• Surprise ! Un média, Slate, présente François Asselineau sans parti-pris !

     

    La candidature d'Asselineau et de l'UPR n'a rien de fantaisiste

    Gaël Brustier — 14.03.2017

    François Asselineau est officiellement candidat à l’élection présidentielle. À la tête de l’Union Populaire Républicaine (UPR), il incarne le courant le plus radicalement hostile à l’Union européenne, né des débats du traité de Maastricht, vieux maintenant d’un quart de siècle.

    GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

    Avec plus de cinq cents parrainages, François Asselineau sera candidat à l’élection présidentielle. Sa radicalité anti-Union européenne (UE) est le fruit de vingt-cinq années de polarisation de la vie politique autour de la question européenne. La candidature de François Asselineau est, de ce point de vue, bien moins fantaisiste que révélatrice de l’évolution des clivages de notre pays depuis un quart de siècle.

    Il n’est pas rare de croiser le portrait de François Asselineau dans les rues de France. Petit parti à l’audience discrète mais réelle, l’Union Populaire Républicaine se distingue par un militantisme particulièrement actif et par une présence numérique rodée et efficace. Les meetings-conférences de son Président fondateur ont, dans le contexte de décomposition idéologique qui caractérise notre époque donnent une explication globale de la situation de la France, une vision du monde simple, voire simpliste des enjeux actuels, laissant parfois la place à une tentation «complotiste».


     

    Loin du Front national

    Insistant sur le «rétablissement de la démocratie» par la dénonciation des traités européens et la sortie de l’euro, l’UPR est le mouvement le plus radicalement hostile aux institutions européennes, avec pour toile de fond, une vision résolument hostile à l'impérialisme américain. C’est le cœur du programme de ce mouvement qui se réclame du programme du Conseil National de la Résistance et entend promouvoir un «programme de libération», des références historiques qui le distinguent fortement du Front national. Ce dernier, positionné désormais sur le créneau «souverainiste», est obligé d’euphémiser le volet économique de son discours anti-UE qui inquiète parfois un électorat surtout mu par le discours identitaire, autoritaire et anti-immigration traditionnel du parti des Le Pen.

     

    Si plus de cinq cents maires parrainent ce candidat, c’est aussi parce le discours anti-UE est désormais audible parmi les élus locaux et dans une partie, encore minoritaire, de la société française. Longtemps, l’Europe ne fit pas débat et n’était pas un moteur de l’ordre électoral français. La Conférence de Messine (1955), les traités de Rome et l’essentiel du processus d’intégration ne furent pas interrogés lors des campagnes électorales. Communistes et gaullistes étaient critiques et certaines voix au sein du PS émettaient une critique de fond de l’intégration européenne mais les clivages gaullisme/antigaullisme puis gauche/droite continuaient de définir la politique française.

    Rassemblement national

    C’est, en effet, en 1992 que l’intégration européenne devient un sujet de clivage important, polarisant fortement la vie politique. Maastricht avance dans deux directions: les politiques monétaires et budgétaires sont, à des degrés différents, européanisées et l’objectif d’une démocratisation du système communautaire est affichée. On passait alors d’une diplomatie entre États améliorée par la continuité des institutions communautaires à un système institutionnel affichant son objectif d’incarner une démocratie européenne en devenir.

    En se fixant l’objectif de sa propre démocratisation, le processus d’intégration européenne mettait paradoxalement en lumière son «déficit démocratique» et contribuait à reconfigurer le débat politique. En effet, le processus d’intégration européenne a contribué à redonner de la force à ce que l’historien Philippe Burrin avait défini comme étant «l’idéologie du rassemblement national» que partage l’UPR:

    «L’idée de la société nationale réunie, recomposée selon de nouvelles structures de solidarité, est au principe de toutes ces idéologies; un même antilibéralisme leur fait refuser de tenir le conflit et la division pour des données fondamentales de toute société.»

     

    François Asselineau a une expérience politique déjà ancienne mais marquée par cette césure que représente le débat sur le traité de Maastricht en 1992. Inspecteur Général des Finances, il incarne la queue de comète de la Haute-Fonction publique la plus liée au gaullisme, nostalgique des début d’un régime. Alors que la masse de ses collègues adhère au projet d’intégration européenne comme l’essentiel des élites politico-administratives française, François Asselineau milite vite contre celui-ci.

    Asselineau, l'énarque déçu de la droite 

    Membre de plusieurs cabinets ministériels de droite à partir de 1986, François Asselineau embrasse une carrière politique en devenant Conseiller de Paris, élu du RPF de Charles Pasqua sur une liste de Jean Tiberi en 2001. Directeur de cabinet au Conseil général des Hauts-de-Seine, il appartient donc à ceux des gaullistes qui ont voté Non à Maastricht au référendum de 1992.

     

    Chemin faisant, il adopte une ligne bien plus radicale que d’autres qui choisissent soit d’agir au sein de l’UMP-LR soit de suivre Nicolas Dupont-Aignan. En prônant la sortie de l’Union européenne et de la monnaie unique, l’UPR de François Asselineau fait de cet objectif politique radical le cœur de son identité, dont il sera intéressant de mesurer le potentiel électoral de départ lors de ce scrutin présidentiel.

    Le débat sur la question européenne est encore marqué par le débat sur le traité de Maastricht et, notamment, par le discours du 5 mai 1992, prononcé par Philippe Séguin à l’Assemblée Nationale, discours empreint d’une forte dimension juridique (on a vu depuis que l’Histoire avait forcé le droit et non plus l’inverse comme l’avait dit Walter Hallstein) et puisant dans le récit national et le bicentenaire de la République ce qu’il fallait d’éléments symbolique pour instiller une dimension tragique à un débat européen qui en avait cruellement manqué jusqu’alors. Vingt-cinq ans après, le débat de Maastricht produit toujours ses effets sur notre vie politique nationale.

     

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