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Grèce : Le petit grain de sable qui fait dérailler l’Union Européenne
Après l’annonce du référendum grec, l’Europe a réagi comme un enfant capricieux, faisant fi de tous ses principes. L’Union Européenne se trouve maintenant devant un choix. Ou ses dirigeants politiques reprennent les choses en main et reviennent sur la bonne voie, ou elle explose. Malheureusement, il n’est pas certain que les dirigeants soient capables de prendre les bonnes décisions. RI
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Tyrannie européenne ?
Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différent qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable. Ce geste à provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union Européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.
La déclaration d’Alexis Tsipras
Le texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d’Etat grecque (ERT), est de ce point de vue extrêmement clair :
« Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. (…) Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité »[1].
Ce texte court, empli de gravité et de détermination, entrera vraisemblablement dans l’Histoire. Ce texte est prononcé par un homme jeune, qui a été confronté à la mauvaise fois, aux manipulations, à ce qu’il faut bien appeler toutes les bassesses de la politique, depuis 5 mois. Il dit aussi sa colère, froide et déterminée. Et c’est peut-être là l’échec principal de l’Eurogroupe et des institutions européennes : avoir transformé un partisan de l’Europe en un adversaire résolu des institutions européennes. Tsipras n’était pas il y a cinq mois de cela un opposant à l’idée européenne. Mais, la multiplication des humiliations, des tentatives de coup de force, l’ont obligé à réviser nombre de ses positions, qui pour certaines d’entre-elles relevaient de l’illusion. Tsipras et Varoufakis sont aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Eurogroupe et l’UE non pas de leur fait, mais de celui des « institutions européennes ». Ceci est d’une immense importance pour la suite.
Les leçons de la déclaration de Tsipras
On peut découvrir dans cette courte déclaration trois points importants.
Le premier est que le désaccord entre le gouvernement grec et ses partenaires a été d’emblée politique. La BCE et la Commission Européenne n’ont eu de cesse que de rechercher une capitulation du gouvernement grec, ce que Tsipras appelle «l’humiliation de tout un peuple ». Ce qu’a cherché l’Union Européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est à cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est en fait bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. Il faut ici se souvenir de la déclaration de Jean-Claude Juncker pour qui il ne peut y avoir de choix démocratique allant contre les traités.
Le deuxième point important de cette déclaration est que, pour la première fois un dirigeant légalement élu et en fonction déclare que les institutions européennes font des propositions qui, dans leur fond comme dans leur forme «violent absolument les acquis européens ». C’est une accusation très grave. Elle revient à dire que les institutions européennes qui sont censées être des garants de la démocratie agissent au contraire de celle-ci. Elle revient aussi à dire que ces mêmes institutions, dont la légitimité n’existe que par délégation de la légitimité des Etats membres ont des comportements qui violent la légitimité et la souveraineté de l’un des dits Etats membres. Cela revient donc à dire que les institutions de l’Union Européenne se sont constituées en Tyrannus ab exercitio soit en un pouvoir qui, quoi qu’issu de procédures légitimes, se conduit néanmoins en Tyran. Cela revient à contester radicalement toute légitimité aux instances de l’Union Européenne.
Le troisième point se déduit des deux premiers. Il est contenu dans la partie du texte qui dit : «Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec ». Il place désormais les enjeux non plus au niveau de la dette mais à celui des principes, de la démocratie comme de la souveraineté nationale. Et c’est en cela que l’on peut parler d’un véritable « moment gaullien » chez Alexis Tsipras. Si l’on veut pousser l’analogie historique jusqu’à son terme, alors que Paul Raynaud en 1940 ne soumet pas au Conseil des Ministres la question de « faut-il continuer la guerre », Alexis Tsipras a osé poser la question de l’austérité et du référendum, et a reçu un soutien unanime, y compris des membres de l’ANEL, le petit parti souverainiste allié à SYRIZA. Il s’est ainsi réellement hissé à la stature d’un dirigeant historique de son pays.
La réaction de l’Eurogroupe, qui avait qualifié de nouvelle « triste » (sad) ce référendum[2], confirme bien les options antidémocratiques qui ont cours aujourd’hui au sein de l’Union Européenne. Mais, cette réaction a elle-même était dépassée par une décision d’une importance réellement dramatique.
Le coup de force de l’Eurogroupe et la Tyrannie européenne
La réaction de l’Eurogroupe, qui se réunissait ce samedi à Bruxelles, a en effet consisté en un acte qui conjugue l’illégalité la plus criante avec la volonté d’imposer ses vues à un Etat souverain. En décidant de tenir une réunion en l’absence d’un représentant de l’Etat grec l’Eurogroupe vient de décider d’exclure de fait la Grèce de l’Euro. Ceci constitue à l’évidence un abus de pouvoir. Et il faut ici rappeler plusieurs points qui ne sont pas sans conséquences tant juridiquement que politiquement.
- Aucune procédure permettant d’exclure un pays de l’Union Economique et Monétaire (non réel de la « zone Euro ») n’existe actuellement. S’il peut y avoir une séparation, elle ne peut avoir lieu que d’un commun accord et à l’amiable.
- L’Eurogroupe n’a pas d’existence légale. Ce n’est qu’un « club » qui opère sous couvert de la Commission Européenne et du Conseil européen. Cela signifie que si l’Eurogroupe a commis un acte illégal – et il semble bien qu’il en soit ainsi – la responsabilité en incombe à ces deux institutions. Le gouvernement grec serait donc fondé d’attaquer la Commission et le Conseil à la fois devant la Cour Européenne de Justice mais aussi devant la Cour Internationale siégeant à La Haye. En effet, l’Union Européenne est à la base une organisation internationale. On le constate par exemple dans le statut, et les exemptions fiscales, des fonctionnaires européens. Or, la règle dans toute organisation internationale est celle de l’unanimité. Le traité de Lisbonne a bien prévu des mécanismes de majorité qualifiée, mais ces mécanismes ne s’appliquent pas à l’Euro ni aux questions des relations fondamentales entre les Etats.
- Le coup de force, car il faut l’appeler par son nom, que vient de faire l’Eurogroupe ne concerne pas seulement la Grèce. D’autres pays membres de l’Union Européenne, et l’on pense au Royaume-Uni ou à l’Autriche, pourraient eux-aussi attaquer devant la justice tant européenne qu’internationale la décision de fait prise par l’Eurogroupe. En effet, l’Union Européenne repose sur des règles de droit qui s’appliquent à tous. Toute décision de violer ces règles contre un pays particulier constitue une menace pour l’ensemble des membres de l’Union Européenne.
- Il faut donc ici être clair. La décision prise par l’Eurogroupe pourrait bien signifier, à terme, la mort de l’Union Européenne. Soit les dirigeants européens, mesurant l’abus de pouvoir qui vient d’être commis, se décident à l’annuler soit, s’ils persévèrent dans cette direction ils doivent s’attendre à une insurrection des peuples mais aussi des gouvernants de certains Etats contre l’Union Européenne. On voit ainsi mal comment des Etats qui ont juste recouvré leur souveraineté, comme la Hongrie, la République Tchèque ou la Slovaquie, vont accepter de telles pratiques.
Il est alors symptomatique que la crise induite par un pays ne représentant pas plus de 2% du PIB de l’UE ait pris cette tournure. En fait, cela révèle au grand jour la nature fondamentalement antidémocratique des institutions de l’UE et le fait que cette dernière soit en train de se constituer en Tyrannie.
Le spectre de la démocratie dans les couloirs de Bruxelles
On ne peut, et on ne doit, préjuger du résultat de ce référendum. Il est même possible que, devenu sans objet, il ne se tienne pas. Mais on doit souligner qu’il représente le retour de la démocratie dans un espace européen dont elle était absente. De ce point de vue, l’initiative prise par Alexis Tsipras représentait la dernière chance d’introduire de la démocratie dans le système européen.
Il est aussi probable que les partis d’opposition, que ce soit Nouvelle Démocratie ainsi que le Parti de centre-gauche La Rivière (To Potami) protestent et cherchent à empêcher par divers recours légaux ce référendum d’avoir lieu. On ne peut plus exclure le fait que ces partis, avec l’aide des nervis fascistes d’Aube Dorée, ne tentent de déstabiliser le gouvernement grec. Ces réactions sont exemplaires des comportements antidémocratiques qui s’épanouissent aujourd’hui en Europe. Ils apportent de l’eau au moulin d’Alexis Tsipras. On sent comment les acteurs européistes de ce drame sont aujourd’hui terrorisés par le spectre de la démocratie.
En France même, on ressent très distinctement le malaise que provoque l’initiative d’Alexis Tsipras. Que ce soit au Parti Socialiste ou chez les « Républicains », on ne peut ouvertement s’opposer à une telle décision sans contredire immédiatement et brutalement tous les discours qui ont été tenus sur la démocratie. Mais, en réalité, le référendum grec fait planer le spectre d’un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française, dans sa large majorité, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, de l’UMP au PS, avait été désavouée par la victoire du « Non », mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l’un des épisodes les plus honteux et les plus infamants de la vie politique française. Les acteurs de cette tragique mascarade sont toujours parmi nous. Il y a une continuité de projet, si ce n’est une continuité d’action, entre la décision de ne pas respecter un vote, celui des électeurs français mais aussi néerlandais, et le coup de force inouï de l’exclusion de la Grèce de l’Eurogroupe.
Tsipras ne doit ainsi pas s’attendre à un quelconque soutien de la part de François Hollande, renvoyé sans ménagement à sa propre médiocrité et à ses basses compromissions, ni de celle d’Angela Merkel dont la politique est la véritable cause de cette crise. Mais il peut s’attendre au soutien de tous ceux qui, en Europe, se battent pour la démocratie et la souveraineté.
[1] Traduction de Vassiliki Papadaki, sur le site de SYRIZA-France, http://syriza-fr.org/2015/06/27/allocution-du-premier-ministre-a-tsipras-au-peuple-grec-la-choix-au-peuple-souverain-referendum/
[2] Déclaration du Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, samedi 27 juin, http://www.france24.com/en/20150627-eurogroup-says-sad-greece-referendum-closes-door-talks?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2015-06-27&dlvrit=66745
Jacques Sapir
http://russeurope.hypotheses.org/4019
http://reseauinternational.net/grece-le-petit-grain-de-sable-qui-fait-derailler-lunion-europeenne/
VOIR :
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La proposition de la Troïka et la réponse du gouvernement grec
29.6.2015
La Commission européenne a rendue publique la proposition des institutions, dans l’optique du référendum du dimanche 5 juillet.
En effet, son président Jean-Claude Juncker, renvoie, via Twitter, au communiqué de la
Commission, afin que le peuple grec soit informé avec « une plus grande transparence ».
Voici en détails le communiqué de la Commission européenne au sujet de la Grèce:
« Information de la Commission européenne relative aux dernières propositions dans le cadre des négociations avec la Grèce
Bruxelles, le 28 Juin 2015
Pour l’information du peuple grec et dans un esprit de transparence, la Commission européenne publie ses dernières propositions en accord avec les institutions (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), lesquelles prennent en compte les propositions des autorités grecques des 8, 14, 22 et 25 Juin 2015 ,mais aussi les négociations au niveau politique et technique tout au long de la semaine.
Les discussions sur ces propositions ont continué avec les autorités grecques dans la soirée de vendredi soir en vue de l’Eurogroupe du 27 Juin 2015. Il y a eu une compréhension commune, de la part de toutes les parties concernées, que cette réunion de l’Eurogroupe pouvait permettre d’atteindre un accord global pour la Grèce, qui aurait contenu non seulement des mesures en vue d’un commun accord, mais aurait couvert les besoins futurs de financement ainsi que la viabilité de la dette grecque. Elle comprenait également le soutien d’un paquet pour un nouveau départ pour la croissance et l’emploi à l’initiative de la Commission soutennant la reconstruction et l’investissement dans l’économie réelle, comme cela a été discuté et adopté lors de la réunion du Collège des commissaires le mercredi 24 Juin 2015.
Malgré cela, il n’a pas été possible de finaliser formellement et de présenter à l’Eurogroupe la version finale de ce document, ni le résumé d’un accord global, en raison de la décision unilatérale des autorités grecques d’abandonner la procédure le soir du 26 Juin, 2015″.
La proposition publiée par la Commission européenne (PDF)
De la part du bureau du premier ministre grec : La proposition de la Commission européenne met fin aux arguments des partisans du « oui à tout »
Le texte rendu public la Commission européenne met fin à la para-littérature, comme il met fin aussi aux arguments des partisans du « oui à tout », lesquels affirmaient jusqu’ici qu’il n’y avait pas de texte des institutions, selon des sources gouvernementales.
Comme il est mentionné, dans le texte d’aujourd’hui et celui du 25 juin, posé comme un ultimatum, les institutions exigent, entre autres:
– l’imposition d’une TVA à 23% sur la restauration collective
– l’abolition de la baisse de la TVA dans les îles
– l’application d’une avance d’impôt de 100% sur les sociétés et les travailleurs indépendants
– l’abolition des réductions pour les agriculteurs (pétrole, impôt sur le revenu)
– que soient baissées de 900 millions € (0,5% du PIB) les dépenses de l’aide sociale (subventions, etc.).
– la limitation immédiate des pré-retraites
– l’abolition progressive de la retraite complémentaire.
– l’application complète de la loi de mémorandum 3863/2010 sur la sécurité sociale
– l’application de la clause de déficit zéro et que le financement des caisses complémentaires soit réalisé uniquement par des fonds particuliers
– l’abolition de toutes les participations en faveur de tiers qui financent les caisses de sécurité sociale, qui a pour conséquence une baisse de leurs recettes de plus de 700 millions €
– l’augmentation des prélèvements pour soins de santé sur les pensions de 4% à 6%
– le gel des retraites jusqu’en 2021
– une législation sur les licenciements collectifs et la non-réintroduction des conventions collectives, si les institutions ne le permettent pas
-la diminution à 1500€ du montant des dépôts non saisissable
– l’augmentation du taux en vigueur pour le règlement des dettes
– la réduction des salaires dans le secteur public
– la mise en oeuvre complète des boîtes à outils de l’OCDE (lait, pain, pâtisseries, dimanches, …)
– (des coupes écrasantes dans les pharmacies grecques) Un coup important contre les médicaments grecs
– la poursuite de la privatisation du secteur de l’éléctricité.
-la vente des actions de l’OTE(Compagnie du téléphone) détenues par l’État
– la non-application d’une taxe spéciale de 12% sur les bénéfices supérieurs de 500.000 pour l’exercice 2014
– le non-retour des cotisations sociales patronales au niveau de l’année 2014
Tout ceci constitue un ensemble de propositions qui s’inscrivent dans la conception du Fonds monétaire international, qui ont été posées comme ultimatum à la Grèce, ce qui ressort aussi de l’Eurogroupe, rapporte Mégaro Maximou* qui ajoute: la seule différence concerne la TVA sur les hôtels dont le taux, dans le texte actuel posté sur le site Web de la Commission européenne, est passé de 13% à 23% pour le 25 Juin
Mégaro Maximou= résidence officielle et bureau du Premier ministre
http://syriza-fr.org/2015/06/29/la-proposition-de-la-troika-et-la-reponse-du-gouvernement-grec/
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Qui a peur des référendums ?
Démocratie, Souveraineté
Laissons passer les commentaires plus ou moins officiels sur la Grèce et sur les conséquences de la décision du gouvernement d’Athènes d’organiser un référendum. Non pas que la question soit sans intérêt, mais ces communiqués s’apparentent trop à de la propagande. Il est donc nécessaire de prendre du recul.
En fait, depuis plus d’une décennie, les instances européennes et le FMI mènent un coup d’État permanent contre la démocratie et, conséquemment, contre la souveraineté nationale et populaire. Ce fut le non-respect des volontés des Français et des Néerlandais, puis des Irlandais lors des référendums de 2005. Ce furent les déclarations de Jean-Claude Junker considérant qu’il n’y avait pas de démocratie contre les traités. C’est maintenant l’offensive contre le gouvernement grec.
L’Union européenne et ses institutions montrent enfin leur vrai visage. Le roi est nu et personne ne peut désormais feindre d’ignorer ce que chacun sait depuis plusieurs années : ceux qui osent encore se prétendre nos représentants vouent en réalité une hostilité épidermique à l’idée même de démocratie. Lorsqu’elle est convoquée par les élites politico-médiatiques sous une autre forme que la masse bêlante de l’électorat ou l’icône consensuelle de l’opinion, la figure du peuple est invariablement représentée comme une foule irrationnelle et dangereuse, instinctivement rétive aux politiques « douloureuses mais réalistes » menées par les gouvernants.
Toutefois, il ne faut pas se méprendre sur le sens de cette défiance et ce mépris. Si les dirigeants politiques et autres éditocrates ne prennent même plus la peine de les dissimuler, c’est qu’ils trahissent désormais bien plus que leur inépuisable fatuité. C’est en vérité une peur panique qui a saisi nos élites. Non point la peur des débordements violents et autres mouvements d’humeur d’un peuple ignorant mais, bien au contraire, la peur de voir le plus grand nombre prendre conscience de leur parfaite incompétence… et en tirer toutes les conséquences.
Cela fait maintenant des années que le niveau de compréhension du monde et de volontarisme politique du citoyen concerné excède de loin celui du politicien ou du scriptomane moyen. Des années que nous disposons de toutes les ressources intellectuelles, économiques et culturelles pour faire société sans céder aux diktats d’un minuscule aéropage de technocrates, d’experts autoproclamés et de financiers dont la puissance ne tient qu’à notre aveuglement. Voilà ce qui, en dernière analyse, terrifie nos contempteurs de l’exercice référendaire : qu’après avoir démasqué l’imposture parasitaire des classes dirigeantes et pris conscience de l’inépuisable ressource de la coopération, le citoyen, encore tout étonné de sa puissance, soit désormais au seuil de réaffirmer sa souveraineté dans toute sa plénitude. En un mot, que la démocratie cesse d’être un slogan pour devenir enfin une réalité.
Ainsi, au-delà de toute autre considération, le soutien au peuple grec se confond avec la défense de la démocratie, avec le respect des principes humanistes dont la France fut autrefois porteuse par la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le combat des grecs est aussi celui des républicains français.
http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1074
Référendum Grec : nouveau moment totalitaire de Sarkozy et Juncker
Posted: 29 Jun 2015 10:55
Apprentis autocrates critiquent méchants Grecs
L’UE est bien un projet autoritaire
Hervé Nathan, de Marianne, a souligné que « quand l’oligarchie européenne n’aimait pas le résultat d’une consultation électorale, elle faisait revoter le peuple. Ou bien, pour le contourner, se tourner vers les élus plus dociles et conciliants. Désormais, quand est prononcé le mot ‘référendum’, c’est tout un pays qui est exclu ». La seule chose qu’ils réussiront à faire, c’est faire détester l’Europe et accélérer le renvoi de ces dirigeants qui soutiennent ces politiques. Régis Soubrouillard, toujours dans Marianne, a dénoncé « les éditorialistes de la presse parisienne sont tous d’accord pour dire que la Grèce n’a qu’une voie pour s’en sortir : celle de la soumission, bien évidemment ».
Le seul avantage de cette séquence, c’est qu’elle devrait pousser les Grecs à voter contre le plan proposé par la troïka, alors qu’à l’origine, une majorité voulait voter « oui », car, comme le dit Panagiotis Grigoriou, « voter ‘non’ est désormais une question de dignité ».
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La sortie de l’euro, c’est possible, et pas difficile…
Posted: 29 Jun 2015 10:50
C’est aujourd’hui la dernière ligne de défense des partisans de l’euro : la fin de la tour de Babel monétaire édifiée à Maastricht provoquerait un cataclysme économique. Pourtant, d’innombrables économistes, dont des prix Nobel, affirment le contraire, comme Jonathan Tepper dans une étude passionnante.
La peur, dernier rempart de défense de l’euro
Il est proprement incroyable d’écouter les éditorialistes ou les politiques évoquer une sortie de la monnaie unique. Au Grand Journal, Nicolas Dupont-Aignan a eu droit à une mise en scène scandaleuse où l’image passait en noir et blanc, histoire de bien signifier que cela serait « passéiste ». D’autres vous regardent comme si vous étiez à moitié fou et n’hésitent pas à prendre à témoin le monde des économistes, pour qui les conséquences seraient catastrophiques.
Pourtant, une étude sérieuse démontre que cela est faux. Si on ne peut nier que des économistes sont partisans de la monnaie unique, les critiques de l’euro présentent des rangs suffisamment prestigieux, divers et nombreux pour mériter un vrai débat de fond. Pas moins de quatre « prix Nobel » (Krugman, Stiglitz, Sen, Allais), des dizaines d’autres, de tous les bords (libéraux – Gréau - ou progressistes – Sapir, Lordon) dont quelques uns prophétiques (Lafay, Cotta, Rosa, Todd).
D’ailleurs les partisans de l’euro ont trouvé en Marine Le Pen l’avocate idéale de la sortie de l’euro. Ses approximations et son manque impressionnant de culture économique en font une adversaire facile à tourner en dérision tant il est facile de la mettre en difficulté. Tout ceci contribue malheureusement à la stagnation de l’idée de la sortie de l’euro malgré les carences toujours plus évidentes de la monnaie unique, qui pousse l’Europe dans la dépression.
Les unions monétaires finissent bien
Bien sûr, une majorité de ces sorties correspondent à la décolonisation, mais d’autres cas se rapprochent davantage de la zone euro : la fin de l’Empire Austro-Hongrois en 1919, la séparation de l’Inde et du Pakistan en 1947, celle du Pakistan et du Bangladesh en 1971, la séparation de la Tchécoslovaquie ou de l’ancienne URSS en 1992, ou enfin l’Argentine en 2002. Mieux, dans le cas de la zone euro, il s’agit de revenir à une situation existante auparavant, ce qui est plus simple.
Pour l’auteur, l’histoire nous donne des réponses à toutes les questions relatives à la fin d’une union monétaire. Le processus pratique est bien connu : surimpression des anciens billets et remplacement par de nouveaux, contrôle des capitaux. Il souligne que « dans presque tous les cas, la transition a été douce », même s’il y a une restructuration des dettes. Pour lui « la sortie est l’outil le plus puissant pour rééquilibrer l’Europe et créer de la croissance ».
Selon l’auteur, les pays du Sud sont déjà condamnés du fait de leur endettement et de leur perte de compétitivité. Et il souligne que le défaut est une solution partielle : il faut corriger la surévaluation de la monnaie car l’euro fait peser l’ajustement sur les plus faibles. Et même s’il y a un défaut, l’expérience montre que « les inconvénients de la dévaluation sont brefs et qu’une croissance rapide suivrait » évoquant la crise des pays émergents en 1997-1998 ou l’Argentine.
De la banalité de la sortie d’une union monétaire
L’auteur cite également l’économiste Andrew Rose, professeur à Berkley, qui a étudié une base de données de 130 pays de 1946 à 2005 et pour « le plus frappant, c’est qu’il y a remarquablement peu de mouvements économiques au moment de la dissolution d’une union monétaire ». Selon Volker Nitsch, de l’université de Berlin, « historiquement, les dissolutions d’unions monétaires ne sont pas inhabituelles » et il chiffre le nombre d’unions dissoutes à 128 de 1948 à 1997.
Deux économistes de Princeton, Peter Garber et Michael Spencer, qui ont étudié spécifiquement le cas austro-hongrois, soutiennent que « en conclusion, la plupart des sorties d’une union monétaire n’ont provoqué qu’une faible volatilité économique, que leurs dissolutions sont fréquentes et qu’elles peuvent être réalisées rapidement, contrairement à ce qui est avancé par certains ». Le Pakistan et le Bangladesh ont mis fin à leur union monétaire aisément en pleine guerre civile !
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Le niveau inouï de violence démontré par la troïka envers le gouvernement grec atteint aujourd'hui des sommets exceptionnels.
En effet, l'Eurogroupe, une espèce d'institution informelle qui a encore moins de légitimité démocratique que ladite troïka a exclu manu militari les négociateurs grecs des négociations samedi dernier, la date du 27 juin 2015 sera une autre date à marquer du sceau de l'ignominie pour l'oligarchie au pouvoir.
La raison pour laquelle ils furent exclus est liée à la stratégie de Tsipras de demander au peuple grec de décider si oui ou non il accepte l'ultimatum de la troïka.
Rappelons la phrase maintenant célèbre de Junker The Drunker :
« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Tout est dit, il faut absolument aujourd'hui soutenir le peuple grec brillamment défendu par son gouvernement pour qui la démocratie n'est pas un mot vide de sens, lorsque d'autres l'utilisent pour justifier des frappes aériennes !
Comme le résume très bien Jacques Sapir, Tsipras se bat avec :
"Le courage d’Achille et la ruse d’Ulysse"
JE SUIS LA GRECE
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Grèce: Les jours prochains seront riches de montagnes russes (et chinoises)
Sans être aucunement un Cassandre et un oiseau de mauvais augure, jamais les risques n’avaient été à ce point de rupture sur ce continent. Bourse, Euro et obligations font face aussi à d’autres périls en vue. Podemos en Espagne d’ici la fin de l’Année, l’Italie surtout, prochaine sur la liste à vouloir, eux, carrément sortir de l’Euro et de l’Europe. En Ukraine, la reprise exacerbée des combats et aussi un défaut massif auraient une influence dévastatrice sur les marchés financiers. Un référendum britannique sur une sortie de l’Europe en 2016 va nous apporter du piment. Bref comme dirait Chirac, les emmerdements ça vole en escadrille, ça se vérifie une fois de plus. - See more at: http://www.oulala.info/2015/06/europe-2015-lannee-de-tous-les-dangers/#sthash.WjU8GRlf.dpuf
Sans être aucunement un Cassandre et un oiseau de mauvais augure, jamais les risques n’avaient été à ce point de rupture sur ce continent. Bourse, Euro et obligations font face aussi à d’autres périls en vue. Podemos en Espagne d’ici la fin de l’Année, l’Italie surtout, prochaine sur la liste à vouloir, eux, carrément sortir de l’Euro et de l’Europe. En Ukraine, la reprise exacerbée des combats et aussi un défaut massif auraient une influence dévastatrice sur les marchés financiers. Un référendum britannique sur une sortie de l’Europe en 2016 va nous apporter du piment. Bref comme dirait Chirac, les emmerdements ça vole en escadrille, ça se vérifie une fois de plus. - See more at: http://www.oulala.info/2015/06/europe-2015-lannee-de-tous-les-dangers/#sthash.WjU8GRlf.dpuf (..
Non pas l'Europe mais les usuriers du peuple élu qui se sont drapés
dans un étendard étoilé sur fond bleu...