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Atouts et dangers de l’intelligence artificielle
Sommes-nous maîtres de nous-mêmes ?
Atouts et dangers de l’intelligence artificielle
«Là où le niveau intellectuel descend, les charlatans s’élèvent, comme ces rochers de la grève, qui ne grandissent que de l’abaissement de la marée» John Petit-Senn (1846)
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Depuis son avènement à la vie et ce que l’on appelle la civilisation dans son sens le plus large et pas dans le sens restrictif que lui assigne la doxa occidentale se voulant seule dépositaire du sens, l’homme n’a cessé d’évoluer, de muer, d’apprendre et de tenter de comprendre le monde aidé en cela par une science conquérante qui lui donne la fausse certitude prométhéenne que l’éternité était à sa portée. Dans cette réflexion je veux faire partager aux lectrices et lecteurs ma vision inquiète d’une façon de vivre qui va trop vite- en tout cas pour moi- et qui dans le même temps, démolit par pans entiers mes certitudes, voire ma culture et ma vision du monde. Certes, les conquêtes de la science sont à saluer on vient par exemple, d’annoncer la découverte des ondes gravitationnelles, ce qui nous donne une perspective sur ce qu’a dû être la première onde gravitationnelle générée par le big bang- mais ne devons-nous plus que jamais ériger des garde-fous éthiques pour protéger la condition humaine? Quelques exemples édifiants peuvent être regardés comme des prouesses scientifiques, D’autres posent, dans le même temps des défis éthiques.
Une intelligence artificielle qui a dépassé celle de l’homme
Chacun de nous se souvient de la victoire de la machine Deep Blue d’IBM dans le combat contre le champion d’échec Gary Gasparov en 1997. Depuis les machines sont encore plus perfectionnées C’est dans ce cadre qu’apparaissent les robots qui prennent la place des travailleurs, ils travaillent vite bien et ne font pas grève. De même les robots tueurs permettent de faire des guerres par procuration. Certains s’inquiètent de l’arrivée de robots intelligents destructeurs d’emplois, voire d’une intelligence artificielle consciente qui remplacerait l’humanité. D’autres y voient au contraire un nouveau champ de progrès pour l’Homme. Les progrès rapides de l’intelligence artificielle (IA) annoncent une nouvelle ère, celle des machines capables d’apprendre par ellesmêmes ( machine learning ) et de mimer les réseaux de neurones du cerveau humain pour un apprentissage profond ( deep learning). Mais dans un futur plus ou moins proche, nous pourrions assister à la naissance de la machine consciente ou singularité technologique.
Où s’arrêtera l’apprentissage ? : « Selon Raymond Kurzweil, un des fondateurs du transhumanisme qui travaille chez Google, cette IA dotée de son propre libre arbitre dépassera l’homme et pourra fabriquer des machines encore plus intelligentes. Néanmoins, la plupart des scientifiques restent sceptiques face à ces prévisions apocalyptiques, même si certaines figures respectées de la sphère technologique (Stephen Hawking, Elon Musk, Bill Gates) ont exprimé leur inquiétude. D’autres, au contraire, mettent en avant les nombreux services que vont rendre l’IA dans la santé ,le transport (voiture autonome, drones), environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain, le spatial les services clients ou le marketing (assistants personnels). Entre fascination et répulsion, l’intelligence artificielle ne laisse personne indifférent. Les autorités scientifiques, les chercheurs et les chefs d’entreprise se saisissent de cette question, à l’instar d’Orange qui voit cette révolution riche de promesses mais qui doit bénéficier au plus grand nombre » (1).
Les bienfaits « tangibles » de l’Intelligence artificielle
A côté de ces avancées somme toute utiles pour l’humanité et pour le bien-vivre. Après le coeur artificiel, il se murmure que c’est au tour du cerveau de quitter le monde organique pour rejoindre celui de l’artifice. Le cerveau pourrait être composé de neurones en nanotubes de carbone, selon des chercheurs américains. Toute médaille a son revers. Un site intéressant liste les technologies dangereuses pour l’humanité. Nous les résumons ici sans oublier naturellement l’intelligence artificielle Ces avancées sont bénéfiques et permettent de résoudre des problèmes complexes que l’intelligence humaine de ne peut résoudre dans des délais aussi courts
Comme rapporté par Claire Levenson : « En Inde, le tweet d’un passager de train sauve 26 filles de trafiquants .L’homme a alerté les autorités via Twitter après avoir repéré un groupe de filles en détresse. À bord d’un train dans l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde, un passager s’est retrouvé dans un wagon avec une vingtaine de jeunes filles dont certaines pleuraient et avaient l’air mal en point. Jugeant la situation suspecte, il a décidé d’envoyer deux tweets aux autorités ferroviaires. Il a aussi tagué le compte officiel du Premier ministre Narendra Modi. Dans son tweet, Adarsh Shrivastava donne le numéro de son train et de son wagon et écrit: «Il y a 25 filles toutes mineures, certaines pleurent et elles ont toutes l’air en situation de détresse». (2)
« Adarsh Shrivastava précise qu’il suspecte une situation de trafic d’enfants et mentionne sa location exacte. Trente minutes plus tard, le ministère ferroviaire répond à son tweet et tague la police ferroviaire avec ce message: «merci d’enquêter sur cette situation Un peu plus tard, des policiers en civil sont montés dans le train et ont arrêté les deux hommes qui détenaient les vingt-six filles, qui avaient entre 10 et 14 ans. Elles ont été transférées aux services de protection de l’enfance qui essayent de contacter leurs familles. La réaction de Shrivastava a été célébrée comme héroïque sur les réseaux sociaux, et il a répondu: «En tant que citoyen d’Inde, c’est notre responsabilité d’aider les autres». Les autorités ferroviaires indiennes avaient récemment lancé une campagne de sensibilisation destinée à encourager les passagers et passagères et employés et employées de train à notifier la police en cas de situation anormale ».(2)
Dans le même ordre de l’utilité du recours indirect à l’intelligence artificielle : « la police indienne identifie près de 3000 enfants disparus grâce à la reconnaissance faciale Une organisation de protection de l’enfance a développé un logiciel de reconnaissance faciale pour permettre de retrouver les enfants disparus du pays. Il aura fallu seulement quatre jours à la police de New Delhi pour identifier 2930 enfants disparus. La performance le doit à l’usage de la technologie de reconnaissance faciale. Le 6 avril, le ministère du Développement des femmes et des enfants annonçait que l’une des hautes cours du pays venait de commander le test d’un logiciel de reconnaissance faciale » (3).
« Utilisé sur près de 45.000 enfants de New Delhi, il a donc permis d’en identifier 6,5% comme étant portés disparus, à partir de la base de données TrackChild mise en place par le ministère, qui regroupe les photos d’enfants disparus et retrouvés et certaines informations mises à disposition par la police. L’Inde compte actuellement presque 200 000 enfants disparus, et autour de 90 000 qui sont hébergés dans diverses institutions de protection de l’enfance. Il est presque impossible pour quiconque de parcourir manuellement les photos afin de les faire correspondre à chaque enfant», a déclaré à The Better IndiaBhuwan Ribhu, le porte-parole de Bachpan Bachao Andolan (BBA), une organisation indienne de protection de l’enfance ».(3)
Encore quelques « bienfaits » de l’intelligence artificielle, « la police chinoise s’équipe de lunettes de reconnaissance faciale pour identifier des suspects : « Le dispositif peut reconnaître un individu en un dixième de seconde. Dignes de Matrix, les lunettes dont dispose désormais la police chinoise sont dotées d’un système de reconnaissance faciale. Une technologie leur permettant d’identifier, par un simple regard, un individu recherché. Les lunettes intelligentes sont reliées à des tablettes contenant une base de données répertoriant près de 10 000 personnes suspectées de délits et de crimes, ainsi que leurs photos. Lorsqu’un policier croise la route de l’un d’entre eux, il reçoit une notification en un dixième de seconde, d’après l’entreprise chinoise LLVision, à l’origine de l’appareil. Le dispositif, rapporte Quartz, aurait déjà permis à la police chinoise d’interpeller sept fugitifs soupçonnés d’activités criminelles majeures, telles que «des trafics d’êtres humains et des braquages», mais aussi vingt-six autres individus usant de fausses identités ».(4)
Dans quel monde nous vivons avec « Big Brother » pour « s’occuper » de nous ?
L’une des grandes conséquences de l’intelligence artificielle c’est sa faculté de calculer vite et de donner un résultat qui ne peut pas être acquis par l’intelligence humaine au vue des nombreuses données qu’il faut intégrer. On parle beaucoup de la surveillance et de la disparition de la vie privée. Big Brother veille sur nous. « Tout ce que vous dites écrit Mark Dries ou faites peut être et sera utilisé contre vous, n’importe quand dans un avenir lointain, lorsque le contexte et l’acceptabilité de ce que vous dites ou faites auront radicalement changé. Dans le monde de la surveillance analogique, où des personnes sont mises sous surveillance seulement après avoir été identifiées comme suspectées d’un crime, tout ce que nous disions et faisions était passager. .(…) » (5)
La surveillance analogique était passagère pour deux raisons : premièrement, on savait que toute surveillance était exercée par des personnes sur d’autres personnes ; deuxièmement, que personne n’aurait la capacité de trouver instantanément des mots-clefs dans les conversations des vingt dernières années de quiconque. Dans le monde analogique de nos parents, cela signifiait que quelqu’un aurait dû concrètement écouter vingt ans d’enregistrements sur cassette, ce qui aurait pris soixante ans (nous ne travaillons que 8 heures par jour). Dans le monde numérique de nos enfants, les agences de surveillance saisissent quelques mots et peuvent obtenir la transcription automatique des conversations, sauvegardées à tout jamais, de monsieur tout-le-monde sous surveillance, à l’écran, en temps réel, c’était la réalité aux environs de 2010 avec le programme XKEYSCORE entre la NSA et le GCHQ) ». (5)
Le bon vieux temps de l’analogique derrière nous
« Dans le monde analogique de nos parents, poursuit l’auteur, la surveillance n’existait que quand elle était active,[ c’est à dire à la demande d’une façon non systématique ndr] . Dans le monde numérique de nos enfants, la surveillance peut être activée rétroactivement pour quelle que raison que ce soit ou même sans raison, avec la conséquence flagrante que chacun d’entre nous est sous surveillance pour tout ce qu’il peut avoir fait ou dit. La génération actuelle a complètement échoué à préserver la présomption d’innocence, appliquée à la surveillance, quand on est passé de la génération de l’analogique à celle du numérique. Tout est enregistré pour pouvoir être ensuite utilisé contre vous : ce nouvel état de fait a décuplé la dangerosité de la surveillance telle qu’on la connaissait ». (5)
De même ajoute l’auteur on peut « échapper » au numérique « « À qui la faute, donc poursuit l’auteur ? Qui est responsable de la suppression de cinq générations de lutte pour les droits civiques pendant que les gens regardaient ailleurs. ()Vous avez toujours le secret de la correspondance, il vous suffit d’utiliser la bonne vieille lettre analogique ». Vous pourriez aussi bien dire à vos parents d’envoyer un télégramme pour bénéficier de droits élémentaires. « Vous pouvez toujours fréquenter librement la bibliothèque. » Certes, uniquement si elle est analogique, pas numérique « Vous pouvez encore discuter de ce que vous voulez. » Oui, mais seulement dans une rue ou une place analogique, pas dans les rues ou carrefours numériques. Les lois ne sont pas différentes pour l’analogique et le numérique. La loi ne fait pas de différence entre l’analogique et le numérique. (..) Si nous sommes suivis pas à pas dans les aéroports et autres centres commerciaux, c’est simplement pour qu’on puisse nous vendre encore d’autres trucs dont on n’a pas besoin. Cela au prix de la vie privée que nos parents analogiques tenaient pour acquise. Et on ne parle même pas de Facebook ou Google. Enfin et surtout il y a les faucons de la surveillance les politiciens qui veulent paraître « durs contre le crime », ou « impitoyables contre le terrorisme » (5)
Le combat pour la protection de la vie privée est il perdu ?
On sait que quatre grands empires se partagent le juteux marché des applications de l’intelligence artificielles. Ce que l’on appelle les Gafa ( Google, Amazon, Facebook , Apple) et même Microsoft n’ont jamais étaient aussi florissantes. Elles totalisent plus de 600 milliards de dollars et s’occupent toutes de notre futur notamment l’intelligence artificielle déclinée à la fois pour ses aspects positifs mais aussi pour les dangers potentiels que réserve le futur avec une intelligence artificielle débridée.
Ces géants attaquent d’une façon ou d’une autre la vie privée malgré des garde-fous étatiques dérisoires, le citoyen est livré à lui-même parce qu’il es abandonné par l’Etat « Cela va être une longue et difficile bataille, regagner les libertés conquises petit à petit par nos ancêtres sur environ six générations, mais quasiment abolies en une décennie .Tout ce que nos parents tenaient pour acquis en rapport avec la vie privée a été complètement éliminé pour nos enfants, au simple motif qu’ils utilisent des outils numériques plutôt qu’analogiques ; et les personnes qui interprètent les lois disent que la vie privée ne s’applique qu’à l’ancien environnement analogique de nos parents. () Une société qui repose sur la surveillance généralisée peut s’imposer en dix ans seulement, mais peut prendre des siècles à défaire ». (6)
La disparition graduelle de la vie privée est engagée selon les Gafa
La contribution suivante montre comment d’une façon diabolique, nus participons notre corps défendant à la démolition de notre défense immunitaire constitué par notre identité et déclinée de multiples façons où le moindre petit renseignement qui nous parait anodin, est une mine d’information pour les big brother, qui en tirent énormément de renseignements et en définitive nous mettent en équation
« Vinton Cerf, considéré comme l’un des pères fondateurs d’Internet et futurologue chez Google, a annoncé que conserver une vie privée sur Internet ne sera plus la norme, et que cela sera à l’avenir un objectif quasiment inatteignable. Les réseaux semblent bien avoir jeté l’idée de vie privée aux oubliettes. Nous essaimons en permanence des informations personnelles, et ce à un rythme sans cesse plus important, c’est l’un des éléments de la vie moderne qu’il faut saisir pour comprendre l’ampleur du phénomène et la situation numérique’ de la vie privée. Si je sors de chez moi pour aller faire des courses au supermarché, mon opérateur téléphonique retiendra dans ses infrastructures informatique mon déplacement, par l’intermédiaire des antennes 3G qui accrocheront’ mon portable tout au long du trajet qui me mène à Monoprix. Puis, une fois mes courses effectuées, le GIE Carte Bleu ainsi que ma banque, retiendront cet élément de ma vie privée, Monoprix – dont je possède une carte de fidélité – aura de son coté un inventaire complet de mes emplettes, lui permettant de savoir une multitude de choses à mon sujet : suis-je en couple ? (un «Mr» qui achète régulièrement des tampax ? C’est vraisemblable), quel est mon alimentation (bio ? équilibrée ? Trop de sucres ?), la taille de mon foyer (des enfants ? combien ? Quels âges ?) » (7)
« Ma consommation d’alcool, etc, etc. Ces informations, codétenues par Monoprix et le groupement d’intérêt économique «S’Miles», sont ensuite partagées avec une multitude d’acteurs, une pratique courante avec les cookies sur internet, mais qui n’a pas attendu internet pour exister. Voilà comment en à peine vingt minutes – le temps de faire mes courses – je disperse à travers une multitude de systèmes d’informations dont le grand public n’a pas vraiment conscience un nombre effrayant de données concernant directement ma vie privée. Vous noterez qu’à ce stade, je n’ai pas encore utilisé internet ». (7)
« Une fois connecté (en rentrant du supermarché, donc), l’historique complet de mes navigations est conservé dans les datacenters de mon opérateur internet, et un nombre important de mes documents situés dans le cloud’, c’est à dire dans d’autres datacenters, sont visibles de tout un tas d’entreprises, et ceci n’est qu’un tout petit aperçu des données intimes’ que je disperse en utilisant internet. Si vous êtes chez un opérateur internet «partenaire» de la DGSE – comme l’a révélé le Guardian – alors c’est la totalité des informations non chiffrées qui transitent entre votre machine et internet qui est analysée et qui alimente un «super profil» contenant une quantité astronomique de données vous concernant, vous, ainsi que vos relations. Du coup, en vertu des accords «Lustre» signés par la France en 2010 ce sont aussi bien les services secrets anglais que la NSA qui peuvent potentiellement avoir accès à tout cela » (7).
« La vie privée, lit-on sur cette contribution est menacée d’extinction dans notre monde numérique Nous devons comprendre que notre vie privée intéresse plusieurs type d’acteurs. Si on exclue la cybercriminalité, qui est assez insignifiante au final, on peu les réduire à deux ordres : les entreprises, qui cherchent à affiner leur marketing à travers l’analyse de ces données personnelles, et les Etats, qui cherchent à anticiper et comprendre les changements au sein du social afin de maintenir une certaine forme de stabilité sociale et lutter contre tout ce qui peut y porter atteinte, ainsi qu’à faire de l’intelligence économique, et, accessoirement, à lutter contre le terrorisme, ce qui est en général la raison invoquée pour justifier cette surveillance ».(8)
Dans les pays occidentaux, Big Brother s’immisce peu à peu dans les voitures connectées«Un des risques importants c’est que différents partis – des compagnies, des ministères, des corps policiers – vont pouvoir savoir où les gens se trouvent. De nombreux modèles de voitures «connectés» disponibles sur le marché recueillent déjà de grandes quantités de données personnelles. Par exemple, en jumelant son téléphone intelligent pour permettre les communications mains libres, on expose sa liste de contacts, ses appels entrants, ses textos ou ses courriels »(9)
L’intelligence artificielle incontrôlée: Une arme qui pourrait détruire l’humanité
Ce qui vient d’être décrit n’est que la partie visible de l’iceberg. Ce qui risque d’arriver est encore plus inquiétant . On sait que le nouveau siècle a vu une accélération des sciences NBIC (Nanotechnologie, Biotechnologie, Informatique Sciences cognitives) notamment celle de l’intelligence artificielle où le mot vivant est de plus en plus galvaudé du fait de son attribution aux machines. « On dit que les objets électroniques deviennent «intelligents» s’ils s’adaptent à l’utilisateur et même «vivants» quand ils communiquent avec nous de manière naturelle. Pour Jean-Claude Heudin, directeur de l’Institut de l’Internet et du Multimédia et spécialiste de l’intelligence artificielle, a propos d’objet intelligent et d’objet smart, déclare: «(..) Un objet intelligent, lui, doit en plus être capable de s’adapter à son propriétaire, par exemple en détectant et en mémorisant ses habitudes, en personnalisant ses services»(10)
Les autres projets des NBIC : Ou est passé l’éthique ?
A côté des avancées somme toute utiles pour l’humanité et pour le bien-vivre, après le cœur artificiel, il se murmure que c’est au tour du cerveau de quitter le monde organique pour rejoindre celui de l’artifice. Le cerveau pourrait être composé de neurones en nanotubes de carbone, selon des chercheurs américains. À la tête de ce projet les professeurs Alice Parker et Chongwu Zhou, spécialisés en génie électrique à l’université de Californie du Sud. Ils sont parvenus à fabriquer une synapse (zone de contact entre deux neurones) fonctionnant grâce à des nanotubes de carbone, réalisant une avancée significative dans l’utilisation des nanotechnologies pour la construction d’un cerveau synthétique. Pour atteindre ce résultat, qui pourrait révolutionner la science en général en offrant une seconde vie à tous ceux victimes de dommages cérébraux.
Il est de ce fait évident, malgré les assurances des apprentis sorciers, il nous faut faire très attention. Les conséquences de certaines avancées peuvent constituer un danger pour la condition humaine. Pour Ray Kurzveil de Google en charge des Nbic et du transhumanisme chez Google lors d’une annonce en juin 2013 lors du Global Furures 2045 International Congress à New York qui avait pour but de présenter le monde de 2045, il a été indiqué que l’humanité connaîtrait dans les années à venir, une croissance technologique totalement nouvelle et largement supérieure à celle que l’on connaît aujourd’hui plus connue sous le nom de «Singularité technologique». Ce concept tend à l’immortalité digitale, en conservant l’intelligence et le cerveau de l’homme pour l’éternité. Les progrès de l’intelligence artificielle menacent la survie de l’espèce. C’est en tout cas les avis autorisés de Bill Gates, Stephen Hawking et Elon Musk. Le célèbre physicien Stephen Hawking se montre lui aussi pessimiste. «Réussir à créer une intelligence artificielle serait le plus grand événement dans l’histoire de l’homme. Mais ce pourrait aussi être le dernier», prévient-il. L’intelligence artificielle (IA) est une menace pour le genre humain. «Tout en saluant l’utilité de cette nouvelle technologie, le professeur Hawking dit craindre les conséquences de la création d’un outil qui pourrait égaler ou dépasser les humains ».» Face à ces dangers, la communauté scientifique se mobilise. « (13)
«Une super-intelligence artificielle pourrait employer des moyens, logiques mais pervers et dangereux, d’atteindre son but () Ce genre de bug est inévitable, selon Gérard Berry, informaticien et professeur au Collège de France. Dans une interview à Rue89, il explique: «L’homme est incomplet, incapable d’examiner les conséquences de ce qu’il fait. L’ordinateur, au contraire, va implémenter toutes les conséquences de ce qui est écrit. Si jamais, dans la chaîne de conséquences, il y a quelque chose qui ne devrait pas y être, l’homme ne s’en rendra pas compte, et l’ordinateur va foncer dedans. C’est ça le bug.» (13)
Les autres inquiétudes suscitées par l’intelligence artificielle
Un site intéressant liste les autres technologies aussi dangereuses pour l’humanité. Qui font partie des NBIC: « Tout d’abord l’armement nanotechnologique . S’il y a bien une chose qui pourrait détruire la race humaine sur Terre, c’est l’utilisation des nanotechnologies à des fins militaires. Le risque vient de l’auto-réplication incontrôlée et la croissance exponentielle. La seule défense possible serait de créer un système qui perturberait les mécanismes internes des nanorobots. La plupart des experts sont donc d’accord pour instaurer un moratoire sur les nanotechnologies utilisées comme arme. L’autre danger concerne des machines conscientes C’est l’un des rêves des scientifiques : intégrer une conscience artificielle dans une machine. Cependant, il faut absolument réfléchir à ce sujet avant de se lancer. Selon le philosophe Thomas Metzinger, « aucun comité éthique dans un monde démocratique n’acceptera que de tels recherches soient lancées » ». (14)
Serons-nous toujours humains si nous sommes aussi cyborgs ?
Les espoirs des apprentis sorciers sur l’intelligence artificielle sont plus que jamais tenaces et apparemment plein de certitudes Raymond Kurzweil cité plus haut explique que «nous allons devenir de plus en plus «non-biologiques», au point où les parties non-biologiques domineront et que les parties biologiques ne seront plus importantes. En fait, la partie machine, sera si puissante, qu’elle pourra totalement modeler et comprendre la partie biologique. Du coup, même si cette partie biologique était retirée, cela ne ferait aucune différence. () Nous aurons également des corps non biologiques nous pouvons créer des corps virtuels et une réalité virtuelle aussi réaliste que la réalité réelle. Nous serons donc capables de changer de façon routinière de corps, mais aussi d’environnement, très rapidement. (15)
Où va l’humanité?
L’intelligence artificielle risque d’être si elle n’est pas contrôlée le premier risque d’extinction de l’humanité Face à ces dangers, la communauté scientifique se mobilise pour inciter le monde de la recherche à ne pas se concentrer uniquement sur le développement des capacités de l’intelligence artificielle, mais aussi sur ses bénéfices pour la société et la constitution de garde-fous. () La place des robots dans notre vie quotidienne est inéluctable: l’éducation des enfants dès la naissance, les actes de chirurgie, la production des biens de consommation. Il faut cependant faire attention que ces objets vivants ne soient pas amenés à nous «échapper» en prenant des décisions à notre place.
Devant un consumérisme sauvage, une course au profit, l’éthique sera de plus en plus «oubliée». Nul doute que l’humanité s’enfonce en aveugle sans évaluer les conséquences qui problématisent la condition humaine. S’agissant de l’immortalité promise dans trente ans, elle n’aura pas les aspects actuels. Les trans-humanistes nous promettent le téléchargement d’un disque dur de tout ce qui existe dans le cerveau. Nous faisons des expériences nous qui sommes dans l’éprouvette. Il n’est pas interdit de penser à une sélection qui ne sera pas naturelle. L’eugénisme c’est-à-dire la façon d’éliminer les faibles physiquement ou ayant une tare physique ou psychique a de tout temps existé
Bienvenu dans le monde d’Orwell où les biens nés, les riches et les puissants resteront immortels. Les autres resteront esclaves et serviront continuellement de variable d’ajustement. Ainsi ira le monde que nous promet une science prométhéenne à moins d’une prise de conscience universelle où l’égoïsme fait place à l’empathie d’autant plus nécessaire que nous sommes embarqués sur le même vaisseau. A trop jouer avec le feu, on risque de perdre ce qui est notre patrimoine le plus précieux ; notre humanité. (16)
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Notes :
1.https://hellofuture.orange.com/fr/grand-format/intelligence-artificielle-entre-espoirs-et-dangers-pour-homme/
2.https://www.slate.fr/story/164363/inde-le-tweet-passager-train-sauve-26-filles-trafiquants?
3.http://www.slate.fr/story/160891/police-inde-enfants-disparus-reconnaissance-faciale
4.http://www.slate.fr/story/157444/chine-police-lunettes-intelligentes-reconnaissance-faciale
5.https://www.contrepoints.org/2018/05/10/315864-tout-ce-que-vous-faites-dites-ou-pensez-aujourdhui-sera-utilise-demain-contre-vous
6.https://www.contrepoints.org/2018/05/10/315864-tout-ce-que-vous-faites-dites-ou-pensez-aujourdhui-sera-utilise-demain-contre-vous
7.http://www.atlantico.fr/decryptage/futurologue-en-chef-google-annonce-fin-vie-privee-faut-resoudre-fabrice-epelboin-frederic-jutant-906467.html
8.https://www.contrepoints.org/2018/07/15/320277-la-vie-privee-est-menacee-dextinction-dans-notre-monde-numerique
9.http://www.journaldemontreal.com/2017/03/28/big-brother-simmisce-dans-nos-voitures-sinquiete-le-commissaire-a-la-vie-privee
10.http://pulse.edf.com/fr/les-objets-intelligents-deviendront-ils-vivants?
11.Raphaële Karayan: http://lexpansion. lexpress.fr/high-tech/intelligence-artificielle-attention-danger-meme-bill-gates-a-peur_1647411.html?
12.Catherine Gouëset:
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/pour-stephen-hawking-l-intelligence-artificielle-menace-le-genre-humain_1628230.html
13.http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-2953478/12-ways-world-end-likely-causes-Apocalypse-identified-scientists-include-mega-virus-nuclear-holocaust-SUPERVOLCANO.html
14.Fandeloup http://fandeloup.centerblog.net/6531169-les-10-technologies-qui-ne-doivent-jamais-voir-le-jour 14/09/2014
15.http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/2045-l-homme-sera-immortel-147343
16.Chems Eddine Chitour https://www.mondialisation. ca/lintelligence-artificielle-incontrolee-une-arme-qui-pourrait-detruire-lhumanite/5438147
Tags : Nouvel Ordre Mondial, intelligence artificielle
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