Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d’en démolir d’autres, de reculer les rives de la mer, d’amener l’eau malgré les difficultés du terrain… »

    Je laisse Mumford conclure.

    « Le grand historien Mumford, parlant de ces grands rois de l’antiquité, parle d’une « paranoïa constructrice, émanant d’un pouvoir qui veut se montrer à la fois démon et dieu, destructeur et bâtisseur ».

    Nicolas Bonnal

    Bibliographie

    Bonnal – Les territoires protocolaires ; le livre noir de la décadence romaine ; les maîtres carrés

    Debord – La société du spectacle

    Kunstler – The long emergency

    Mumford – La cité dans l’histoire (à découvrir absolument)

    http://reseauinternational.net/baudelaire-et-la-conspiration-geographique/

     

    Le XXIe siècle, le nouveau Moyen Âge

     

    J'aime aussi ces textes, récents :

    Le XXIe siècle, le nouveau Moyen Âge

    Comment la culture moderne détruit nos pays (suite)

     

     


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  •  

    Mon témoignage personnel,

    à la fin de cette parution sur la menace Macron

    http://actualiteevarsistons.eklablog.com/la-menace-macron-par-chantal-dupille-dite-eva-r-sistons-a130126832

     

    Selon L’Obs, le PS préparait un coup d’Etat

    en cas de victoire de Le Pen

     

    Selon L’Obs, le PS préparait un coup d’Etat en cas de victoire de Le Pen

    Selon un rapport extraordinaire publié hier dans L’Obs, des hauts responsables du gouvernement PS sortant ont projeté d’organiser un coup d’état si Marine Le Pen, la candidate du Front National (FN), avait remporté l’élection.

    Le but de l’opération n’était pas d’empêcher Le Pen d’entrer en fonction. Le coup était supposé écraser des manifestations de gauche contre sa victoire, imposer l’état de siège, et installer Le Pen au pouvoir dans une alliance forcée avec un gouvernement PS.

    « Personne n’ose imaginer ce que sera le lendemain du deuxième tour si Marine Le Pen l’emporte. Un embrasement s’annonce », écrit L’Obs, qui explique : « Les stratèges qui ont conçu ce plan B anticipent qu’au lendemain de la victoire du Front National le pays risque de se retrouver au bord du chaos. Etat de sidération, manifestations républicaines, mais surtout violences extrêmes, notamment de la part de l’ultra-gauche ».

    « Le plan n’avait jamais été écrit noir sur blanc, mais tout était fin prêt », écrit L’Obs. « Son déroulé était si précisément envisagé qu’une poignée de membres du gouvernement, de directeurs de cabinet et de très hauts responsables de l’Etat peuvent encore le décrire de tête, étape par étape. (…) Pour en donner les détails, ‘L’Obs‘ a recoupé les éléments auprès de trois sources, au sein du gouvernement sortant et d’institutions de l’Etat ».

    Le plan incluait le lancement d’interventions de police massives destinées à quadriller la France, et un coup quasi-constitutionnel lancé par un refus du premier ministre sortant, Bernard Cazeneuve, de démissionner. L’Obs cite un haut responsable : « Le pays aurait été à l’arrêt. Le gouvernement n’aurait eu qu’une seule priorité : assurer la sécurité de l’Etat ».

    En clair, on aurait tenté d’imposer une dictature militaro-policière en France. Des droits démocratiques fondamentaux sont déjà suspendus par l’état d’urgence, prolongé en permanence par le PS depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. La police peut interdire des manifestations, détenir des individus, et les assigner à résidence. Le projet rapporté par L’Obs aurait signifié l’usage maximal de ces pouvoirs afin d’imposer un état de siège et suspendre de manière permanente le fonctionnement normal de l’Etat.

    Les Directions départementales de la sécurité publique (DDSP) auraient toutes, sans exception, fait part au ministère de l’Intérieur de leur « crainte » d’une victoire Le Pen, alors que l’appareil d’Etat se préparait à une éventuelle crise post-électorale. L’Obs cite aussi une note du renseignement, déjà citée par Le Parisien : « Des mouvements d’extrême gauche, plus ou moins implantés, chercheront sans nul doute à organiser des manifestations dont certaines pourraient entraîner des troubles sérieux ».

    En même temps, selon L’Obs, les syndicats de police faisaient pression pour obtenir le droit d’utiliser des armes létales contre des manifestants, dont des grenades de désencerclement et des lanceurs de balles de défense. « Les instructions données de ne pas utiliser tel ou tel matériel deviennent insoutenables », a déclaré un syndicaliste Unsa-Police.

    A l’intérieur de l’appareil d’Etat, le refus de Cazeneuve de démissionner devait « geler la situation politique », selon l’une des sources de L’Obs, et en exploitant une particularité de la constitution, lancer un coup pseudo-constitutionnel contre le président nouvellement élu :

    « Dans un premier temps, il est prévu qu’après le second tour de la présidentielle, le chef de gouvernement ne remettra pas sa démission. Certes, le maintien en poste du Premier ministre est contraire aux usages républicains, mais sa démission n’est en rien une obligation constitutionnelle. Dans un second temps, le Parlement sera convoqué en session extraordinaire. Une date est même envisagée : le jeudi 11 mai. Ordre du jour : la crise nationale provoquée par les violences qui ont suivi le scrutin. Les députés se verront alors demander un vote de confiance ».

    Le parlement aurait donc été sommé de donner un satisfecit pseudo-légal à un coup d’état mijoté par la police et le renseignement dans le dos des Français. Ce gouvernement pseudo-constitutionnel devait durer au moins jusqu’aux élections législatives des 11 et 18 juin, à supposer que les nouvelles autorités auraient permis le déroulement normal des législatives.

    Ce que décrit ici L’Obs aurait été la suspension la plus grave des procédures démocratiques en France par les forces de sécurité depuis la guerre d’Algérie, quand des officiers partisans de l’Algérie française ont lancé un putsch à Alger en mai 1958. Ils ont ensuite lancé un coup, Opération Résurrection, pour renverser le gouvernement à Paris. Charles de Gaulle a profité de l’occasion pour s’arroger les pleins pouvoirs et ordonné à ses partisans de ré-écrire en vitesse la constitution, ce qui a produit la Cinquième République actuelle.

    Le silence médiatique sur l’article de L’Obs est assourdissant. Ce reportage soulève des questions politiques fondamentales, ainsi que des questions sérieuses sur le gouvernement que va installer le nouveau président, Emmanuel Macron.

    Y a-t-il d’autres scénarios à part l’élection de Le Pen dans lesquels la police et le renseignement suspendraient la constitution et imposeraient un état de siège ?

    Et si le ministère de l’Intérieur traite de menace intolérable toute manifestation de gauche où des violences pourraient être commises, par des manifestants ou des provocateurs, prépare-t-on des opérations similaires pour réprimer des manifestations contre les politiques d’austérité et de guerre de Macron ? La police pourrait-elle réagir à l’exercice de droits de grève et de manifestation inscrits à la constitution en tentant d’imposer une dictature ?

    Un quart de siécle d’austérité en France et à travers l’Union européenne après la dissolution stalinienne de l’Union soviétique ont transformé le capitalisme européen. Les inégalités économiques et la colère sociale sont à des niveaux record, et les vieux systèmes politiques et sociaux s’effondrent. La répression brutale l’année dernière de manifestations contre la loi travail du PS, imposée sans vote parlementaire dans le cadre de l’état d’urgence le plus long de l’histoire de France, témoigne du stade avancé de la décomposition de la démocratie française.

    Dans ces conditions, les tentatives des responsables PS et de L’Obs de minimiser l’importance de son reportages sont profondément fausses. Leurs déclarations rassurantes selon lesquelles l’opération était constitutionnelle et aurait rapidement débouché sur le rétablissement du fonctionnement normal de la Cinquième République n’ont aucune valeur.

    Le Premier ministre sortant Bernard Cazeneuve lui-même a crédibilisé le reportage de L’Obs par sa déclaration qu’il n’avait « aucunement l’intention de déserter le front de Matignon, au cas où Marine Le Pen emporterait la présidentielle ». Contacté par L’Obs dans le cadre de leur reportage, ses proches ont déclaré que Cazeneuve « n’a jamais, jamais mentionné ce scénario ».

    Quant à L’Obs, le magazine insiste que le projet de coup était constitutionnel. Prenant au mot les responsables du PS, qui insistaient qu’ils auraient remis le pouvoir au nouveau gouvernement après les législatives, L’Obs conclut seulement que cela aurait été « une parenthèse inédite dans l’histoire de la République ».

    En fait, si la police et le renseignement avaient tenté de mettre ces projets à exécution, ils auraient rompu visiblement avec les usages républicains et ouvert la voie à une rupture même plus large de la classe dirigeante avec les formes démocratiques. Cela aurait été le prélude à une confrontation violente avec les travailleurs, parmi lesquels un engagement profond subsiste envers la démocratie.

    Alexandre Lantier

    source: https://www.wsws.org/fr/articles/2017/mai2017/lobs-m19.shtml

    http://reseauinternational.net/selon-lobs-le-ps-preparait-un-coup-detat-en-cas-de-victoire-de-le-pen/


     


    3 commentaires
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    Voir aussi :

    E.Macron, M.Le Pen, les retraités doivent savoir ce qui les attend avec eux (chantal dupille, pseudo eva R-sistons)

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    Hausse de la CSG : les petites retraites taxées

    pour remplir les poches des grands patrons

     

    par PRCF (son site)
    jeudi 18 mai 2017

     

    A peine élu, l’une des premières mesures de Macron va être d’augmenter les impôts des travailleurs. Avec une hausse de 1,7 point de la CSG, cet impôt qui frappe les salariés. Le but de cet hausse d’impôts ? permettre des baisse de cotisations sociales à hauteur 20 milliards d’euros. En pratique cela revient à nouveau à baisser les salaires pour remplir les coffres des actionnaires. Et satisfaire ainsi les ordres de la Commission Européenne de « d’augmenter la compétitivité en baissant le cout du travail », ce qui signifie baisser les salaire pour faire gonfler le taux de profit.

     

    Cette hausse de la CSG va attaquer principalement les retraités, les indépendants et les fonctionnaires. En effet, pour camoufler cette mesure brutale d’euro austérité, le programme ni de gauche ni de gauche de En Marche consiste à supprimer les cotisations assurance maladie et assurance chômage (3,15% du salaire brut). Rendant invisible (dans un premier temps, la supercherie est démasquée plus bas) la hausse d’impôt pour de nombreux travailleurs. Sauf que retraités, indépendants et fonctionnaires ne versent pas ces cotisations. Et eux auront une hausse net de 1,7 point de leurs impôts.

    Rappelons que la CSG a été imposée par l’art 49.3 par le gouvernement Rocard, un gouvernement soutenu par l’actuel premier ministre de Macron et dont le président Macron ne rechigne pas à se réclamer.

    Retraités ce que Macron va vous prendre pour enrichir les riches

    L’augmentation de la CSG de Macron c’est faire les poches des retraités. Et les communistes du PRCF ont fait le calcul :

    Si votre retraite est de

    • 1200 € mensuel, alors vous allez payer 245€ de CSG en plus par an
    • 1500 € mensuel, alors vous allez payer 306€ de CSG en plus par an
    • 1700 € mensuel, alors vous allez payer 346€ de CSG en plus par an
    • 2000 € mensuel, alors vous allez payer 408 € de CSG en plus par an

    Comme si avec une retraite de 1200 € on était riche. Un véritable scandale, que chacun peut stopper par la mobilisation sociale la plus forte et la plus rapide possible, mais également dans les urnes aux législatives en barrant la route à Macron et ses alliés des LR/PS/EELV et son seul argument électoral, le vote FN.

    Mise en danger de la sécurité sociale et de l’assurance chômage

    La supercherie c’est aussi que cette hausse d’impôt vise également à casser la sécurité sociale et l’assurance chômage. Car il s’agit de faire passer le financement de la sécurité sociale et de l’assurance chômage vers d’impôts alors qu’aujourd’hui ce financement est assuré par les salaires versés par le patronat, une cotisation exclusivement dédiées au financement de la sécu et de l’assurance chômage. Une façon donc d’assécher les ressources de la sécu, de diminuer les salaires différer et permettre demain avec la fusion de l’impôts sur le revenu et de la CSG prévu dans le cadre de la retenue à la source de l’impôts de faire supporter exclusivement aux salarier le financement de la sécu.

    avec Macron, attention, c’est le même programme que Hollande Fillon, celui des LR et du PS, qui n’est que la transcription des ordres données par le MEDEF et imposés par l’Union Européenne. Baisser les salaires, casser la sécu pour enrichir les actionnaires, les banquiers, les spéculateurs, c’est à dire cette petite classe capitaliste qui se partage des milliards de milliards tandis que retraités, jeunes, familles s’enfoncent dans la précarité et la misère.

    source : http://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/hausse-de-csg-petites-retraites-taxees-remplir-poches-grands-patrons/

    Aux origines de la CSG par la CGT

    Aux origines de la CSG

    Les Etats-Généraux de la Sécurité Sociale sont convoqués en 1987 pour envisager, notamment, » le recours à l’impôt pour financer certaines prestations « .Le financement de la Sécurité Sociale par l’impôt poursuit deux objectifs :

    – réduire puis supprimer complètement la part patronale des cotisations et notamment des cotisations de la branche famille payées intégralement par les employeurs, pour augmenter les profits. Le représentant du CNPF aux Etats-Généraux, Pierre Guillen, ne s’en cache d’ailleurs pas : » Les allocations familiales s’élèvent à 150 milliards. Or précisément, les entreprises ont besoin de 150 milliards ! « 

     

    réduire les prestations pour ouvrir la voie aux assurances privées. En effet, à la veille de sa nomination comme Premier Ministre par Mitterrand, Balladur écrit : » Il a été proposé que les entreprises soient progressivement déchargées du financement de la politique familiale, qui n’est normalement pas de leur ressort. Ce financement serait transféré à l’Etat, quitte à ce que celui-ci, dans sa gestion, opère les économies qui lui permettraient de supporter cette charge nouvelle sans augmentation des impôts. »

    La recherche d’économies sur les prestations sociales sera renforcée par la pression des contraintes budgétaires pesant sur l’Etat.

    S’engage alors une offensive sans limite visant à fiscaliser les ressources de la Sécurité Sociale, exonérer les entreprises de leurs cotisations, réduire les dépenses de santé et favoriser le développement des établissements et des assurances privées. C’est dans ce contexte que naît la Contribution Sociale Généralisée (CSG).

    Lorsque le ministre socialiste Michel Rocard fit adopter la loi instaurant la CSG le 19 novembre 1990 grâce à l’article 49-3 de la Constitution permettant au gouvernement de légiférer par ordonnance, il prit soin de préciser : » nos choix sont clairs. La CSG est un impôt « .

    La CGT mobilisera contre ce projet et organisera, avec d’autres organisations syndicales, des grèves et des manifestations massives pour le retrait de la CSG. Le secrétaire général de la CGT souligna à l’époque que l’action du 14 novembre 1990 » est dirigée contre la CSG (…) Que le gouvernement retire son projet et le problème sera réglé « .

    La CSG est néanmoins adoptée. Officiellement, elle présente l’avantage d’être assise sur une base plus large que les seuls revenus du travail. C’est encore aujourd’hui, comme on le verra plus loin, le principal argument des défenseurs de la CSG.

     

    Le véritable objectif de la CSG

    En pleine mobilisation contre la CSG, le secrétaire général de la CGT affirme : » le but de l’opération est bien de diminuer à terme les cotisations des entreprises « . Il ne croit pas si bien dire.

    Entre 1991 et 2009, la part des cotisations dans le financement de la Sécurité Sociale tombe de 86,8 à 67,3%. Tandis que la part des impôts incluant la CSG grandit de 4,9 à 28,6%.

    En 2009, la CSG représentait :

    – 36% des ressources de la caisse nationale d’assurance maladie,- 24,5% des ressources de la caisse nationale des allocations familiales

    De 1,1% à sa création, la CSG est aujourd’hui

    de :

    – 7,5% sur les revenus d’activité,

    – 6,20% sur les revenus du chômage,

    – 6,60% sur les revenus des retraites,

    – 8,20% sur les revenus du patrimoine et de placement,

    – 9,50% sur les revenus des jeux. »

    Que représente la CSG aujourd’hui ? 21% du financement de la Sécurité Sociale. Qui paie la CSG ? Les salariés à 89,6%.

    Les entreprises n’y sont pas assujetties.

    Conjointement, les exonérations de charges patronales commencent en 1992. « 

    Ce qui donne le tableau suivant (qu’on trouve également dans le site officiel de l’URSSAF déjà cité plus haut)

    CSG / CRDS

    Sur l’ensemble des revenus d’activité (après abattement de 1,75% pour frais professionnels dans la limite de 4 plafonds de la sécurité sociale).
    Contribution sociale généralisée (CSG) Contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)
    7,50 0,50

    http://www.urssaf.fr/profil/associations/baremes/baremes/taux_des_cotisations_du_regime_general_01.html

     

    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/hausse-de-la-csg-les-petites-193281

     

     


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