Trois millions de signatures ont été récoltées par une pétition réclamant l'arrêt des négociations du Traité Transatlantique, qui sera remise demain à Bruxelles. Susan George, Présidente d'honneur d'Attac et membre du collectif Stop-TTIP répond à RT
Susan George est une écrivaine franco-américaine, Présidente d'honneur de l'organisation alter-mondialiste Attac. Elle est l'auteure de nombreux ouvrages sur la mondialisation comme «Cette fois, en finir avec la démocratie» : Le Rapport Lugano II (2012) et Les Usurpateurs, comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir (2014).RT France : Tout d'abord, pouvez-vous nous expliquer les raisons pour lesquelles vous êtes opposée au TTIP ?
Susan George : Ce traité a été préparé de longue date par des organisations transnationales de part et d'autre de l'Atlantique. 70 multinationales se sont réunies en 1995 et ont été soutenues par la Commission et la Direction du Commerce Européen d'un côté, et par le Département du Commerce des États-Unis de l'autre afin de développer leurs projets. De fil en aiguille, ces réunions informelles sont devenues des institutions officielles, comme le Conseil Économique Transatlantique, afin d'imposer leurs exigences, notamment dans le domaine agricole, afin de faciliter l'entrée de produits américains dans l'Union Européenne en abaissant les barrières douanières.
Troisièmement, il y a le problème du tribunal d'arbitrage, indépendant des gouvernements et qui pourra sanctionner les Etats qui adopteront des législations qui pourraient entraver les profits des profits des industriels comme l'interdiction des OGM ou encore de l'exploitation du gaz de schiste. Ceci est une attaque directe contre la démocratie.
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RT France : En 2014 votre collectif avait déjà essayé de faire passer une Initiative Citoyenne Européenne pour dénoncer ce traité, comment a-t-elle été reçue ?
Susan George : Nous avions effectivement fait une demande en bonne et due forme rédigée par des avocats allemands qui nous avaient assuré qu'il n'y avait aucun problème juridique. Mais la Commission Européenne nous en a refusé l'enregistrement pour des motifs relativement abscons. Nous avons donc décidé de nous auto-organiser et de faire cette pétition nous-même, tout en suivant les critères légaux de l'Initiative Citoyenne. C'est à dire réunir en un an, ce qui se termine ce soir à minuit, 1 million de signatures provenant d'au moins 7 pays de l'Union Européenne qui ont atteint leur quota officiel.
RT France : Votre initiative se déroulant en dehors du cadre légal européen, pensez-vous pouvoir obtenir un résultat malgré le nombre important de signatures récoltées ?
Susan George : J'espère que la Commission, si elle a le moindre regard pour la démocratie (ce qui est de moins en moins certain) organisera ce qu'elle aurait déjà du faire, c'est à dire un débat parlementaire ainsi que des auditions, avec que la voix des citoyens soit entendue sur ce sujet. Nous avons dépassé le nécessaire légal de signatures de trois fois, ce qui représente la plus grande Initiative Citoyenne Européenne jamais réalisée. Nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin et poursuivrons nos activités contre la ratification de ce traité avec ce collectif.
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