• Commémoration du 9 mai: Discours de Poutine

    Commémoration du 9 mai: Poutine tout seul ?

    Nos dirigeants oublient le rôle historique de l’Armée rouge

    Publié le 09 mai 2015 à 9:00 dans Histoire Monde

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    « Poutine tout seul ». Le Journal du Dimanche titrait ainsi un article sur la préparation des cérémonies du soixante-dixième anniversaire de la capitulation allemande. Présentation assez effarante quand on y réfléchit. Sans compter une impressionnante collection de chefs d’État asiatiques, latino-américains ou africains, il y aura la Chine et l’Inde. Dont les troupes défileront. Deux milliards six cents millions d’habitants (plus de 35 % de la population mondiale), il est vrai que ce n’est pas grand-chose. Pour l’Europe, il y aura la Grèce aussi, et la Hongrie. Mais non, ce qui compte ce sont les absences de Merkel et Obama, et surtout celle de François Hollande. Si François Hollande n’est pas là, il n’y a personne.

    On ne reviendra pas en détail sur l’incroyable bévue européenne à l’origine de la catastrophe ukrainienne. Dont aujourd’hui les dirigeants de l’Union ne savent trop comment sortir. Finalement cadeau royal fait à Poutine qui a pu jouer à fond la carte du patriotisme et isoler durablement son opposition, si tant est qu’il y en ait eu de sérieuse. Aller ou ne pas aller à Moscou pour les cérémonies était, pour François Hollande, une question difficile à trancher. États-Unis et Allemagne boycottant, peut-être aurait-il été astucieux de jouer une musique différente. Mais il est vrai que lorsque l’on est à la remorque, plutôt dans le wagon de queue, il est difficile de changer de voie. Surtout quand on est empêtré dans la grotesque pantalonnade des Mistral, dont on ne sait plus que faire et qui vont nous coûter un bras. Et puis notre Président est occupé. Nouveau voyage officiel en Arabie Saoudite, grand pays démocratique, où l’on décapite au sabre et à tour de bras dans les rues, les coupables d’apostasie, d’adultère ou de « sorcellerie »… Ce qui n’a pas empêché François Hollande de plastronner tout sourire, le même sabre à la main.

    Donc, il n’ira pas Moscou, pour assister à ce que les médias français dénoncent déjà comme une « démonstration de force ». Comme chacun sait, lorsque l’on organise une parade militaire à l’occasion d’un événement considérable pour les russes, la moindre des choses aurait été de faire une « démonstration de faiblesse ».

    C’est dommage. Malheureusement la médiocrité politique française et les rodomontades des médias se nourrissent aussi d’une inculture historique qui confine parfois au révisionnisme. C’est Christophe Cambadélis qui nous dit sur Twitter : « Hollande est un bouclier pour les Français et Valls un glaive dans les réformes » recyclant ainsi la vieille métaphore pétainiste. C’est Esther Benbassa, sénatrice verte élue sur une liste socialiste qui n’hésite pas : « c’est ainsi quand la République avait clairement rompu son contrat avec les juifs en les déportant que la confiance de ces derniers comment ça à faiblir ». Ignorant que la République fut assassinée le 10 juillet 1940 (avec certes le vote de la majorité des groupes socialistes au Parlement), et que les déportations, c’est quand même l’Allemagne même si « l’État français » donna un petit coup de main.

    Alors, il ne faut pas trop en demander au Président de la République. Par exemple de savoir que la « Grande Guerre Patriotique » est un énorme traumatisme dans la mémoire russe, bien au-delà de ce que représente la première guerre mondiale pour la France. De savoir aussi qu’en Russie on aime la France et qu’un des symboles forts de cette amitié est l’aventure de l’escadrille « Normandie Niemen ». Participation voulue par De Gaulle et acceptée par Staline pour que des Français combattent aux côtés des soldats soviétiques. Américains et britanniques ont équipé l’URSS en matériel et en vivre « mais la France, terrassée, n’avait rien d’autre à donner que ses hommes».

    Et tous les écoliers russes connaissent l’histoire de Maurice de Seynes et de son mécano le sergent Bélozoube (dit le philosophe). Le 15 juillet 1944, leur unité devait rejoindre un terrain afin de rester au plus près du front. Lors de ces déplacements, il était d’usage que le mécanicien voyage dans le monoplace avec son pilote. Dans une petite niche très étroite qui empêchait le port du parachute. Le capitaine Maurice de Seynes s’envole donc avec son mécanicien soviétique. Peu après le décollage, le pilote victime d’une fuite d’essence dans la cabine revint au terrain. Aveuglé puis intoxiqué, il tenta d’atterrir à plusieurs reprises, en vain. Il reçut l’ordre du commandant russe du régiment de reprendre de l’altitude et de sauter en parachute. À la guerre, un pilote est plus précieux qu’un mécano. Refus du capitaine de Seynes qui fit une ultime tentative pour poser son avion. Qui s’écrasa tuant ses deux passagers. Ils furent enterrés dans la même tombe.

    Le général Zakharov, qui commandait l’aviation soviétique pendant la guerre, vint saluer la mère de Maurice de Seynes, quelques années plus tard à Paris. Il trouva deux portraits accrochés au mur : un de son fils Maurice et l’autre de Vladimir Bélozoube. «Mon général, j’avais un seul fils, et il a eu la possibilité de se sauver… Mais alors notre honneur aurait été entaché. »

    Dans le quartier de Lefortovo à Moscou, se trouve le cimetière de Wedensk qui comprend le carré des pilotes Français de  Normandie Niémen tués en opération. Régulièrement fleuri, Il n’aura pourtant pas la visite de François Hollande le 9 mai prochain. Qui s’en moque. Lors des obsèques aux invalides d’un des plus illustres d’entre eux, le Compagnon de la Libération Roland de la Poype en octobre 2013, le gouvernement français ne s’était pas fait représenter. Le gouvernement Russe si, accompagné des Chœurs de l’Armée Rouge. Il faut croire que ces moujiks, ont le sens des convenances.

    L’absence de François Hollande, il est probable que Vladimir Poutine s’en moque. Pire, cela doit l’arranger et le conforter que celui-ci, se dispense de venir rendre hommage à des soldats français. Et à travers eux à tous ces soldats soviétiques, les «frontovikis », les guerriers du froid dont les énormes sacrifices ont permis, qu’on le veuille ou non, de sauver la civilisation.

    Accomplir ce geste, tout en maintenant l’expression de ses désaccords, aurait eu une belle portée politique.

    L’historien Yves Donjon venu à Moscou en mai 2011 à l’occasion des célébrations consacrées au Jour de la Victoire avait pris un taxi. Quand le chauffeur appris pour quelle raison il était là, il refusa d’accepter de l’argent du trajet, disant simplement : « Merci de vous souvenir ».

    Encore faut-il avoir de la mémoire.

    *Photo : Ivan Sekretarev/AP/SIPA. AP21564943_000032.

    http://www.causeur.fr/9mai-poutine-russie-ukraine-32753.html#

    Vladimir Poutine : Discours à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire de 1945 (VOSTFR)

     

    Discours de Vladimir Poutine durant la parade militaire sur la Place Rouge à Moscou, à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique de 1941 à 1945. 

    Source : http://en.kremlin.ru/events/president/transcripts/49438

    Traduction : http://www.sayed7asan.blogspot.fr 

     

    Vidéo sous-titrée : https://www.youtube.com/watch?v=93RPm7oaCko

     

    Transcription :

    Mes chers concitoyens russes,

    Chers vétérans,

    Honorables invités,

    Camarades soldats de l’armée de terre et de la marine, sergents et officiers mariniers, aspirants et adjudants,

    Camarades officiers, généraux et amiraux,

    Je vous adresse à tous mes félicitations en ce 70e Anniversaire de la Victoire de la Grande Guerre Patriotique !

    Aujourd’hui, alors que nous célébrons cet anniversaire sacré, nous nous rendons compte à nouveau de l’ampleur de la Victoire sur le nazisme. Nous sommes fiers que ce soient nos pères et grands-pères qui aient réussi à surmonter, écraser et détruire cette force obscure.

    Le projet inconscient d’Hitler est devenu une dure leçon pour la communauté internationale tout entière. A l’époque, dans les années 1930, l’Europe éclairée n’a pas été capable de voir la menace mortelle qui résidait dans l’idéologie nazie.

    Aujourd’hui, soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle encore à la sagesse et à la vigilance. Nous ne devons pas oublier que les idées de suprématie raciale et d’exclusivisme ont provoqué la guerre la plus sanglante de l’Histoire. Cette guerre a affecté près de 80% de la population mondiale. Beaucoup de pays européens ont été réduits en esclavage et occupés.

    L’Union soviétique a subi les attaques les plus cruelles de l’ennemi. Les forces d’élite nazies ont été lancées sur elle. Toute leur puissance militaire a été concentrée contre elle. Et toutes les grandes batailles décisives de la Seconde Guerre mondiale, en termes de troupes, de puissance militaire et d’équipements impliqués, ont eu lieu en URSS.

    Et sans surprise, c’est l’Armée Rouge qui, en prenant Berlin dans une campagne fulgurante, a porté le coup final à l’Allemagne d’Hitler et a mis fin à la guerre.

    Toute notre nation multi-ethnique s’est dressée pour lutter pour la liberté de notre Patrie. Tout le monde a porté le lourd fardeau de la guerre. Et d’un même élan, tout notre peuple a réalisé un exploit immortel pour le Salut de la Patrie. Il a déterminé l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Il a libéré les nations européennes des nazis.

    Tous les Vétérans de cette guerre, où qu’ils vivent aujourd’hui, devraient savoir qu’ici, en Russie, nous apprécions hautement leur courage, leur force et leur dévouement à la fraternité de la première ligne.

    Chers amis,

    La Grande Victoire restera toujours une apogée héroïque dans l’histoire de notre pays. Mais nous rendons également hommage à nos alliés dans la coalition antihitlérienne. 

    Nous sommes reconnaissants envers les peuples de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis d’Amérique pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants envers les antifascistes de tous les pays qui ont généreusement combattu l’ennemi en tant que partisans et membres de la résistance clandestine, y compris en Allemagne même. 

    Nous nous souvenons de la rencontre historique sur l’Elbe [entre forces soviétiques et américaines], et de la confiance et de l’unité qui devinrent notre patrimoine commun et un exemple de l’unification des peuples pour la paix et la stabilité. 

    Ce sont précisément ces valeurs qui sont devenues le fondement de l’ordre mondial d’après-guerre. L’Organisation des Nations Unies a été créée et le système du droit international moderne a émergé.

    Ces institutions ont concrètement prouvé leur efficacité pour résoudre les différends et les conflits.

    Cependant, dans les dernières décennies, les principes de base de la coopération internationale en sont venus à être de plus en plus ignorés. Ce sont les principes qui ont été durement gagnés par l’humanité à la suite des épreuves de la guerre mondiale.

    Nous avons vu des tentatives visant à établir un monde unipolaire. Nous voyons le bloc de la force brute prendre de l’ampleur. Tout cela porte atteinte à un développement mondial durable.

    La création d’un système de sécurité égal pour tous les Etats devrait devenir notre tâche commune. Un tel système constituerait une réponse adéquate aux menaces modernes, et il devrait reposer sur une base régionale et mondiale sans blocs opposés. C’est la seule voie qui puisse nous permettre d’être en mesure d’assurer la paix et la tranquillité sur la planète.

    Chers amis,

    Nous saluons aujourd’hui tous nos invités étrangers et exprimons notre gratitude aux représentants des pays qui se sont battus contre le nazisme et le militarisme japonais.

    Outre les militaires de Russie, des unités de parade de dix autres Etats vont également défiler à travers la Place Rouge. Elles comprennent des soldats de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan. Leurs ancêtres ont combattu coude à coude, à la fois en première ligne et à l’arrière.

    Il y a également des soldats de la Chine, qui, tout comme l’Union soviétique, a perdu des millions de vies dans cette guerre. La Chine a également été le principal front dans la lutte contre le militarisme en Asie.

    Les soldats indiens se sont eux aussi battus courageusement contre les nazis. Les troupes serbes ont également offert une résistance forte et implacable face aux fascistes. Tout au long de la guerre, notre pays a reçu un fort soutien de la Mongolie. Et maintenant, dans une formation de parade unique, sont réunis les petits-fils et arrière-petits-fils de la génération de la guerre. Le Jour de la Victoire est notre fête commune. 

    La Grande Guerre Patriotique fut en fait la bataille pour l’avenir de l’humanité tout entière. 

    Nos pères et nos grands-pères ont subi des souffrances, des privations et des pertes indescriptibles. Ils ont œuvré jusqu’à l’épuisement, jusqu’aux limites de la capacité humaine. Ils se sont battus jusqu’à la mort. Ils ont montré un exemple d’honneur et de véritable patriotisme.

    Nous rendons hommage à tous ceux qui ont combattu jusqu’à la mort pour chaque rue, chaque maison et chaque frontière de notre Patrie. Nous nous inclinons devant ceux qui ont péri dans les combats acharnés près de Moscou et à Stalingrad, à Koursk et sur le Dniepr.

    Nous nous inclinons devant ceux qui sont morts de la famine et du froid à Leningrad l’invaincue, à ceux qui ont été torturés à mort dans les camps de concentration, en captivité et sous l’occupation.

    Nous nous inclinons avec affection à la mémoire des fils, filles, pères, mères, grands-parents, maris, épouses, frères, sœurs, compagnons d’armes, parents et amis, à la mémoire de tous ceux qui ne sont jamais revenus de la guerre, tous ceux qui ne sont plus parmi nous.

    Nous faisons une minute de silence à leur mémoire.

    [Minute de silence]

    Nos chers anciens combattants,

    Vous êtes les principaux protagonistes de la Grande Fête de la Victoire. Votre exploit héroïque a permis d’instaurer une vie digne et paisible pour de nombreuses générations. Elle leur a permis de construire leur existence et d’avancer sans crainte.

    Et aujourd’hui, vos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants se montrent à la hauteur des hautes exigences que vous avez établies. Ils œuvrent pour le bien du présent et de l’avenir de leur pays. Ils servent leur patrie avec dévouement. Ils répondent aux défis complexes de notre temps avec honneur. Ils garantissent le succès, la prospérité et la puissance de notre patrie, notre Russie !

    Gloire au peuple victorieux ! 

    Bonne fête à tous ! 

    Félicitations pour le Jour de la Victoire ! 

    Hourra !

    [Soldats : Hourra ! Hourra ! Hourra !]

    [Hymne national de la Fédération de Russie.]


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  • Commentaires

    1
    sabrina
    Dimanche 10 Mai 2015 à 00:04

    Un grand merci pour cet article.


    Merci de témoigner à Vladimir Poutine et à tout son peuple toute ma reconnaissance pour avoir rendu libre l'Europe avec toute mon amitié à tous


     


    Sabrina

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